Les portes de l'inconscient

Et les traditions amérindiennes

Hugo C.
Auto Thérapeute
17 min readApr 25, 2020

--

NOTE IMPORTANTE : Le blog Auto Thérapeute promeut l’idée de base que pour être autonome, indépendant et donc acteur de sa propre guérison, il ne faut dépendre d’aucune substance exogène, ni d’aucun professionel de santé. Le corps humain est équipé pour fabriquer tout ce dont il a besoin et pour se réparer seul. L’autothérapeute sait donc déterminer quand, car il n’en exclut pas non plus bêtement la possibilité, il doit faire appel à un autre thérapeute ou à des substances dites médicinales. De la même manière qu’un dentiste ou un coiffeur peut difficilement accéder à certaines parties de son corps tout seul, il fait alors appel à une intervention externe et concertée pour atteindre ses objectifs de guérison. Auto Thérapeute conseille donc la voie de l’autohypnose pour accéder aux, et ouvrir, les portes de l’inconscient.

Première partie

L'emploi de drogues hallucinogènes dans des rites sacramentels fait depuis longtemps partie des coutumes des Indiens d'Amérique. La religion du peyotl est même le principal culte des Indiens nord-américains qui utilisent cette plante pour soigner des malades aussi bien que dans leurs cérémonies tribales comportant chants, prières et contemplation. On doit à d'autres traditions amérindiennes une pâte d'herbes qui transforme en oiseau celui qui l'absorbe — ou qui, du moins, lui donne l'impression de voler. Est-il au pouvoir de quiconque d'apprendre à voler comme l'enseigne la veille sagesse du Nouveau Monde ? Certains assurent que c'est possible si l'on s'ouvre les portes astrales par la voie de l'autohypnose.

La nuit tombe autour de la tente. A l'intérieur, des Amérindiens sont assis en cercle devant un autel en forme de croissant. Leur chef pose son sceptre et ses grelots garnis de plumes. Le tambour fait entendre un battement rapide. Sceptre, grelots et percussion passent d'un homme à l'autre, chacun chantant à son tour au rythme du tambour. La jarre contenant des boutons de peyotl passe ensuite de main en main, et chaque homme y prend quatre boutons au goût amer et les mange. Les têtes se balancent en suivant le rythme du tambour, les yeux sont fixés sur le feu rituel, attendant les visions. A minuit, une femme apporte de l'eau et on récite des prières. On fait entrer les malades, on les encense et on leur donne du peyotl à manger. Puis, un par un, les participants confessent leurs fautes car celui qui va faire le voyage du peyotl doit avoir le coeur pur. A l'aube, tous sortent de la tente, les uns derrière les autres, heureux de prendre ensemble la route du peyotl.

Ces Indiens sont des adeptes du peyotl — le principal culte en honneur aujourd'hui chez les Indiens d'Amérique du Nord. Ils considèrent le peyotl — drogue hallucinogène provenant de la même plante cactacée que la mescaline — comme un « donneur de visions », une substance qui guérit, et que l'on reçoit comme un sacrement.

Leurs croyances ont été combattus par ceux qui voient dans ce culte un prétexte pour prendre régulièrement une drogue dangereuse. Cependant, la quantité de peyotl consommée au course des cérémonies est en général strictement limitée, et la plupart des assistants n'ont probablement aucune vision après en avoir absorbé. Et ceux qui éprouvent vraiment des visions ont à peu près autant de chances de voir Dieu ou un ange que les esprits protecteurs traditionnels de leur tribu. Car, comme le vaudou, le candomblé ou l'umbanda, le peyotisme est un mélange de croyances anciennes et d'éléments empruntés au christianisme. Les adeptes de cette religion sont membres de la Native American Church, et il se peut que la Bible voisine sur l'autel avec un gros bouton de peyotl symbolique. « Le peyotl est un chemin ardu », disent lses fidèles. Quiconque veut le suivre doit s'abstenir de boire de l'aclcool, de se battre, de jouer ou de commetre des excès sexuels.

La drogue peyotl « le donneur de visions »

Les rites peyotistes varient, mais la plupart des cérémonies consistent en chants, en prières et en méditation. Le moment crucial est toujours celui où l'on mange les boutons de peyotl. C'est devenu un moyen d'entretenir la foi traditionelle des Indiens en une révélation qui s'exprime par des rêves et des visions. Le peyotl constitue aussi un médicament adapté aux coutumes tribales. Le peyotisme a donné à ses cinq mille fidèles le moyen d'utiliser la vieille sagesse amérindienne — avec sa connaissance lunaire des méthodes ancestrales — pour encaisser le choc d'une culture technologique dominante fondée sur des valeurs solaires.

Par savoir lunaire, on entend « savoir occulte », ce savoir qui complète le savoir solaire, celui dont la science occidentale mainstream fait partie. Le savoir solaire est le savoir des atomes, de la chimie, de la biologie, de la science physique etc, donc de tout ce qui se voit ; tandis que le savoir lunaire est le savoir de tout ce qui ne se voit pas, le savoir de l’invisible, de l’au-delà et de l’âme, sans lequel nous sommes incomplets en tant qu’êtres incarnés. Nous avons tous pour mission sur cette Terre de retrouver ce savoir, de s’en souvenir à nouveau pendant notre temps de vie afin d’avancer : telle est la définition du développement spirituel, selon Auto Thérapeute.

— extrait du billet L’alchimie taoïste

Car si le peyotisme est une religion récente, ses racines plongent dans un lointain passé. Le peyotl était depuis longtemps utilisé par les sorciers pour prédire l'avenir, et des générations d'Amérindiens lui ont attribué des pouvoirs magiques pour les guider et enseigner. Les Aztèques s'en servaient, comme d'autres plantes hallucinogènes, il y a cinq cents ans ; et il est presque certain que des civilisations plus anciennes l'avaient utilisé. Ces drogues offertes par la nature ont joué un rôle important dans les traditions, les pratiques mystiques et la sagesse perdue des peuples autochtones des Amériques, lesquelles suscitent, aujourd'hui, l'intérêt de nombreux occultistes.

Ces derniers pensent que les Indiens actuels maintiennent une sagesse spirituelles ancestrale de grande valeur. Certains vont même plus loin, qui prétendent que les civilisations précolombiennes disparues avaient acquis la maîtrise de techniques secrètes qui ont été perdues. Ils font état, au Pérou, des grandioses constructions en pierre des Incas. Celles-ci étaient faites de gros blocs qu'aucun mortier n'assemblait mais ajustés avec une étonnante précision. On a émis l'hypothèse que ces jointures sans mortier avaient été obtenues par l'emploi d'un liquide qui amollissait les surfaces à réunir au point que celles-ci prenaient une consistance d'argile humide.

L'explorateur Percy Fawcett et son équipe. Tous disparurent alors qu'ils recherchaient une cité légendaire de l'Amérique du Sud.

Cette hypothèse est rejetée par la plupart des archéologues, qui estiment que ces surfaces furent polies à la main ; mais elle a trouvé au moins un supporter en la personne d'un explorateur qui assure avoir vu employer un tel liquide en Amérique du Sud. Il a raconté son histoire à Brian Fawcett, dont le père, le colonel Percy Fawcett, explorateur lui aussi, avait disparu alors qu'il recherchait, là-bas, une cité légendaire.

« J'étais alors, raconta cet informateur, dans un camp minier des Andes péruviennes, à 4200 mètres d'altitude. Un dimanche, je partis avec quelques amis visiter de vieilles tombes incas et préincas, espérant trouver quelque chose d'intéressant. Nous emportions à manger et à boire, et un péon (paysan d'origine indienne) nous accompagnait pour nous aider à creuser. Après le déjeuner, nous nous mîmes à ouvrir des tombes. Nous buvions de temps en temps un petit coup et l'un de mes amis fut bientôt à demi ivre. Quand nous eûmes fini de creuser, tout ce que nous avions trouvé était un grand pot de terre rempli d'un liquide. "Je paries que c'est de la chicha" (alcool local), dit l'ami, un peu ivre, et il demanda au péon d'en boire. Mais celui-ci refusa, niant que ce fût de la chicha ; et il s'écarta, manifestement effrayé. L'ami insista, voulut le forcer, et une lutte s'engagea au cours de laquelle le pot de terre fut brisé. Le liquide se répandit sur le sol rocailleux et le péon s'enfuit. On croyait tous l'incident clos, mais une dizaine de minutes plus tard je me courbai pour examiner le liquide répandu et je vis que les roches avaient été ramollies au point d'avoir une consistance de ciment frais. La pierre avait réagi comme de la cire sur une flamme. »

Les histoires concernant les techniques indiennes perdues abondent en Amérique du Sud. Tels, par exemple, les récits relatifs à des villes dont les maisons « étaient éclairées par des étoiles qui brillaient sans fin » — sans doute une sorte de lumière perpétuelle. Le colonel Fawcett, l'explorateur disparu, était persuadé que les anciens peuples d'Amérique du Sud connaissaient quelque moyen d'éclairage secret que nos savants n'ont pas encore découvert. Certains occultistes ont émis l'idée que cette lumière perpétuelle pouvait être produite par l'énergie nucléaire. Ils pensent que prêtres et magiciens des temps anciens avaient découvert un procédé simple et sans danger d'utiliser l'énergie fondamentale de notre univers.

Il est difficile de prendre au sérieux de telles hypothèses, et l'on se trouve en terrain plus sûr si l'on s'en tient à la sagesse sprituelle traditionnelle des peuples amérindiens, notamment pour ce qui concerne l'emploi magique ou cultuel de certaines drogues.

Un des premiers livres de Carlos Castaneda d'une série de 12 ouvrages à lire en ordre chronologique

En 1960, Carlos Castaneda, un étudiant en anthropologie qui faisait des études sur le terrain, parcourait le sud-ouest des Etats-Unis pour étudier les plantes médicinales utilisées par les Indiens de cette région. Il rencontra un jour un Yaqui mexicain appelé don Juan qui insipirait aux Indiens locaux une certaine crainte du fait de ses pouvoirs étranges. On le disait expert dans l'art d'utiliser le peyotl et d'autres plantes hallucinogènes à des fins occultes. Don Juan se montra d'abord réticent à parler de ses secrets. Un an s'écoula avant qu'il ne se décidât à considérer Castaneda comme une sorte d'apprenti sorcier. Mais dès lors, pendant les quatres années suivantes, il fit découvrir au jeune Américain un monde à la fois merveilleux et terrifiant, tout à fait différent de la réalité ordinaire. La guérisseur yaqui expliquait l'emploi du peyotl, qu'il désignait sous le nom de mescalito. Pour les indiens, cette drogue est le moyen d'être guidé et instruit, car elle donne à l'homme la sagesse et la connaissance de la vraie manière de vivre. Don Juan fit aussi connaître à notre anthropologue d'autres substances qui agissent sur la perception et qui peuvent conférer — si elles sont utilisées sous la directions d'un maître — un pouvoir particulier. Parmi les secrets, l'un concernait une pâte d'herbes qui, appliquée en massage, pouvait changer un individu en oiseau ou en animal.

Castaneda se massa le corps des pieds au cou au point de faire fuir les gens par sa forte odeur. Il sentit ses jambes flageoler et ses genoux s'entrechoquer, puis, soudain, il eut l'impression que son âme se séparait de son corps et qu'il montait dans les airs comme un oiseau. Il regarda en bas et vit don Juan assis, loin au-dessous de lui. Il voyait le ciel au-dessus de sa tête et des nuages sombres tout autour. Il lui semblait qu'il se mouvait à une très grande vitesse et il sentait qu'il pouvait se transformer à son gré en n'importe quoi. Enfin, il eut le sentiment qu'il était temps de revenir à terre, mais en redescendant il eut des nausées et éprouva de violentes douleurs.

Plus tard, Castaneda voulut fumer une mixture faite avec des champignons. Don Juan lui avait expliqué que c'était un moyen plus agréable que la pâte d'herbes pour produire des métamorphoses. Tous deux passèrent une année à réunir les plantes destinées à cette mixture pendant que Castaneda s'entraînait à utiliser la pipe « ad hoc ». Car, don Juan l'avait prévenu, toute erreur serait mortelle.

Les deux premières expériences auxquelles se livra alors Castaneda le remplirent d'angoisse. Mais la troisième lui value une fantastique impression : sa puissance de volonté et son imagination étaient illimitées. Il lui semblait que son pouvoir de se métamorphoser en tout ce qu'il voulait était plus grand encore que lors de son expérience avec la pâte d'herbes. Sur les conseils de don Juan, il décida de se transformer en corbeau, « un oiseau qui court peu de dangers car il est rare que d'autres espèces l'attaquent », lui dit don Juan.

Se conformant aux directives du guérisseur, Castaneda excita son imagination jusqu'au point où il sentit son corps s'évanouir. Il ne lui restait plus que sa tête, laquelle se changeait en corbeau. Il était très conscient de ce qui se passait. Les pattes de l'oiseau sortaient de son menton, sa queue émergeait de sa nuque, et de longues ailes sortaient de ses joues ; sa tête rapetissait, son nez et sa bouche devenant un bec, avec de chaque côté un oeil de corbeau. Il voyait donc alors comme un oiseau — latéralement et non plus droit devant soi. Sur ordre du sorcier, il s'envola, tout à fait conscient ; mais le monde qu'il survolait était bien différent de celui où nous vivons. C'était un autre univers — où tout était couleur et beauté.

Castaneda connut d'autres expériences étonnantes avec son maître. Un jour, sa voiture, qu'il avait laissée dans un parc proche, disparut. L'endroit était isolé. Tout bruit de moteur aurait été forcément perçu, mais l'on n'avait entendu aucune voiture démarrer. Quand Castaneda demanda à don Juan s'il savait où était l'auto, le sorcier s'esclaffa. L'étudiant chercha encore sa voiture pendant quelque temps, puis don Juan éclata de rire. Il jeta son chapeau en l'air. Celui-ci parut grandir jusqu'à emplir l'espace. Soudain, le chapeau retomba à terre, l'automobile réapparut.

Il est possible, bien qu'improbable, que Castaneda ait eu effectivement la tête changée en corbeau, qu'il ait réellement volé dans les airs et que sa voiture soit devenue chapeau. Il est beaucoup plus plausible, au contraire, que les drogues de don Juan l'aient envoyé dans un monde étrange de conscience lunaire — le royaume du mystère, de la magie, de la connaissance intuitive. En d'autres termes, au moment où Castaneda se sentait voler ou en train de vivre d'autres expériences supranormales, son corps charnel devait être là, inerte. C'était son esprit, son double astral, qui naviguait librement.

Deuxième partie

Nous tenons du Moyen Age une description d'un corps physique inerte abandonné par son corps astral. Un homme connu sous lenom d'Abraham le Juif a laissé un récit des expériences qu'il fit avec des herbes qui « permettent à l'âme de sortir de sa prison ». Ce récit date sans doute de la fin du Moyen Age.

« Je travaillais à Lintz avec une jeune femme qui, raconte Abraham, m'invita un soir à aller avec elle en un lieu où, m'assurait-elle, j'allais être parfaitement heureux de me trouver, et cela sans aucun risque…Elle me tendit alors un onguent dont je dus me masser les principales veines des mains et des pieds tandis qu'elle faisait de même. Et tout de suite, il me sembla que je volais dans les aires là où je voulais, dans un endroit dont je ne lui avais nullement parlé (…).

Ce que je vis était admirable ; tout se passait comme si j'étais resté là longtemps, puis j'eus l'impression de m'éveiller d'un profond sommeil et je ressentis alors un violent mal de tête et une insondable mélancolie. Je me retournai et la vis assise près de moi. Elle se mit à me raconter ce qu'elle avait vu, qui était tout à fait différent de ce que j'avais vu moi-même. J'étais fort surpris, car il me semblait que j'avais bien été physiquement en ce lieu et que j'avais réellement vu ce qui s'était passé. Pourtant je lui demandai un jour d'aller seule en ce même endroit et de me rapporter des nouvelles d'un ami qui était à huit mille kilomètres de là. Elle me promit de le faire en l'espace d'une heure. Elle se massa avec le même onguent, et j'attendis avec curiosité qu'elle s'envolât ; mais elle tomba à terre et resta l'environ trois heures, comme morte, au point que je la crus vraiment sans vie. Enfin, elle soupira comme quelqu'un qui s'éveille, et se releva. Elle se mit à me faire le récit de son voyage, en y prenant grand plaisir, me disant qu'elle était allée là où se trouvait mon ami et tout ce qu'il faisait là-bas (…). D'où je conclus… que cet onguent provoquait un fantastique sommeil ; elle m'avoua qu'il lui avait été donné par le Diable. »

Que notre Abraham ait cru ou non cette dernière affirmation, il semble avoir été un observateur rigoureux. De semblables expériences de « fuite du corps » ont été rapportés par des occultistes modernes employant des onguents magiques. Vers la fin du siècle dernier, un élève occultiste allemand, Karl Kiesewetter, fit un « onguent de sorcière » à l'aide d'une recette écrite vers 1550 par un collègue du fameux astronome Galilée. Quand il utilisa cet onguent, il eut le semtiment de quitter son corps et de voler en spirale. Il y eut d'autres expériences avec des substances psychotropiques dont l'une se termina toutefois par la mort tragique de Kiesewetter, due à une overdose.

Plus récemment, le professeur Erich Peukert, de Göttingen (Allemagne), a fabriqué un autre onguent magique, suivant une recette du XVIIè siècle. Lui-même et quelques collègues s'en badigeonnèrent le front et en mirent sous leurs aisselles ; après quoi ils tombèrent tous en état d'hypnose pendant vingt-quatre heures, période au cours de laquelle ils eurent aussi la sensation de voler dans les airs et, en outre, celle de participer à des danses érotiques et au traditionnel « sabbat des socières ».

Quand à l'impression ressentie par Castaneda d'être changé en oiseau, il est tout à fait certain que les sorciers amérindiens connaissent plus d'une substance végétale capcable de produire cet effet. Citons le yagé, largement utilisé en Amérique du Sud pour agir sur l'esprit de celui qui l'absorbe et le faire voyager, sous la forme d'un oiseau, dans le monde du savoir lunaire. Le docteur C. Naranjo, un psychologue qui a travaillé au Chili et aux Etats-Unis, a rapporté le cas d'un ami expérimentateur qui avait pris de l'harmaline, composant actif du yagé. Celui-ci sentit ses mains se changer en ailes et, les agitant à un rythme qui le comblait d'une joie intense, il se vit en train de voler.

Il serait imprudent pour des Occidentaux intéressés par les sagesses anciennes d'absorber sans entraînement et sans guide les drogues végétales qu'utilisent les Amérindiens. Les Indiens eux-mêmes reçoivent une initiation progressive à l'usage des subtances psychotropiques, ou bien — comme dans le culte peyotl — les prennent dans des cérémonies où leur emploi est contrôlé. Il est possible qu'un chercheur sérieux qui procéderait à des expériences sous contrôle médical puisse le faire sans trop de risques. Castaneda lui-même, agissant sous l'oeil vigilant de don Juan, eut des moments de terreur si vive qu'il renonça à continuer de lutter pour maîtriser ce moyen d'accès au savoir lunaire. Un individu ordinaire qui tenterait de forcer les portes de l'inconscient en absorbant des hallucinogènes risquerait d'infliger de sérieux dommages à sa santé physique ou mentale.

Il est toutefois des méthodes qui permettent à une personne ordinaire de partager les merveilleuses expériences de Castaneda et autres pionniers. Ce sont des moyens non dangereux d'accéder au monde astral. Ces méthodes sont plus lentes que celles prônées par les sorciers, mais elles ne sont pas moins sûres. Elles impliquent la mise en oeuvre de l'imagination créatrice pour relier les deux mondes solaire et lunaire de la conscience.

La méthode la plus sûre et la plus efficace pour ouvrir les portes astrales est l'autohypnose à l'aide d'un objet symbolique. On peut utiliser tout symbole mythique traditionnel — carte de tarot, figure géométrique ou signe du zodiaque.

Pour faire l’expérience, par la méthode la plus sûre et la plus efficace pour ouvrir les portes astrales, il faut utiliser la méthode de l’autohypnose à l’aide d’un objet symbolique

Si vous voulez en faire l'expérience, voici comment procéder

Retirez-vous dans une pièce où vous êtes sûr que vous ne serez pas dérangé pendant une heure ou deux. Placez devant vous le symbole de votre choix — une carte de tarot par exemple. Fixez votre regard sur cette carte jusqu'à ce que vous ne perceviez plus rien d'autre et que vous ayez l'impression que votre regard pénètre la carte. Cela vous demandera du temps et il est possible que vous soyez obligé de vous y prendre à plusieurs fois avant d'obtenir le résultat voulu.

Parvenu à ce stade, faites un effort de volonté et d'imagination pour voir la carte (en esprit) comme une large porte ou comme un rideau brodé. Cette deuxième étape peut encore prendre du temps car elle est difficile d'accès.

La phase suivante consiste à imaginer la porte en train de s'ouvrir (ou le rideau en train de s'écarter), ce qui vous permettra de « voir » une sorte de paysage. Par l'imagination, franchissez cette ouverture vers l'inconscient et commencez à explorer les merveilles du monde astral.

Au début vous serez peut-être déçu par vos découvertes. Le paysage que vous verrez sera sans doute à deux dimensions, plat et sans intéret. Vous aurez peut-être le sentiment que cela n'est rien d'autre qu'une image viruelle formée de lambeaux de souvenirs, de choses lues et d'idées reçues. Mais au bout d'un certain temps, ce paysage gagnera en solidité, et l'expérience directe et personnelle vous convaincra que vous aurez accédé à un nouveau monde : le monde du savoir lunaire. Celui-ci est tout à fait différent du monde réel de notre existence quotidienne, et il comporte ses propres lois naturelles aussi inviolables que celles de l'univers physique.

Voici un exemple des impressions fantastiques qui peuvent résulter de cette technique d'autohypnose. On le doit au Dr. Henry Pullen-Berry, un médecin anglais qui utilisait comme symbole une forme pyramidale.

Ayant mentalement ouvert la porte, Pullen-Berry entra dans le paysage qu'il avait devant lui et il vit une pyrapide gigantesque tronquée au sommet. La face qu'il considérait était jaune et le sommet était d'un blanc étincelant. Au milieu de ce blanc se tenait un dieu égyptien qui le fit entrer dans la pyramide. Il se trouva alors devant un sphinx — une de ces créatures mi-homme mi-bête de la mythologie. Le sphinx se mit à lui enseigner l'occultisme, disant qu'il figurait « à la fois la création du physique à partir de l'astral et le retour du physique à l'astral ».

Ensuite, Pullen-Berry rencontra « l'ange de la pyramide », un personnage vêtu de bleu qui tenait un sceptre de bois à pommeau d'or. L'ange l'emporta au sommet de la pyramide, d'où il observa les alentours. Il vit un bois sombre, une colline de sable dénudée qui s'élevait vers le ciel jusqu'à disparaître dans les nuages, des lacs et des marécages, et, au-delà, la mer. La vision prit fin alors et le docteur retrouva son état de conscience habituel.

Il est facile de prétendre que ces visions du monde lunaire que les sorciers amérindiens provoquent par l'absorption de peyotl, par des onguents végétaux, des potions ou des substances que l'on fume ne sont que des hallucinations. Beaucoup diraient que don Juan, le guérisseur yaqui, donnait à Castaneda la sensation qu'il volait et qu'il était un oiseau tout simplement en rendant malade son élève. Mais cela n'expliquerait pas les visions aussi fantastiques provoquées par le simple recours à la technique du symbole, sans usage de drogues.

Une explication fondée sur les différences existant entre les aspects solaire et lunaire de la conscience paraît plus statisfaisante. Que l'on soit en effet un paysan indien du Mexique tirant péniblement sa subsistance d'une terre aride ou un citoyen d'un pays développé soumis à toutes les pressions économiques et émotionnelles de la société industrielle, presque toute notre énergie mentale est absorbée par notre lutte pour l'existence quotidienne. Aussi avons-nous besoin parfois de nous rafraîchir au contact de l'inconscient lunaire. Mais pour cela il nous faut suspendre temporairement l'activité de notre esprit conscient, afin qu'elle ne refoule plus les sources vives de notre subconscient. Et nous pouvons y parvenir grâce à des herbes qui « abaissent les barrières de l'âme », ou simplement par la technique du symbole.

Les drogues ont un effet plus rapide. Mais elles sont dangereuses, et beaucoup d'occultistes estiment que les perceptions qu'elles provoquent n'ont pas la même valeur que celles obtenues par d'autres moyens. La drogue fait tout le travail, disent-ils, et celui qui l'utilise ne peut faire varier ou enrichir l'expérience qu'elle apporte. D'autres méthodes, comme la technique du symbole, sont moins dangéreuses et peuvent être pratiquées par quiconque ne rechigne pas à quelques efforts pour en faire l'essai.

A lire aussi

--

--

Hugo C.
Auto Thérapeute

Quelle triste époque où il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé ou une croyance. ― A. Einstein