Les histoires d’un étudiant sans histoires

Partie 6

Alma Mater
Alma Mater
3 min readJan 16, 2018

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Retrouvez les parties précédentes ici : Partie 1 , Partie 2, Partie 3, Partie 4, Partie 5

Le souffle court, l’étudiant aux cheveux blonds marqua une pause dans le couloir : à l’autre bout de celui-ci se trouvait une jeune femme blonde, dans l’encadrement de la porte de l’appartement de Julien. Derrière lui, Clément, tout aussi essoufflé, rattrapait les quelques secondes de retard qu’il avait sur son ami, et le bouscula, une fois à sa hauteur :

« Ne t’arrête pas, lui dit-il en haletant. Elle est juste là ! »

Puisant dans les quelques forces qu’il lui restait, il reprit sa course une ultime fois. Le corridor ne lui avait jamais paru aussi long bien qu’il l’ait pourtant traversé des centaines de fois par le passé, bien souvent imbibé d’alcool jusqu’à la moelle, titubant ainsi de mur en mur ne serait-ce que pour atteindre l’escalier.

Ses poumons semblaient brûler de l’intérieur, alors que ses pas résonnaient dans l’étroit couloir, typique des vieux bâtiments parisiens. Le bruit engendré par les deux étudiants ne passa pas inaperçu auprès de la tortionnaire : elle se retourna rapidement, la poignée de la porte en main, dévoilant ainsi un visage étonné, aussi jeune que le leur. En se rapprochant, il l’examina rapidement : elle portait un long manteau en laine noir, un pantalon et des bottes en cuir de la même couleur. Dans sa main droite se trouvait un sac à main marron plutôt rempli, et question physique, la jeune femme était plutôt jolie, seul son nez un peu crochu pouvait être un défaut pour les hommes les plus compliqués.

Alors qu’il se trouvait à quelques mètres d’elle, Raph fit un signe de la main à la jeune femme pour qu’elle l’attende et elle lui répondit par un sourire qui semblait signifier qu’elle allait coopérer. Il termina sa course sur le palier de la porte, et tentait de reprendre tant bien que mal sa respiration, tout en débitant des bribes de mots :

« Julien… Il nous a… appelés. Laisse-nous pass… »

Le jeune homme fut projeté vers l’avant, emportant la jeune blonde sur son passage, avant même qu’il eut terminé sa phrase.

Clément n’avait pas dû voir le signe que son camarade avait fait, ni le sourire de la jeune femme à leur égard : il était donc rentré dans son camarade en pensant qu’elle lui faisait obstacle. Situation de crise impliquant de grands moyens, il ne s’était pas privé d’utiliser toute sa force, ni d’user des techniques qu’il avait appris lors de ses cours de rugby pour passer dans une mêlée.

Sonné, l’étudiant qui était auparavant en tête de la course leva la tête, se trouvant à présent au milieu du salon de Julien, et se demandait comment la chute avait pu faire si peu mal. Sous lui se trouvait quelque chose de « mou ». Il comprit très vite que c’était le corps de la jeune femme qui l’avait amorti. Dans la panique, il se redressa et l’examina : elle ne semblait pas blessée, juste dans les vapes à cause du choc.

« Putain, Clément, qu’est-ce que tu es con ! s’écria-t-il en vérifiant le pouls de la demoiselle. Tu aurais pu nous blesser.

-Mais non ! Répondit-il du tac au tac. Je t’ai sauvé la vie, elle aurait pu te tuer, tu sais ? Je te rappelle qu’elle s’en est prise à Julien !

-Regarde-la. Tu crois qu’elle a une tête à faire du mal à quelqu’un ? Demanda-t-il en se levant et en épongeant la sueur de son front avec sa manche. Aide-moi, on va la mettre sur le canapé. »

De l’autre côté de l’appartement, on pouvait entendre quelqu’un les appeler, mais Clément obtempéra sans sourciller : il savait que, la menace étant écartée, Julien ne craignait plus rien et pouvait donc attendre quelques minutes de plus. Ils la portèrent à deux et la déposèrent délicatement sur le canapé. Dans le processus, Raph donna un coup de pied involontaire dans le sac de la jeune femme dont le contenu s’étala sur le sol du salon.

« Merde ! S’exclama-t-il en se penchant pour rattraper ce qu’il avait fait. Mais… attend. » Un sourire monta à ses lèvres. « Clément, tu vois ce que je vois ? »

L’étudiant qui s’était tourné vers la chambre pour délivrer son ami, se retourna de nouveau vers son collègue, pour ensuite afficher le même sourire radieux sur son visage :

« Oh, le… »

Guillaume Girier

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