La SexTech, la brute et le truand

Fred
Be Gentle !
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4 min readFeb 10, 2017

Il y a peu, je parlais des différences fondamentales que l’on pouvait évoquer entre les technologies mises à profit dans le porno et celles dédiées à la sexualité humaine qui, si elles peuvent être liées, n’en sont pas moins bien distinctes.

Depuis quelques jours, certaines attaques portées au projet Gentle m’ont fait davantage réfléchir à cette question.

Quelque part, les problèmes que nous rencontrons à diffuser notre proposition de valeur sur le web ne sont que la transposition de la vision du phénomène dans la société. Comme le résumait très bien un marketeur web qui nous aide à lever ces contraintes :

Sur le web, dans le sexe, vous n’avez que deux catégories distinctes : le sexo et le porno. Ce que vous voulez promouvoir étant entre les deux, par défaut, tout le monde vous mettra toujours dans le porno, histoire de ne pas prendre de risque

Le sexo, sur le web, cela va être les forums de Doctissimo ou AuFeminin. Et un certain nombre de blogs ou vlogs. Transposé dans le non digital, vous allez avoir les pages Sexe des magazines — féminins principalement, allez savoir pourquoi ? — ou les émissions radios populaires. La plupart du temps sous un angle psycho-scientifique, même si, tôt ou tard, la partie sexuelle et naturelle ressort, et que les commentaires vous montrent ô combien les frustrations sont loin de l’intellect ! Mais en tous les cas, c’est accepté, à la limite du service public d’hygiène médical…

A l’opposé — et donc unique autre typologie -, vous avez le porno, qui côtoie le meilleur comme le pire.

Néanmoins, les statistiques montrent l’appétence, hommes comme femmes, pour un contenu à caractère adulte. Du coup, les personnes qui crient à l’ignominie sont, soit faux culs, soit totalement intégristes, soit des gens qui pensent bien faire en laissant tout sous cloche…

Et ainsi donc, les idées sous-jacentes à notre SexTech Gentle permettre au couple de s’épanouir sexuellement dans le temps, sans risque, sans adultère — ne peuvent être perçues autrement que comme du porno, ce qui fait que l’ensemble de la société nous ostracise.

Et c’est à ce moment qu’intervient la brute et le truand

La pornographie n’est pas mauvaise en soi, montrer la sexualité à des adultes consentants, sous toutes ces formes, n’a pas à être condamné.

Mais il existe aussi une pornographie qui salie les individus, qui blesse leurs protagonistes, qui aliène des femmes, etc… et qui est, à nos yeux, tenu par des brutes, voire des truands. Ceux qui promeuvent cette montée en performance sexuelle inhumaine ne valent pas mieux que des proxénètes qui font de la traite des blanches. Lorsqu’ils ne tiennent pas les deux métiers d’ailleurs…

Et ainsi, lorsque vous souhaitez amener ce que vous considérez un “mieux” par rapport à ce qui existe, vous vous faites flinguer. On vous explique que ces sujets sont “intouchables”, que c’est “sale”, que cela ne peut que nous faire du mal, quelles que soient les intentions que l’on ait derrière : sujet sexe, pas touche !

Et c’est ainsi que vous laissez un pan entier d’un sujet profondément humain et complexe à des personnes qui n’ont pas toujours une éthique et un désir de faire avancer la connaissance dans cette matière subtile qu’est l’intimité; et qui se contentent de donner les jeux du cirque version sexe extrême.

Prenons l’exemple de l’éducation sexuelle dans notre beau pays…

A force de vouloir protéger nos enfants, nous finissons par ne leur donner que ce que nous souhaitons qu’ils évitent : aujourd’hui encore, la grosse majorité des contenus à caractères sexuels sont pornographiques, avec du bon, comme du mauvais. Et sans réel référencement ou catalogue autre que des tags plus ou moins spécifiques, qui n’aideront pas un jeune public à savoir quoi faire lors d’une première fois, connaître leur corps, leurs sensations, les plaisirs à découvrir…

Ils auront du brut de fonderie, du cinéma, de l’excessif et de la performance, là où nous leur refusons actuellement une véritable éducation à la sexualité. Mais évidemment, chut, cela se fait en dehors de nos heures de vigilance : pas vu, pas pris ! Petit rappel : la moyenne d’âge de première exposition en France à un contenu pornographique est de 11 ans !

Pour en revenir à Gentle, nous pensons que parler de la sexualité entre couples est le meilleur moyen à l’épanouissement sexuel du couple, à son entente dans le temps et sa complicité quotidienne; car nous sommes dans la réalité, ni dans des fantasmes, ni dans du porno.

Que le site soit dédié à la rencontre est un fait, et nous avons parfaitement conscience qu’il s’agit bien actuellement de rencontres induisant des pratiques dites “libertines”. Que cela gratte les bonnes gens, nous le concevons — un peu… —, mais il s’agit là de la vie privée de personnes adultes, consentantes, qui essaient de vivre autre chose au sein de leur couple, et il est hystérique d’y voir un cheval de Troie pour le proxénétisme, voire pire.

A force de laisser l’univers de la sexualité à des personnes peu soucieuses de la profondeur du sujet, nous n’avons que ce que nous méritons en terme de contenu. Donc réfléchissons-y ensemble et trouvons des chemins vers des contenus de qualité, qu’ils soient humains, éthiques, sexuels et même, pourquoi pas, porno.

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Fred
Be Gentle !

Co-fondateur de GentleApp, application pour l’épanouissement sexuel des couples