Les histoires d’un étudiant sans histoires

Partie 10

Alma Mater
Alma Mater
6 min readFeb 26, 2018

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« La fille la plus cool du monde, tu dis ? demanda Raph d’un air ahuri assis sur le lit de Julien. Je ne sais même pas de qui tu parles, Alice… »

Le sourire de l’interlocutrice s’estompa quelque peu, laissant place à une voix plus sérieuse :

« Pour le coup, je ne peux vraiment pas t’aider, je ne suis arrivé qu’après votre rencontre, mais il me semble que tu l’as revu après que tu nous ai quitté. Tu devrais vraiment aller voir Miguel et Tulio, ils auront surement les réponses que tu recherches. » Le sourire revint sur ses lèvres aussi rapidement qu’il en avait disparu: « Je trouve quand même ton histoire super excitante, si tu veux mon avis ! »

En y réfléchissant, il était vrai que son histoire devait apparaître comme scénario de roman pour ses amis, et il ne pouvait nier le fait qu’il tirait un certain plaisir dans cette enquête à travers Paris.

« Je pense te comprendre, Alice. Je te remercie de ton aide. Cela fait plaisir d’avoir fait au moins une bonne action, cette nuit dernière… et pour ton copain alors ?

-Oh ! s’exclama-t-elle. Ne t’en fais pas : il est juste surprotecteur sur les bords, mais il est vite compréhensif mon gros nounours. Surtout que c’était mon sms qui, comme tu le disais, était plutôt ambigu.

-Bon, cela me rassure Vraiment, mais je vais devoir te laisser : j’ai une enquête à mener !

-Pas de soucis, Sherlock. Je te souhaite que du bonheur avec cette fille ! Et prend soin du bracelet ! »

-Un bracelet ? s’enquit Raph dubitatif.

-Ah ! Evidemment, tu as oublié ! Pour te remercier de ta précieuse aide et de ta prestation au dizi, je t’ai offert un bracelet que j’ai composé moi-même : des cordelettes en fibres végétales tissés avec soin et colorées en jaune, rouge, vert, avec un médaillon en bois que j’ai aussi taillé moi-même en forme de feuille de cannabis dans du bois de bouleau. Mais au pire regarde ton poignet droit, tu vas voir ! »

Raph s’exécuta, et tira sa manche en coinçant le téléphone entre son épaule et son oreille : il n’y avait absolument rien sur poignet. Par acquis de conscience, il vérifia son deuxième bras, sans plus de résultats.

« Oh, c’est de toute beauté ! s’exclama-t-il en tentant de rester naturel. Je suis sûr que c’est ce que je t’ai dit la première fois que je l’ai vu, et je suis ravi de te le redire !

-Merci beaucoup, dit-elle en riant de nouveau. Bon, je te laisse vraiment cette fois-ci ! Bon courage !

-Merci à toi aussi, Alice. »

Il raccrocha rapidement pour ne plus avoir à mentir de nouveau, et passa une main dans ses cheveux. Il se sentait coupable d’avoir perdu ce bracelet, mais au fond, il n’y pouvait pas grand-chose. Il espérait juste qu’il l’avait oublié chez lui.

N’attendant pas une seconde de plus, il se leva pour se diriger vers le salon où ses amis l’attendaient. Alors qu’il s’approchait, il put entendre une voix féminine s’élever dans cette même pièce : Anaïs.

En pénétrant dans la salle, il se rendit compte qu’elle était réveillée, et en train de discuter avec Clément sur le canapé. Julien les regardait depuis le comptoir séparant sa cuisine de son salon. Il devait surement se servir de ce comptoir comme une tranchée pour se protéger de l’ennemi. Bizarrement, Raph conclut que le courant passait très bien entre elle et Clément. Même beaucoup trop bien : est-ce qu’il était en train de la draguer ?

Julien bafouilla précipitamment quand Raph s’approcha de lui:

« C’est comme ça qu’elle m’a eu. Regarde ce renard, et je ne dis pas cela parce qu’elle a un nez retroussé, mais parce qu’elle essaye de l’attirer dans sa tanière.

-Si tu veux mon avis, commenta Raph, je pense que c’est lui qui veut rentrer dans sa tanière… Je ne le savais pas comme ça.

-Vous savez que je suis juste à côté de vous, déclara l’intéressé avec un sourire non feint.

-Oui, on le sait, enchaina l’étudiant qui était toujours en train de réfléchir à son enquête. Bon, je dois aller au Is this Love au plus vite pour retrouver les deux dealers. Clément, on y va. »

Le jeune homme en question se leva, se dirigea vers Raph, et lui chuchota :

« Ecoute, j’ai un bon plan là… Et c’est l’occasion d’essayer des trucs que j’ai jamais pu essayer avec d’autres filles… Julien veut qu’elle s’en aille en plus ! C’est l’occasion ou jamais. »

Julien, qui était suffisamment proche pour entendre, déclara :

« Sort là juste de chez moi, je t’en prie. » Il se tourna prestement vers l’enquêteur : « Je te suivrais pour la suite de l’enquête, j’ai besoin de prendre l’air de toutes façons.

-Parfait ! s’exclama avec excitation Clément avant de se tourner vers la jeune femme assise et souriante. Ma chère, si vous voulez bien me suivre, je vais vous emmener boire un verre!

-Avec plaisir, mon cher, ajouta-t-elle en rentrant directement dans le jeu de son nouveau compagnon. Mais je propose que nous allions d’abord poser mes affaires chez vous, si cela ne vous dérange pas…

-Pas le moins du monde, au contraire, cela sera avec grand plaisir.

-Nom d’un champignon buccal » s’exclamèrent en cœur les deux spectateurs à la scène, avant que Julien n’ajoute : « Je ne sais pas quoi penser de ce que je vois. J’espérais ne jamais avoir affaire à ça. »

Anaïs, ravie d’avoir trouvé un nouvel ami de jeu, resplendissait et irradiait la pièce de son sourire, ce qui fit comprendre rapidement à Raph pourquoi son ami avait cédé si facilement à cette créature la nuit dernière.

« Tu l’as rencontré comment d’ailleurs ? entonna-t-il, alors qu’il se dirigeait vers la sortie aux côtés de son nouveau Watson.

-Eh bien, après avoir pris des photos de toi et tes nouveaux amis, nous avons pas mal ris et bu tous ensemble. Ce n’est que quelques minutes après que je l’ai rencontré en train de boire un Sex on the beach au bar de la soirée. Le courant passait plutôt bien, et je lui ai proposé de venir chez moi. Aussi simplement que cela.

-Donc tu m’as intentionnellement abandonné, alors que j’étais dans le mal ? questionna son ami en haussant un sourcil.

-Pas du tout, enfin ! Les amis d’abord, tu le sais très bien ! Après la phase de drague qui fut plutôt facile, comme tu le sais…

-Je t’entends, je suis juste derrière toi, abruti, gronda la jeune femme. Si c’était si facile, c’est parce que je voulais juste m’amuser, crois-moi que se faire passer pour un fils d’ambassadeur ne fonctionne pas du tout !

-Je me suis donc retourné pour te chercher, continua-t-il en ignorant la remarque, et tu avais disparu. Si tu avais vu le monde qu’il y avait, tu n’aurais pas cherché plus loin non plus. On devait être plus de deux cents personnes, à mon avis. Disons qu’en plus de cela, mademoiselle avait des arguments en sa faveur.

-Je te crois volontiers, surenchérit Clément en sortant de l’appartement à la suite des autres.

-Oh merci, jeune homme, ajouta-t-elle.

-Cela me laisse sceptique quand même, Julien, mais bon, on s’en contentera. Il ne faut pas qu’on traine. »

Avant de se séparer, Raph salua son premier associé, ainsi que la jeune femme, pendant que Julien faisait bien attention à mettre de l’écart entre eux. Bien qu’elle n’en était clairement pas obligée, elle s’excusa envers son ancien prisonnier de ce qu’il avait enduré, en lui expliquant qu’il avait juste à dire « Caramel mou » s’il voulait que tout s’arrête, comme ils en avaient convenu la veille au soir. A l’évidence, son excitation était nettement supérieure à son écoute lorsque ce contrat a été mis en place.

Sur ces mots empreint à la sagesse, les deux enquêteurs des souvenirs se dirigèrent vers l’adresse du Is this Love.

Guillaume Girier

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