Les Sousous dans la popoche — SAISON 2

Jean MOREAU
5 min readMay 12, 2020

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S2E01 : ​A propos du Corporate Venture : le cas PHENIX x DANONE

Cette longue période de confinement me donne l’occasion de reprendre la plume pour poursuivre cette série de posts et vous partager la suite de notre retour d’expérience sur l’épineux sujet des levées de fonds dans les start-ups à impact.

Et ce d’autant plus que le capital de Phenix a de nouveau évolué récemment, avec l’entrée de Danone Manifesto Ventures en février dernier.

La Saison 1 évoquait le cycle du Venture Capital (“VC”) traditionnel, et notre vécu en la matière. Plongeons pour cette Saison 2 dans le monde merveilleux du Corporate Venture Capital (“CVC”).

Mais au fait, c’est quoi le Corporate Venture ?

Les fonds de Corporate Venture sont des structures filiales de grands groupes industriels ou de services, investissant en fonds propres dans des start-ups ou des PME innovantes via des prises de participation minoritaires. Le Corporate Venture Capital se démarque en cela du Venture Capital traditionnel qui repose lui sur des levées de fonds auprès de Limited Partners (“LPs”) à travers des sociétés financières indépendantes.

A noter : ce n’est pas un phénomène nouveau mais la tendance a pris une autre dimension ces dernières années, comme le fait remarquer La Tribune :

“Qui n’a pas son fonds de « corporate venture » ? Avoir sa propre structure de capital-risque pour investir directement dans des startups est devenu incontournable chez les grands groupes français, dans leur stratégie d’open innovation et de veille concurrentielle et technologique. Le CVC n’est pas un phénomène nouveau, mais il a pris une énorme ampleur ces dix dernières années avec l’accélération du rythme des innovations et l’arrivée de nouveaux entrants et technologies bousculant tous les secteurs. Au point que les fonds corporate sont devenus un maillon indispensable de la chaîne de financement dans l’écosystème de startups dans le monde en général et en Europe en particulier.”

Le CVC, une tendance de fonds : plus de 40 grandes entreprises française ont désormais leur “corporate venture” (Source : La Tribune, 14/06/2019)

Pourquoi a-t-on décidé d’y avoir recours ?

J’ai reçu les appels de plusieurs d’entre vous pour connaître les détails et les coulisses du deal Phenix <> Danone, donc permettez-moi tout d’abord de revenir sur le Why, le “rationale” : pourquoi avons-nous fait ce choix-là ? Et pourquoi Danone ?

Élément de contexte : l’investissement de Danone est intervenu moins de 18 mois après notre Série B de 15 millions d’euros, donc autant dire que nous n’avions pas un besoin impérieux de liquidités, et que ce n’est pas cela qui a constitué le socle de notre motivation (même si avec le recul et en pleine tempête COVID-19 on se porte mieux avec que sans… 😅).

Au-delà de cet apport en numéraire lié à la prise de participation minoritaire, il s’agissait surtout à nos yeux d’une alliance stratégique pour :

  • S’appuyer sur une entreprise de renom aux marques iconiques et qui sera un partenaire de référence pour soutenir notre déploiement européen, avec qui nous voulons conduire un mouvement visant à changer les habitudes de consommation et réduire le gaspillage tout au long de la chaîne, du producteur au consommateur,
  • Permettre d’accélérer notre stratégie de recentrage sur la food, et de remonter la chaîne de valeur d’un cran en amont de la Grande Distribution, en envoyant un signal fort à tous les acteurs de l’agroalimentaire, pour faire avancer les marques grande conso vers le Zéro Déchet Alimentaire,
  • Danone Manifesto Ventures a investi avant nous dans des boîtes assez chouettes et visionnaires, pour inventer le modèle alimentaire de demain, plus respectueux de son environnement et plus juste, parmi lesquelles Michel et Augustin, Yooji et Agricool en France, Epigamia en Inde. Forager Project, Harmless Harvest, Farmer’s Fridge, Sustainable Bioproducts aux Etats-Unis. Nous sommes fiers de rejoindre cette belle dynamique de consommation responsable.
Future of Food is here ! ; )
Découvrez l’avenir de la consommation responsable : NOUS antigaspi !

• Evidemment assurer aussi des volumes de produits significatifs pour nos associations caritatives partenaires, et devenir progressivement l’opérateur antigaspi et solidaire de référence pour les différentes Business Units du groupe,

• Nous permettre de raccourcir les phases de « go-to-market » de nos produits et services, en disposant d’un terrain de jeu inégalable pour beta-tester des solutions, enjeu primordial dans un univers où la vitesse d’exécution reste un facteur déterminant.

Exemple de test : de délicieux produits en fin de vie à prix mini en DtoC sur notre appli antigaspi !

• Nous aider enfin à ancrer davantage la marque Phenix auprès du grand public et faire de belles opérations communes sur notre application antigaspi, en nous appuyant sur les expertises, savoir-faire et ressources du groupe en marketing, communication et influence.

“Meuh !”

Synergies métiers, international, branding et marketing, stratégie d’innovations : voilà en quelques lignes les raisons qui ont dicté notre choix avec Baptiste Corval, et les apports que n’auraient pas pu fournir un investisseur traditionnel.
Alors, convaincus ? N’hésitez pas à partager vos avis en commentaires.

[*Spoiler épisode 2 : avec quelques mois de recul, voit-on une différence entre un fonds de Venture Capital classique, un fonds d’impact investing et un fonds de Corporate Venture comme DMV ?*]

L’article vous a été utile ? Vous pouvez retrouver la saison 1 ici :

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Jean MOREAU

Co-founder @phenixfr 🖥📱🛒♻️ Co-President @TechForGoodFrance, Board Member @BCorp_fr, Member @TheGalionProject, Impact investor @50Partners & @RAISE_France