Sois parfait.e (le syndrome du Saumon)
Tu souffres d’insatisfaction chronique, tu t’en demandes beaucoup et tu es tout aussi exigeant.e avec ton entourage, tu crains l’échec (plutôt mourir !). Pire, le jugement d’autrui et la critique te font paniquer (plutôt sauter du 9ème étage). Tu as parfois tendance à procrastiner par peur de mal faire ? Tu es angoissé.e, stressé.e, tendu.e comme un crampe, tellement que ça se voit sur ton visage (lèvres pincées, yeux exorbités…) ? Le résultat ? Tu es fatigué.e, inflexible, rigide, même (un vrai saumon !).
Tu deviens maniaque et tu développes même des troubles du comportement (tu t’arraches littéralement les cheveux). Tu es peut-être contaminé.e par une voix qui te parle et qui t’empêche d’être toi-même… La bonne nouvelle ? Il existe un antidote pour profiter pleinement de tes grandes qualités de précision et d’organisation.
Un syndrome de société
Dans les épisodes précédents du syndrome du Saumon, cette affection qui contamine une grande partie de la population, je t’ai expliqué que nager à contre-courant implique une perte de sens totale dans ta vie. Ce phénomène t’empêche de te comporter en accord avec ta vraie nature et tu te sens frustré.e, paumé.e, en colère, triste, voire déprimé.e. Dans ces articles, je t’ai expliqué comment retrouver le sens du courant en étant particulièrement attentif.ve à ton niveau d’énergie et à ta zone de flow.
Mais comment en es-tu arrivé.e là ? À faire, à dire, à te comporter comme quelqu’un que tu n’es pas au fond de toi ?
Tu as peut-être laissé trop de place aux voix que tu as dans la tête et qui te poussent à faire exactement tout ce que tu crois qu’on attend de toi. Le résultat: tu t’es perdu.e en chemin. Aujourd’hui, nous faisons la rencontre d’une voix qui pèse lourd sur tes épaules, la voix qui te dit qu’il faut que tu « sois parfait.e ».
Sois Parfait.e (et encore plus !)
Une voix dans ta tête te dit qu’il est important d’être et de tout faire p-a-r-f-a-i-t-e-m-e-n-t ?
- Il ne faut rien laisser au hasard
- Il faut voir tout dans les détails
- Tu peux mieux faire
- Si c’est pour faire une chose à moitié, mieux vaut ne rien faire
- C’est bien mais…
- Il faut viser le haut du podium
- Il faut être la.le premier.ère
Si tu te reconnais dans ces affirmations, tu es contaminé.e par la voix du « sois parfait.e » qui t’accable de culpabilité, de stress et d’angoisse. Le point positif ? C’est également la source de grandes qualités telles que ta minutie et ta rigueur dans toutes les tâches que tu entreprends.
L’origine de cette voix
La voix a pris naissance durant ton enfance.
Peut-être que tes parents étaient particulièrement exigeant.e.s avec toi et s’assuraient que tu sois toujours premier.ère de classe.
Peut-être qu’ils ne s’intéressaient à toi que quand tu ramenais de bonnes notes, et si tu avais un 9/10, ils te disaient quelque chose du style, « il y en a qui ont eu 10 ? ».
Peut-être qu’ils ne mettaient l’accent que sur tes faiblesses, ne reconnaissaient pas tes réussites, ne te félicitaient jamais.
Tu rangeais ta chambre ? Ils te répondaient : « il reste un jouet qui traîne ici ». Tu faisais tes devoirs ? Ils te signalaient la seule petite erreur qu’ils voyaient dans ton carnet.
Désormais, cette voix est incrustée dans ta tête, tu n’arrives même plus à te rendre compte que ce n’est qu’une chimère qui te hante et te rend la vie impossible. La voix du « sois parfait.e » implique que, à l’image de ce que tes parents exigeaient de toi, tu t’en demandes énormément.
Tu es aussi sévère avec toi qu’avec les autres, toute cette pression pèse extrêmement lourd sur tes épaules et tape sur le système de ton entourage car tu es fatigué.e et fatiguant.e.
Heureusement, il y a un remède pour faire taire cette voix récalcitrante.
Les côtés positifs du « sois parfait.e »
Quand tu n’es pas (trop) stressé.e, tu développes de grandes capacités d’organisation et de logique. Tu aimes prendre des responsabilités et on peut compter sur toi. Tu vas fournir un travail de grande qualité et tu es très doué.e pour tout vérifier dans le détail.
Jusqu’ici, tout va bien… mais…. tu peux rapidement sombrer dans l’anxiété à cause de cette voix qui te murmure en permanence que tu pourrais … faire mieux !
Des conséquences pesantes pour toi et ton entourage
Si tu es soumis au message de la voix du « sois parfait.e », les émotions qui te dominent sont l’anxiété, le stress et la culpabilité. Normal, puisque tout pourrait être encore mieux ! Heureusement, il existe un antidote pour diminuer les impacts négatifs de cette voix machiavélique.
Tu es un.e éternel insatisfait.e, tu aspires à mieux, à plus, tu n’arrives pas à te satisfaire de tes réussites (et ce, dans tous les domaines de ta vie), tu te concentres sur ce qui ne va pas, tu ne reconnais jamais tes performances ou tes résultats, qui pourraient être meilleurs.
Tu perds peu à peu confiance en toi, ce que tu cherches par-dessus tout, c’est d’être reconnu.e. Tu deviens donc perfectionniste à outrance et tu as extrêmement peur du jugement, que tu vis comme un coup de poignard en plein cœur. Tu es terriblement sensible à la critique et aux remarques car elles te touchent personnellement, dans ton être. Puisque tu mets tant d’énergie à ce que tout soit parfait, tu ne supportes pas qu’on mette le doigt sur tes défauts ou tes erreurs, cela te met dans une rage noire, dans une détresse sans nom, tu te désintègres face à la critique.
Tu te fatigues tout.e seul.e, tu ne veux pas déléguer, tu ne fais pas confiance aux autres, tu as peur de perdre le contrôle sur les événements, tu dépenses beaucoup d’énergie à imaginer tous les scénarios pour faire LE bon choix.
Tu pompes l’air de ton entourage, tu te transformes en maniaque du contrôle, tu ne fais confiance à personne d’autre pour réaliser une tâche (importante ou non) et tu souffres d’une grande rigidité (qui peut même se refléter physiquement, tu as les lèvres pincées, tu te tiens bien droit, tu t’habilles de façon impeccable, tu veux avoir l’air… parfait.e). Tu es aussi exigeant.e avec ton entourage qu’avec toi-même et ça fait peur, ça agace, c’est stressant.
Tu es souvent à la limite du pétage de plombs, du burn-out, tu es très angoissé.e et tu as même tendance à communiquer cette tension à tes collègues, famille et ami.e.s. Un petit détail peut te faire exploser/imploser car l’impression de perdre le contrôle d’une situation t’es insupportable.
Comment la faire taire
- Il est temps de te détendre !
La première étape pour atténuer les effets négatifs de cette voix est de te donner la permission d’être humain.e et, donc, imparfait.e. Tu as donc « droit à l’erreur ». Evidemment, ta voix du « sois parfait.e » ne va pas se laisser duper si facilement, il va donc falloir littéralement reprogrammer ton cerveau en lui envoyant régulièrement ce genre de message antidote.
2. Il est temps d’être réaliste !
Le résultat ne peut pas toujours être aussi parfait que ce que tu avais imaginé. Dans ce monde de matière, il est bien plus difficile de concrétiser des projets de façon aussi utopique que dans ton idéal. « Sois réaliste », la réalité est une donnée essentielle dont tu dois tenir compte pour pouvoir t’adapter. Cela signifie :
- connaître et respecter tes limites et celles des autres,
- connaître les possibilités réelles pour mener un projet dans un temps donné,
- accepter de rendre un travail qui ne soit pas truffé d’autant de détails que ce que tu aurais souhaité…
Sous l’influence de ce message positif « sois réaliste », il est possible d’être satisfait⋅e des réalisations que l’on mène à bien. Les critiques et les remarques sont les bienvenues. Elles permettent de progresser.
3. Il est temps d’accepter les qualités des autres !
Considère que les autres ont des méthodes différentes et qu’ils ont également leurs qualités, apprends à déceler leurs points forts et ce qu’elles.ils ont à t’apprendre. Tu pourrais bien être étonné.e ! Une fois que tu connais leurs méthodes, tu vas pouvoir déléguer et lâcher du lest en terme de stress et de pression. Ne t’attends pas à ce que le travail soit fait à ta façon puisqu’il sera réalisé d’après les compétences et savoir-faire de l’autre personne. N’oublie pas que tout le monde a « droit à l’erreur ». Tu es chef.fe d’équipe ? Félicite d’abord tes équipes avant de passer aux points d’amélioration (ou pas* ! et en toute diplomatie).
* le savais-tu ? En termes de motivation et de confiance en soi, il faut 10 remarques positives pour rattraper 1 remarque négative…
4. Il est temps de reprendre confiance en soi !
Comme tu es dans l’incapacité de reconnaître tes qualités et tes performances, tu es en recherche constante de reconnaissance. Ce comportement est dangereux pour toi car il te laisse dépendant de l’avis des autres et tu te tiens constamment en équilibre précaire de l’estime de toi. En t’acceptant tel.le que tu es et en reconnaissant que l’erreur est humaine, commence à reconnaître ta valeur et tes grandes qualités. Tu n’es plus un enfant qui doit se démener pour ramener les meilleures notes dans l’attente qu’on lui dise BRAVO.
Voir l’échec comme une possibilité de progresser !
Ta peur de l’échec t’empêche de vivre pleinement. Apprends à voir l’échec de façon positive, plutôt comme une manière de progresser en tirant des leçons utiles pour le futur.
Face à la peur d’échouer, répète toi cette phrase antidote pour éviter de procrastiner ou pour éviter de fuir face à la situation qui t’angoisse : « L’erreur est humaine et source de progrès ».
Vous côtoyez un sois parfait.e ?
Si ton ami.e, ton collègue, pire, ta.ton chef.fe ! souffre de ce message parasite, envoie lui cet article pour l’aider à se détendre du ciboulot.
Désormais, tu connais les messages antidotes qui vont permettre au sois parfait.e de revenir à la réalité. Tu peux, avec bienveillance et non jugement, l’aider à se rappeler que « l’erreur est humaine » et le ramener à la réalité avec fermeté si nécessaire. Les « sois parfait.e » communiquent leur stress, tu dois poser des limites pour te protéger.
Bonne chance…
“ C’était un homme de parole, il s’engageait dans tout sauf en amour, partout où il pouvait garder le contrôle et garantir, surtout, que tout soit parfait. Chez lui, tout semblait parfait. Trop parfait. Trop rangé. C’était un mec parfait, un mec bien rangé. Ça me soulageait. Il avait l’air de savoir ce qu’il fallait faire pour atteindre la perfection et c’était tellement réconfortant.”
Céline De Leo
Sources et théories à la base de cet article :
Cet article met en lumière une partie du modèle des messages contraignants issu de l’Analyse Transactionnelle, une théorie de la personnalité créée par Eric Berne (psychiatre américain) vers la fin des années 1950. Cette méthode permet de mieux appréhender sa personnalité, les relations interpersonnelles et la communication. C’est une approche très pragmatique qui propose des grilles de lecture pour la compréhension des problèmes relationnels ainsi que des modalités d’intervention pour résoudre ces problèmes.
D’après cette discipline, il existe 5 types de messages contraignants (fais plaisir, sois fort, dépêche-toi, fais des efforts, sois parfait). Ces messages automatiques sont générés d’après les injonctions entendues durant notre enfance et notre expérience de la vie.
Dans une série d’articles dédiés à ces messages contraignants, je vais t’expliquer comment les différentes voix que tu as dans la tête peuvent t’empêcher d’être toi-même et générer beaucoup d’angoisse et d’émotions négatives dans ta vie.
Si vous aimez recevoir les meilleures astuces pour arrêter de vous comporter comme un saumon, vous pouvez mettre un “clap” (en cliquant sur l’icône des mains à gauche de l’article). Vous pouvez aussi partager cet article sur les réseaux sociaux. Plus on sera nombreux à nager dans la bonne direction, plus on se sentira à l’aise avec soi, les autres et le monde !
