Au coeur du réacteur : deux start-ups fusionnent

Marc Tessier
6 min readMar 19, 2018

En sortant d’un café, un bel après-midi ensoleillé, sous les platanes de la place de la République, j’écrivais à mon associé le SMS que nous avons tous, parmi les fondateurs, senti comme un moment pivotal de notre projet et de notre vie.

C’était quelques mois après le début du décollage vertigineux de Gofer . Nous avions opéré un pivot en début d’année qui se révélait être le bon “product-market fit”. Avec une croissance énorme, nous avions besoin de structurer notre partie technique et, bien que nous ayons Nicolas, très bon chef produit, dans l’équipe fondatrice, nous n’avions pas de directeur technique à proprement parler. Nos développements n’étaient pas encore aussi agiles que nous le voulions.

Pour entamer notre recherche, nous avons accentué notre communication personnelle sur notre cause : fluidifier l’emploi en mettant l’accent sur la confiance entre ceux qui vont travailler ensemble. Pour nous, le plus important, c’est que chaque action de notre projet, chaque participant, s’inscrive dans cette cause. C’est ce qui m’aide à me lever le matin, même si la journée (la semaine ? le mois ?) s’annonce très dure : participer à quelque chose qui me dépasse — chaque jour est une avancée pour notre cause.

Et là, nous avons activé notre réseau. Ouvert les vannes.

Quelques semaines après avoir entamé notre recherche, j’ai reçu un mail d’Aymeric, fondateur et directeur technique d’Instantjob, me challengeant sur mon business model. Ma première pensée : “Mais que veut-il….” C’est dans des moments comme cela que je crois au pouvoir de la sérendipité : dès qu’on met les tripes dans son projet, l’univers se débrouille pour mettre les choses en place. Cela avait déjà été le cas lorsque nous avons décidé de travailler avec Isabel, notre superstar du marketing digital, ancienne cliente de Gofer et ex-CEO de Cuizeen, que nous avons croisée la semaine où nous commencions les recherches d’un.e Chief Marketing Officer. Elle entamait aussi la recherche d’un nouveau projet entrepreneurial axé sur l’humain dans le secteur CHR.

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Quelques mails plus tard, nous voici attablés dans un café, ce fameux après-midi ensoleillé, à nous rendre compte, Aymeric et moi, qu’il y a, d’une part, une très bonne complémentarité technique et business à nos entreprises (eux la planification du travail temporaire, nous la gestion administrative et la mise en relation) et, d’autre part, une telle convergence humaine que nous devions creuser le sujet d’une collaboration. Confiance, ambition, humilité, pragmatisme, service client. Mon “gut feeling” passa dans mon texto à Nicolas : “Wooooohoooooo!!!!” (je vous la fais courte, il me semble qu’il y avait plusieurs dizaines de “o”).

C’est là que le gros du travail commence. L’univers a ouvert une porte, à nous de la franchir et de faire marcher tout cela.

Il y a déjà énormément de billets sur comment réussir son association, je veux retranscrire ici comment la fusion de nos deux projets s’est dotée — à notre sens — de bases solides.

L’alignement de la mission et des valeurs

Ce titre peut ressembler à tous les discours pompeux de présidents de grand groupe. Mais il est juste fondamental pour un projet de start-up. Par exemple, un désaccord sur l’une des valeurs du projet sera plus sûr de déchirer les fondateurs qu’un désaccord technique. Aussi, nous partons du principe que deux personnes travaillant vers le même but, la même mission, ne sont pas concurrentes si elles portent des valeurs similaires : elles font partie de la même tribu.

De fait, Instantjob et Gofer partagent la même mission : fluidifier le travail temporaire de façon responsable envers l’être humain.

Nous partageons aussi les mêmes valeurs : la confiance dans les relations de travail même de courte durée, l’humain au centre de l’expérience, la communauté comme pilier de progrès social, la liberté la plus totale (statut juridique, rémunération, matching).

La vision

Fusionner deux entités, c’est la rencontre de deux équipes. Avec Instantjob et Gofer, les équipes n’étaient pas encore bien grandes ! Mais quand même. Une fois qu’on est aligné sur le “why”, encore faut-il s’aligner sur le “what”. A quoi ressemble le service issu de la fusion ?

© Simon Sinek https://startwithwhy.com/

Alors que certains préfèrent laisser cohabiter deux marques dans une seule société , nous avons élu de nous focaliser sur un seul service. D’un côté, une start-up qui excelle à connecter établissements hôteliers et extras et créer des relations de confiance, même pour des relations de travail de très courte durée. De l’autre, une start-up qui sait améliorer la communication entre une entreprise et son personnel temporaire. Du planning et de la communication pour une relation pérenne et plus transparente.

Imaginez donc la jonction de ces deux start-up ! La planification et le sourcing en un seul outil. L’agenda du futur !

Parce que planification et sourcing de confiance peuvent se révéler être des compagnons redoutables pour faire gagner un temps précieux aux opérationnels tout comme aux responsables de ressources humaines, et pour réduire les coûts dûs à une mauvaise planification des équipes.

Minority Report © Twentieth Century Fox

Et puisqu’on en est à rêver, rajoutons la gestion complète de l’aspect administratif. Bref, aucune autre préoccupation que de se concentrer sur les êtres humains et le travail lui-même.

La complémentarité

Du point de vue des talents aussi, la logique s’imposait : j’ai la capacité commerciale, Nicolas la capacité opérationnelle et produit, Isabel la capacité marketing et communication, Aymeric la capacité technique. Carré, parfait. Etape suivante.

Aymeric apporte la jeunesse entrepreneuriale et Nicolas, Isabel et moi une maturité managériale et business.

Nous allions l’agilité et l’expérience : c’est “l’arme fatale” pour une start-up !

L’une des choses qui m’a surpris et beaucoup plu chez Aymeric, c’est son extraordinaire maturité et capacité à la remise en question, même au sein de ses certitudes les plus ancrées.

La communication

Et puis un jour, Aymeric était dans “nos” locaux. Il a fallu apprendre à communiquer, car nos choix techniques, notre façon de travailler, notre organisation, etc, n’étaient pas forcément ceux qu’il aurait mis en place s’il avait été là au début . Il est extrêmement compliqué d’intégrer une structure qui a déjà pris ses marques, a instauré des processus, surtout quand on a un rôle si stratégique. Il faut se mettre à la place de l’autre, un grand exercice d’écoute et d’empathie des deux côtés.

Un grand merci à toute la tribu Officare pour le soutien pendant ces jours là et les outils de communication, la structure de bienveillance et d’exigence que nous avons très vite réussi à mettre en place.

Rien de tel, du coup, que les fuck-you meeting pour un maximum de transparence dans nos relations et notre communication… Et les coups de bourre pour savoir qu’on est là l’un pour l’autre, pour le meilleur et pour le pire.

Photo by Asif Aman on Unsplash

Et le juridique dans tout ça ?… Une fois qu’on sait où on va, les papiers suivent. C’est loin d’être le plus compliqué. Nous avons été bien accompagnés et tout est tombé en place. Cela coûte un peu d’argent (et beaucoup de temps !), mais ce n’est rien, ni par rapport à la valeur créée par le business, ni par rapport à la valeur de l’équipe qui en est sortie.

Nous sommes aujourd’hui clairement plus que la somme des parties.

En bref, nous cherchions un lead dev et nous avons trouvé non seulement un ami, mais aussi le moyen de monter la plateforme de travail à la demande dont rêvent tous les professionnels de l’hôtellerie-restauration.

Nous aussi, nous sommes nés dans les années 80 (!)

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à me contacter ou prendre rendez-vous avec notre service commercial .

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Marc Tessier

Entrepreneur/Husband/Father/NotInThatOrder, Cofounder of Gofer. Passionate about social justice, equality, work on demand and music.