SXSW 2021 Online, c’est comment ?

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
5 min readMar 18, 2021

Après une année “sans” en 2020, le festival SXSW a fait le choix de se tenir en ligne en 2021… Un vrai challenge, alors que ce qui fait tout le charme et la qualité de cet événement est sa capacité à réunir dans un même endroit — Austin, la capitale du Texas — professionnels du numérique, du marketing et des médias, créateurs de l’audiovisuel (cinéma, documentaire, séries) et tout l’univers de la musique et du spectacle.

Tout ça dans un format qui mixe expositions, festival, concerts, spectacles de stand-up, soirées, barbecues et conférences, avec du on et du off. Autant dire une équation impossible à transposer en ligne !

Et pourtant… sans être parfaite, l’expérience proposée en ligne cette année est plus que satisfaisante. Pour plusieurs raisons.

Une des spécificités de SXSW est la qualité et la profondeur des contenus proposés, avec plus de 2 000 tables-rondes, keynotes et interventions lors de sa dernière édition, en 2019, sans compter les événements “off” organisé par des marques et des agences à côté.

Parmi cette masse de contenus, il y en a pour tous les goûts et sur tous les sujets, mais la qualité est assurée grâce à un système de sélection des interventions “crowdsourcé” : si les organisateurs s’occupent naturellement de sélectionner les têtes d’affiche (Melinda Gates, James Cameron, George W. Bush, Timbaland, Queen Latifah, cette année, entre autres), le gros des speakers est choisi par la communauté, six mois avant, par un processus d’appel à candidatures et votes.

Cette année, SXSW aborde donc aussi bien la “creators’ economy”, les “synthetic medias”, le “metaverse” ou encore le retour de la newsletter… Autant de sujets que j’aurais envie de détailler dans les prochaines semaines si j’en ai le temps.

Pour son passage en ligne, SXSW a fait le choix d’une programmation resserrée — des centaines de conférences et non des milliers — et c’est tant mieux, car le FOMO (“Fear Of Missing Out”) est toujours là. Il y a plein de sujets auxquels on n’aurait jamais pensé, comme la question de la diversité dans le monde du surf, le rôle des neurotechnologies dans le futur du travail, l’avenir du football en Amérique ou encore “comment se cultiver une cana-carrière” (le business du cannabis est un gros sujet cette année encore).

Une bonne surprise aussi : les interventions sont toutes pré-enregistrées et bien préparées, ce qui évite les “aléas du direct” et permet d’épargner pas mal de blabla. Appréciable également : à la fin des table-rondes, les modérateurs s’attachent à réaliser une conclusion en tirant de précieux “take-away” de chaque intervention.

En fait, c’est la première fois que je trouve qu’on y gagne en passant au format en ligne : en présentiel, beaucoup de table-ronde étaient mal ou pas préparées, ce qui me conduisait à privilégier les keynotes : quelqu’un seul sur scène a forcément travaillé son discours en amont. Souvent la majeure partie du temps de parole était consacrée à répondre aux questions de la salle et ce n’était pas toujours intéressant.

Alors, effectivement, en ligne, il manque l’interactivité. Mais plusieurs modalités, souvent bricolées, permettent d’y pallier. Comme les interventions sont enregistrées à l’avance, les intervenants peuvent répondre pendant la diffusion aux questions des spectateurs sur le chat intégré au site. Certains ont même organisé des “viewing parties” sur Clubhouse et/ou créé des groupes Whatsapp pour prolonger la discussion.

Pour la diffusion des conférences, SXSW adopte à la fois une logique de flux et de stock : la plupart des interventions sont programmées le premier jour et accessibles à la demande ensuite. Les têtes d’affiche interviennent au fil de la semaine. Et pour les formats interactifs, c’est sur Zoom que ça se passe.

Au passage, l’événement a été réduit : on est passé d’une dizaine de jours à 4. C’est en fait un condensé de l’esprit SXSW. Cerise sur le gâteau, avec un pass unique qui donne également accès à des films et des performances, tous les participants ont la même expérience. Car si l’événement physique est propice aux échanges, dans les faits, on avait plusieurs communautés qui se déplaçaient à Austin successivement (le digital les premiers jours, la musique ensuite).

Autre innovation : la création d’un monde virtuel 3D, qui reproduit le centre-ville d’Austin et permet d’entrer dans certains de ses lieux emblématiques. On peut s’y balader avec un avatar, interagir avec d’autres participants, regarder des films ou suivre des concerts — dont celui de Jean-Michel Jarre. La promesse : retrouver un peu de la folie des rues d’Austin pendant le festival, avec ses happenings et ses concerts improvisés.

Autant le dire tout de suite : l’expérience est intéressante et prometteuse, mais techniquement, c’est une horreur en termes d’ergonomie et de temps de chargement. Dommage… le “metaverse” n’est pas encore pour demain. Peut-être après-demain ?

PS. si ce sujet vous intéresse, j’avais écrit ici sur le futur des grands événements. Et là sur les événements en ligne. Car post-pandémie, tout ne sera pas bon à jeter !

PS. bis : j’ai prévu de produire une présentation de debrief des conférences de SXSW 2021. Si ça vous intéresse, parlons-en !

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Benoit Zante

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