Data et transports : 4 cas d’études britanniques à connaître (2/3)

Etienne Pichot Damon
Datactivist
Published in
5 min readJul 12, 2018

Le 15 février dernier s’est tenu un atelier d’une journée à l’Open Data Institute à Londres, auquel Datactivist a été invité. Le thème : la collaboration franco-britannique sur les données transports. L’ODI a donc convié plusieurs acteurs des transports et des données de France et du Royaume uni, dont nous partageons ici les cas d’usages.

Voici les exemples du côté du Royaume-Uni, traduits depuis le rapport original de l’Open Data Institute.

Interagir avec sa communauté d’utilisateurs de données ouvertes

Rikesh Shah — Transport for London

Résumé :

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et illustrent pourquoi TfL est considérée comme un leader mondial dans le domaine :

Environ 14 000 développeurs sont enregistrés pour accéder aux données de Transport for London, et 42% des Londoniens utilisent une des 700 applications alimentées par ces données.

Selon le dernier rapport de Deloitte, les gains réalisés grâce à l’ouverture de ces données représente 130 millions de livres par an. TfL utilise désormais des données tierces pour son API plutôt que de collecter ses propres données indépendamment : par exemple, l’équipe travaille avec le Kings College, dont les capteurs recueillent des données sur la qualité de l’air dans Londres.

Pour Rikesh, ce niveau d’impact est davantage atteint par un changement de culture que par la technologie elle-même. Pour y arriver, plusieurs étapes sont nécessaires selon lui : un portage au niveau conseil d’administration ; se présenter comme un projet au service du client plutôt qu’un projet technologique ; s’engager dans cette direction dès le stade de la conception, idéalement avec les “champions” de l’entreprise.

“ Il existe un argument qu’on entend souvent : je ne peux pas rendre mes données publiques, parce que si je le fais je pourrais faire faillite. Eh bien, c’est un argument complètement faux. Si vous donnez au client l’information dont il a besoin, et ce qu’il veut, il passera un meilleur voyage, et cela maintiendra vos revenus ”.

TfL s’oriente aujourd’hui vers de nouveaux défis autour des partenariats de données :

  • Comment s’assurer que les développeurs n’utilisent pas seulement les données de TfL, mais que TfL commence à améliorer les données de certains d’entre eux ?
  • Comment faire en sorte que les plus petits innovateurs puissent répondre à certains appels d’offre et opérer au sein même de TfL ?

Les données ouvertes sur les transports publics au Royaume-Uni

Tom Forth — ODI Leeds

L’Open Data Institute de Leeds est l’une des franchises de l’ODI hébergées par des organisations existantes.

Résumé :

Au Royaume-Uni, la plus grande partie de l’activité des transports est centralisée à Londres : alors que le nombre de trajets en bus et l’utilisation de données ouvertes dans les transports a doublé à Londres au cours des 25 dernières années, il a diminué de moitié dans d’autres grandes villes anglaises.

Au niveau national, plusieurs actions ont été entreprises :

  • Tous les arrêts sont ouverts et accessibles via les “nœuds d’accès aux transports publics nationaux” (NaPTAN).
  • Ils sont vérifiés, de bonne qualité, et disponibles en licence ouverte et couvrent toute la Grande-Bretagne. Néanmoins, un défi subsiste : relier les codes postaux aux adresses, et cela a un coût et nécessite une licence.
  • Les horaires sont actualisés de manière hebdomadaires et sont d’une bonne qualité, pour les bus, les trains, les tramways, les ferries et les autocars.
  • Les tarifs sont disponibles en open data à Londres, mais ils ne sont pas réglementés, ni toujours disponibles ailleurs.
  • La fréquentation des transports en commun est analysée, mais la plupart des détails sont commercialement sensibles et non partagés.

Ces étapes ont été cruciales dans l’ouverture des données de transport au Royaume-Uni, et permettent aujourd’hui une grande diversité et qualité de l’information aux voyageurs.

Exemples de collaborations internationales sur les transports : Birmingham et Lyon

Andrew Radford — Birmingham City Council

Résumé :

Andrew a partagé son expérience sur les projets financés par l’UE (Opticities), et en particulier la relation étroite entre Birmingham et Lyon qui s’est développée à travers un projet de planification de voyage multimodal. Travailler sur ce projet a donné lieu à des anecdotes intéressantes et des éclairages sur les différences entre le Royaume-Uni et la France.

Par exemple, alors que le Royaume-Uni excellait pour sa stratégie de données, les autres partenaires européens ont quant à eux été très pertinents au stade de la mise en œuvre opérationnelle. L’exemple donné est celui d’un projet où une équipe de Göteborg (Suède) a découvert la norme EToN (Transfert électronique de notifications) qui avait été développée au Royaume-Uni et a ensuite construit grâce à cela un système de travaux routiers améliorés.

Autre différence : au Royaume-Uni, les autorités de transports détiennent et gèrent les données sur les arrêts de bus, mais n’en collectent pas sur la fréquentation des réseaux. En France, la situation est presque inversée.

La présentation s’est terminée par un constat : les projets et la collaboration s’arrêtent souvent lorsque le financement prend fin.

Le rôle de “l’open” dans le développement de nouveaux services de mobilité

Giles Bailey — TravelSpirit

Résumé :

TravelSpirit est une fondation qui développe une approche ouverte du futur des mobilités, et en particulier pour les villes de “second rang” du Royaume-Uni.

Giles a présenté “l’indice d’ouverture des villes”, qui reflète leurs bonnes pratiques. Cette méthodologie est ouvertement disponible et TravelSpirit souhaite la tester dans d’autres villes du monde.

L’un des problèmes les plus importants auxquels sont confrontés les transports, est celui de la multiplicité des titres de transports, et encore plus dans les petites villes, qui ont souvent plusieurs opérateurs.

L’ouverture des systèmes d’informations, couplée à une gouvernance efficace, sont des pré-requis pour résoudre ces problématiques techniques, dans l’environnement complexe des transports en commun.

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Etienne Pichot Damon
Datactivist

Depuis plus de 7 ans et aujourd’hui en indépendant, je travaille pour l’ouverture ou le partage de données publiques : Etalab, Datactivist, Métropole de Lille.