Esprits et science

Quand le co-auteur de la théorie de la sélection naturelle se penchait sur la question

Hugo C.
Auto Thérapeute
6 min readMay 4, 2020

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Ce qui suit est un extrait du livre Caverne et Cosmos.

Début de l'extrait

L'idée tout à fait répandue selon laquelle les esprits, telles les âmes humaines, existent réellement est inacceptable pour la science d'aujourd'hui, comme c'est le cas depuis plusieurs siècles. Bien qu'un esprit en particulier, Dieu, soit parfois mentionné (par Einstein, notamment), l'existence « d'esprits » ou « d'âmes » multiples est irrecevable dans le paradigme scientifique. En d'autres termes, la science occidentale est fondée sur une croyance — une croyance en la non-existence des esprits.

Cette attitude trouve ses origines historiques dans les attaques menées par l'Eglise contre des pionniers de la science comme Galilée et Copernic pendant la Renaissance et la Réforme. En réaction, au siècle des Lumières, la science et la médecine occidentales ont décidé que les âmes et les esprits n'existaient pas, et que ces notions n'étaient donc pas pertinentes pour l'étude scientifique et la pratique médicale.

Si cette position est parfaitement compréhensible d'un point de vue historique, sa pérennisation jusqu'à nos jours limite les paramètres de la science en décrétant a priori la non-existence de certains phénomènes. Je ne suis pas le seul à penser ainsi. Comme mon collègue Paul Uccusic me l'a fait remarquer, le grand philosophe allemand Emmanuel Kant a dit un jour à propos des esprits : « On ne peut trouver aucune raison a priori de nier leur existence. »

Même la science d'aujourd'hui n'a pas encore réfuté la théorie de l'existence des esprits. Or, la réfutation est l'une des pierres angulaires de la méthode scientifique, comme l'a fait observer Karl Popper. Dès lors que la théorie de l'existence des esprits n'a pas été réfutée, en toute logique, la science ne peut pas faire comme si elle n'existait pas. Autrement dit, jusqu'à présent, l'affirmation par la science de la non-existence des esprits n'a été qu'une question de foi bien peu scientifique, qui, comble de l'ironie, ressemble fort à un dogme religieux.

Toutefois, au sein de la communauté scientifique, un homme a constitué une exception notable : le grand naturaliste Alfred Russel Wallace, co-auteur avec Darwin de la théorie sur la sélection naturelle. Dans les années qui ont suivi la publication par Darwin de l'Origine des espèces en 1859, Wallace s'est livré à une investigation minutieuse sur la réalité des esprits qui a abouti, en 1874, à la publication d'un ouvrage intitulé Miracles and Modern Spiritualism.

Cependant, en dépit de ses recherches méticuleuses, son ouvrage a été globalement mal reçu. En 1896, pour répondre à ses critiques à l'occasion d'une réédition, il écrit :

Cette théorie est la plus scientifique, et celle qui explique le mieux l'ensemble de ces phénomènes ; et j'affirme donc que l'hypothèse de l'existence des esprits est la plus scientifique de toutes, car même ses plus fervents détracteurs reconnaissent communément qu'elle explique effectivement tous les faits, ce qui ne peut être dit d'aucune autre hypothèse.

Contrairement aux Occidentaux hostiles au livre de Wallace, les chamanes autochtones avaient atteint les mêmes conclusions que lui depuis bien longtemps. Les résultats de leurs innombrables expériences de guérison avec leurs patients, bien souvent dans des situations de vie ou de mort, corroboraient invariablement ses conclusions, ou plutôt, ses conclusions confirmaient les leurs — des conclusions acquises depuis des millénaires, par des milliers de cultures différentes et indépendamment les unes des autres, su cinq continents différents. Sans surprise, les fondements de la pratique chamanique autochtone sont remarquablement cohérents à travers le monde, et c'est d'eux que s'inspire le core shamanism.

Comme l'indique Wallace, la meilleure façon d'expliquer ce genre de phénomène est d'appliquer le principe scientifique de la parcémonie, or l'explication parcimonieuse est simple, ici : les esprits sont réels. Pour autant, cela ne sous-entend pas qu'on ne doit pas chercher des explications non spirituelles à des phénomènes d'ordre chamanique.

Parmi les phénomènes « impossibles » les plus connus figurent, bien entendu, les expériences de mort imminente (EMI). Apparemment, aux yeux de la science, elles demeurent inexplicables. Un spécialiste de l'EMI a résumé la situation en ces termes : « Ce que trente ans d'investigations n'ont pas encore réussi à révéler, c'est le pourquoi des EMI. »

De même, quand j'ai demandé à Charles Tart — un éminent pionner des approches rigoureusement scientifiques dans le domaine de la parapsychologie — quel mécanisme rend possible la télépathie, il m'a répondu : « Je n'en ai pas la moindre idée, et je pense que personne ne le sait. » Il a ajouté plus tard : « Les tentatives scientifiques visant à expliquer les EMI et les phénomènes parapsychologiques se sont heurtées à un « mur de brique », notamment à cause des nombreuses complexités psychologiques dans ce domaine, et peut-être aussi en partie parce que la réalité des esprits a été niée a priori. »

Il semblerait donc que ce mur de brique ne soit pas si solide, et Charles Tart lui-même considère l'éventualité que les esprits puissent avoir un effet sur ses expérimentations. Il a déclaré : « Je suis tout à fait ouvert à l'idée qu'il existe un monde spirituel, quel qu'il soit, et c'est pourquoi parfois, peut-être très souvent, j'ai des “cochercheurs” à mes côtés dont j'ignore les objectifs à l'égard des expériences que je mène. »

Bien évidemment, d'après Alfred Russel Wallace, la réalité des esprits expliquait toute une série de phénomènes autrement inexplicables, que d'autres avaient relégués dans la catégorie acausale des « coïncidences » ou des « synchronicités ».

L'idée de Walalce n'est guère surprenante, dans la mesure où le principe de la réalité des esprits a été testé et éprouvé par les chamanes pendant des milliers d'années à l'échelle transculturelle. Quand on a compris que les esprits existent, beaucoup d'évènements qui paraissent impossibles aux yeux du profane s'expliquent parfaitement, et peuvent même être reproduits.

Fin de l'extrait

Dans une interview, Robert Kuhn demande à Brian Josephson (Cambridge), prix Nobel de physique:

- “Sur une échelle de 0 à 100, 0 signifie ‘aucune de confiance’ dans l’existence du paranormal, et 100 étant une ‘confiance absolue à 100%’, où vous situez-vous?”

Josephson répond :

- “Eh bien, probablement à 99 pour cent, en raison de la quantité de preuves [scientifiques] en sa faveur”

Dans cette même interview, Robert Kuhn demande aussi à Josephson :

- “Quel est votre niveau de confiance, sur une échelle de 0 à 100, que la conception du processus d’évolution est basée sur une sorte d’intelligence transcendante?”

Josephson répond :

- “Eh bien, environ 80%”.

Brian Josephson, professeur à Cambridge, récompensé par un prix Nobel pour ses travaux sur la « jonction Josephson S-I-S (Supraconducteur-Isolant-Supraconducteur) » travaille sur un projet d’unification de la spiritualité et de la physique (Mind-Matter Unification Project) depuis les années 80, et a publié sur le site de Cambridge ses papiers, en voici un exemple.

Des scientifiques comme eux, dits holistiques, avec la tête bien sur les épaules, sont vraiment très nombreux dans le domaine de la physique quantique et de la parapsychologie. Ils expriment tous la volonté commune à ramener la conscience dans le cadre de leurs recherches, et ont réintégré une forme de spiritualité (attention : il ne s’agit pas de religion) dans leur vision du monde car, la vision matérialiste héritée de Newton et de Descartes, pour ne citer qu’eux, NOUS ont menés dans l’impasse scientifique et philosophique.

Pourquoi ? Parce que l’esprit analytique de notre cerveau étant surdéveloppé nous déconnecte de la réalité, nous déconnecte de notre nature fondamentale et des capacités que nous avons perdues depuis trop longtemps.

« L’esprit intuitif est un don sacré et l’esprit rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don. » — Albert Einstein

(…) à quoi ça sert [la transe chamanique], on n’en sait rien encore, mais ce dont on peut être certain c’est que, ce que nous percevons du monde, ce que nous voyons, n’est pas le monde, mais seulement un modèle du monde crée par notre cerveau.

Corine Sombrun, TEDxParisSalon 2012

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Hugo C.
Auto Thérapeute

Quelle triste époque où il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé ou une croyance. ― A. Einstein