Une nouvelle époque ?

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
4 min readFeb 10, 2023

Après les annonces de Google et Microsoft cette semaine, je pourrai consacrer une nouvelle newsletter entière à l’impact de l’IA sur les contenus… Mais beaucoup a déjà été écrit, attendons un peu de voir que tout le buzz retombe.

Néanmoins, avec Marie Dollé et Quentin Franque, nous en avons profité pour (déjà) mettre à jour notre “deep dive” sur le sujet (en vente ici). Nous avons même sorti une synthèse (sans utiliser ChatGPT !), dans un format plus compact et opérationnel, en vente pour 29€ (TTC).

Après cette page de publicité, je vais plutôt consacrer cette newsletter à un de mes autres sujets favoris : le festival SXSW. Car, oui, c’est déjà cette période de l’année où je commence à préparer mon voyage au Texas.

Pour ceux qui suivent cette newsletter depuis longtemps, vous connaissez cet événement et savez pourquoi il est si particulier. Pour les autres, j’expliquais tout ici il y a quelques années.

Alors oui, l’édition de l’année dernière avait un goût bizarre. C’était une année de transition, en demi-teinte, marquée par les incertitudes du Covid toujours bien présent.

Les discours sur le Web3, la décentralisation et les nouvelles logiques de partage de la valeur renouvelaient l’événement. Cela aurait pu être une source d’enthousiasme et d’inspiration. Mais ces beaux principes ont vite été récupérés par la spéculation et le pire de l’écosystème startup. Les mois qui ont suivi l’événement l’ont bien malheureusement démontré, avec les scandales autour de Terra/Luna et surtout de FTX (entre autres).

Surtout, après une semaine sur place, on avait l’impression que SXSW avait perdu le sens des réalités et sa capacité à répondre aux (vrais) enjeux du moment. Il y avait bien quelques tables rondes sur l’urgence écologique — notamment une éclairante sur le greenwashing entourant le concept de “net zero” — et quelques keynotes sur le sujet. Mais la plupart du temps, lorsque le sujet était abordé, la seule réponse, quand il y en avait, restait purement technologique. (La géo-ingénierie solaire, sérieusement ?)

Peut-être que je n’avais pas regardé aux bons endroits (SXSW, ce sont des milliers d’événements pendant dix jours), mais je n’avais pas vu grand-chose sur les nouveaux modèles, les récits alternatifs et la remise en cause des pratiques actuelles. Sauf peut-être dans le domaine de l’alimentation. Bref, l’événement ne remplissait plus vraiment sa promesse d’être à l’avant-garde de la société.

Un comble pour un festival qui se considère comme précurseur, porté par des “pionniers”, à la croisée des mondes artistiques, économiques et technologiques. À une époque où ne parlait pas encore de digital mais de “multimédia”, le SXSW des débuts était nourri par des idéaux de progrès et de transformation de la société. Une transformation qui passe par la technologie, oui, mais pas seulement.

Cette année, à en juger par le programme, les choses ont l’air de bouger (un peu). La “Fintech” — catégorie dans laquelle étaient classés les sujets crypto et blockchain — a (étonnamment) disparu des sujets mis en avant par le programme. À la place, on a droit à des thématiques très larges, par secteurs : “Civic Engagement”, “Food”, “Energy”, “Transportation”, “Culture”… Et la verticale “Climate Change” a été avancée en début de festival, là où la participation est à son maximum. Un premier pas vers une vision moins technophile ?

Les premières conférences annoncées donnent déjà le la, avec des thèmes comme “How Climate Storytelling Can Beat Climate Doom”, “Climate Action 101: Finding Your Climate Squad”, “Pivoting into Climate Tech Entrepreneurship”, etc.

Mieux, l’un des “keynote speakers” de 2023 est le CEO de Patagonia, Ryan Gellert, qui viendra parler de sa démarche régénérative. Sa marque organise également différentes “activations” sur place. Est-ce le début d’une nouvelle étape pour le festival — et pour son écosystème en général — dans laquelle les marques engagées prennent la place des startups tech en hyper-croissance et s’imposent comme des exemples à suivre dans l’imaginaire collectif ? Ce serait une bonne chose, pour tout le monde…

A la manière du cas Nexans que j’évoquais récemment ici, on ne peut qu’espérer que les modèles reposant sur une forme de décroissance (ou sur une croissance “vertueuse” et “régénérative”, termes qui font un peu moins peur) deviennent l’horizon à suivre pour les marques et les entrepreneurs.

Benoit Zante

PS. Au sujet de Patagonia, je suis justement en train d’écouter la série “Guerres de business” consacrée aux histoires croisées de Patagonia et The North Face. L’occasion de découvrir que le modèle vertueux de Patagonia n’a pas été mis en place du jour au lendemain… Cela a pris des décennies et n’a fonctionné que grâce à la ténacité de son fondateur. Les prochaines générations d’entrepreneurs n’auront pas autant de temps.

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