#03 — Hands off
An 0, été
“Avisez-vous de m’approcher une fois de plus et je vous colle mon poing dans la gueule !” Debout, brandissant le poing, je contiens mal ma fureur.
“- Tu crois que je vais permettre à une foutue gamine de vingt ans de me parler sur ce ton ? J’pourrais te faire virer. Mais j’vais pas l’faire parce qu’un jour de toute façon, tu te feras moucher.
- Ben faites-moi virer, allez-y, j’m’en fous. Mais je vous interdis de me toucher.”
Comment j’ai atterri dans cette formation commerciale ? Je sais plus trop. Mais à la fin de la semaine, une fois ce truc bouclé, je devrais être VRP. Enfin, là, j’ai quelques doutes, du coup.
Mes camarades stagiaires se révèlent être fort sympathiques, le contenu, quant à lui, relativement simple.
Tout roule, en dehors de mes échanges avec le formateur. Sosie de Bourvil, malheureusement dépourvu de l’humour de l’original, le fringant sexagénaire enchaîne les boutades graveleuses.
Encouragé par les rires forcés des collègues qui ont « besoin de boulot, tu comprends », il a fini par déboutonner le décolleté d’une condisciple en plein cours, provoquant ma stupéfaction outrée.
Le lendemain, l’être de délicatesse, alors qu’il passait derrière ma chaise, a entrepris de tirer sur ma bretelle de soutien-gorge pour la faire claquer sur mon omoplate. Étrangement, j’ai peu goûté la plaisanterie.