3 clés pour surmonter une défaite dans la vie

Nicolas Galita
Dépenser, repenser
19 min readMar 30, 2018

En fin d’année dernière j’ai écrit une trilogie d’articles :

Pourquoi la mort devrait être votre boussole

Comment accomplir de grandes choses (sans todo list) ?

Quelle est votre stratégie ? Maximiser vos gains ou limiter vos pertes ?

Et les retours des gens ont été tellement puissants qu’ils m’ont motivé à en faire tout un livre. Ça fait deux mois que j’écris dans mon coin. Mais publier des choses me manquait trop ! Voici donc un petit coucou en forme d’article rapide issu d’un des chapitres du livre : la souffrance et l’échec.

Trêve de bavardages… rentrons dans le vif du sujet !

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Qu’est-ce qu’une défaite ?

Avant de se plonger dans les 3 clés on va d’abord commencer par définir ce qu’on entend par défaite. Je déteste le mot échec. Pour plein de raisons. Pas parce que je veux me la jouer coach californien qui dit que les échecs c’est trop cool, blablablabla. Non, les défaites sont dures et prendre un coup de poing dans la tronche ne fait jamais plaisir.

Ce qui me dérange en revanche avec la notion d’échec c’est cette notion de fin de l’histoire. La vie est un parcours. Et, tant qu’on n’est pas à la fin du parcours, comment savoir ce qui est une réussite ou un échec ? Qui arbitre la date de fin ? Si je vous interroge le lendemain de votre rupture amoureuse, vous me direz que c’est un échec. Si, je vous pose la question un mois après et que vous vous êtes réconciliés, vous me direz que c’est un succès.

L’échec et la réussite ont un côté définitif que la victoire et la défaite n’ont pas. On peut perdre une bataille sans perdre la guerre. Et la bataille la plus récente n’est pas forcément celle qui doit tout déterminer. Déjà parce que vous ne savez pas si c’est la dernière, et ensuite parce qu’il faut juger le voyage au moins autant que la destination.

Par exemple, je suis toujours étonné quand je dis à quelqu’un que je viens de terminer une relation amoureuse et qu’on réagit en me disant : “ah…désolé que ça n’ait pas marché”.

Je réponds toujours un truc comme : “hein ? Pourquoi tu dis que ça n’a pas marché ? C’est pas parce que c’est terminé que c’est un échec. La plupart des relations se terminent avant la mort donc si on doit juger à ça on n’est pas sorti de l’auberge. J’ai pris du plaisir à chaque moment de cette relation, à part les moments de la fin, j’ai vécu une page de vie géniale…la fin n’y change rien, globalement c’est une victoire”.

Ce n’est même pas pour faire le malin positiviste. Je n’arrive vraiment pas à comprendre les gens qui se disent qu’une relation est un échec juste parce qu’elle s’est terminée. Comme si la destination enlevait le plaisir du voyage qui a précédé.

L’autre chose qui me chiffonne avec la notion de réussite c’est qu’elle cache souvent une validation sociale. Ou des schémas préconçus qu’on ne questionne même plus. Avoir un bon salaire, est-ce une réussite ? Même si on y sacrifie sa vie privée et qu’on aime pas son travail ? Vendre des millions d’albums, est-ce une réussite ? Même en produisant de la musique que l’on aime pas soi-même ? Toucher à peine le smic avec son art, est-ce un échec ? Même si on est épanoui tous les jours car on fait exactement ce qu’on aime ?

Au lieu de choisir son combat et sa mesure de la victoire, on finit par se cantonner à la vision conventionnelle.

Ne te trompe pas de combat, ou tu te tromperas de victoire.

Enfin, on parlera ici de défaite et donc de quelque chose qu’on a essayé, dont on est acteur. Pas de quelque chose qui nous tombe dessus. Par exemple, quand j’ai dû fermer la mini-entreprise dont je m’occupais c’était une défaite. Quand quelqu’un, en Pologne, m’a craché sur les pieds parce que j’étais noir : ce n’était pas une défaite, c’était un événement qui me tombait dessus et que j’ai dû gérer.

Les 3 clés que l’on va voir fonctionnent mieux quand il s’agit d’une défaite. Même si on peut partiellement les transposer dans le cas de quelque chose qui nous tombe dessus.

Clé #1 : Prendre toute la responsabilité de la défaite

“J’assume pleinement la responsabilité de cet échec”

Sous l’impact du choc, vous pouvez vous autoriser à vous raconter l’histoire de la victime. Mais de manière temporaire, pour vous défouler. Imaginons que vous fassiez tomber votre téléphone dans les toilettes. Sur le coup, vous pouvez rejeter la faute sur la gravité. Ne mentez pas : on l’a tous fait au moins une fois. Mais une fois que vous avez repris vos esprits, racontez-vous systématiquement l’histoire du point de vue de la personne entièrement responsable. Demandez-vous pourquoi vous tenez votre téléphone au dessus de la cuvette alors qu’on connaît tous ce danger.

Responsable ne veut pas dire coupable. Responsable veut dire que vous analysez ce qui était en votre pouvoir et comment vous allez réagir. Se concentrer sur ce qui ne dépend pas de vous (comme la gravité) n’est d’aucune utilité et vous met dans une position d’asservissement à l’extérieur.

Tout ce que nous faisons obéit à un mélange entre aptitudes et chance. Et nous avons une fâcheuse tendance à tout mettre sur le compte de nos aptitudes quand on gagne et à tout mettre sur le dos de la malchance quand on perd. Luttez contre ce réflexe : concentrez-vous sur la partie qui dépendait de vos aptitudes.

Imaginons que vous auriez voulu vivre à l’étranger avant vos 30 ans. Vos 30 ans arrivent et vous êtes encore coincé à La Défense.

Rejeter la faute sur la société, vos parents, votre partenaire, vos enfants ne vous emmènera nulle part et c’est souvent très malhonnête intellectuellement. Aucun enfant n’a jamais réclamé à ses parents d’être riches et malheureux. En revanche, assumer votre responsabilité en analysant pourquoi vous n’avez pas osé quitter ce job qui vous rapporte beaucoup mais vous rend malheureux est infiniment plus constructif.

Plutôt que de vous concentrer sur le résultat, concentrez-vous sur vos efforts. Avez-vous fait de votre mieux ? On peut faire de son mieux et perdre. Mais on peut aussi faire de son pire et gagner. Parce que tout est toujours une combinaison entre aptitude et malchance. Vous pouvez griller un feu rouge et ne percuter personne. Mais vous pouvez aussi avancer au vert et vous faire percuter par quelqu’un qui a grillé le feu rouge. Dans le premier cas, la chance vous a sauvé malgré votre piètre prestation. Dans le second, la malchance vous a frappé malgré votre bonne décision.

Trop se focaliser sur le résultat est donc un piège car il vous amène à négliger l’impact de la chance. D’ailleurs, j’ai tendance à m’en vouloir autant quand je gagne alors que j’ai mal joué. À chaque fois on me dit “comment tu peux t’en vouloir alors que t’as eu le meilleur résultat ?”. Et je réponds “parce que je sais que c’est uniquement la chance et l’aide des autres : mais ce n’était pas ma meilleure prestation”.

Quand on commence à tout voir sous l’angle de sa responsabilité on en ressort avec un sentiment de liberté incroyable. Il vaut mieux se sentir responsable et triste parce qu’on a pas donné le meilleur plutôt que de se sentir consolé (parce qu’on se dit que rien n’est de notre faute), mais impuissant.

Vous ne vous en rendez pas compte mais à chaque fois que vous vous dites qu’une défaite n’est pas du tout de votre responsabilité, vous vous privez au passage de votre liberté. Si ce n’est pas de votre faute alors vous êtes juste une victime impuissante. Je ne sais pas si c’est une très bonne nouvelle ?

Je connais des gens qui sont des experts à se décrire comme des victimes du monde. J’ai une amie qui est victime d’un complot des machines : à chaque fois qu’elle tape son mot de passe, les machines lui disent que c’est le mauvais. Quelle malchance ! Et bien, non seulement elle n’apprend pas de ses erreurs en écrivant ses mots de passe pour ne plus les oublier mais en plus elle se sent en permanence impuissante.

Ne troquez pas la responsabilité contre l’impuissance. Le calcul est très mauvais. Vraiment très mauvais…et dangereux.

Clé #2 : se pardonner

Encore une fois, je ne vais pas vous servir la fable des défaites qui font grandir et qu’il faut donc apprécier. Encore moins celle qui dit qu’il faut perdre pour gagner. Certaines personnes enchaînent beaucoup plus de victoires que d’autres. Le hasard est injuste.

Non, qui que vous soyez les défaites vous feront souffrir. Tout au long de votre vie. Cette réaction est saine : votre esprit vous envoie un signal. Vous souffrez parce que vous vous sentez concerné par l’enjeu. Vous souffrez parce que votre esprit vous suggère de ne plus perdre.

Ne fuyez pas cette souffrance : regardez-la dans les yeux et embrassez-la. Malheureusement, plus on essaie de se soustraire à la souffrance et plus elle frappe. Les psychologues appellent ça l’amplification émotionnelle. La souffrance n’est pas quelque chose à fuir.

D’autant plus que le sentiment de culpabilité est bénéfique. Quand on éprouve du remord, on devient une meilleure personne pour la suite. En revanche, la honte n’est pas bénéfique. Quelle différence ? La culpabilité c’est dire “j’ai fait une erreur”, la honte c’est dire “je SUIS une erreur”. La culpabilité dit “j’ai fait quelque chose de mauvais”, la honte dit “je SUIS quelqu’un de mauvais”.

Et c’est là qu’intervient la compassion pour soi-même, l’indulgence. La clé #1 ne fonctionne que si et seulement si vous êtes capable d’enclencher la clé #2. Reprenons l’exemple d’une rupture amoureuse. La dernière fois que je suis passé par là, j’en ai assumé la responsabilité (après la phase victime pour se défouler). J’ai regardé ce que j’avais mal fait, ce que j’aurais pu mieux faire. Alors…ça ne veut pas du tout dire que je ne reproduirai pas les mêmes erreurs : je fais toujours à peu près les mêmes erreurs. Mais ça évite de sombrer dans l’impuissance.

Néanmoins, je ne vais pas non plus m’auto-flageller. Prendre votre responsabilité ne veut pas dire vous traiter vous-même de manière odieuse. Soyez aussi indulgent avec vous-mêmes que vous le seriez avec votre meilleur ami, votre enfant, votre parent, votre partenaire.

Quand quelqu’un que vous aimez passe par une défaite dont il ou elle est 100% responsable, quelle est votre réaction ? Probablement pas “mais t’es trop nul ! Regarde ce que tu as fait”. Votre première réaction sera de faire preuve d’indulgence (sans pour autant rejeter la faute sur quelqu’un d’autre).

Sans compter que vous risquez de vous embarquer dans une spirale infernale de la flagellation. En quoi ça consiste ? D’abord vous vous en voulez à cause de la défaite en question. Donc vous vous sentez encore plus mal. Et là vous vous en voulez de vous sentir plus mal, donc vous vous sentez encore encore plus mal…et ainsi de suite.

Que faire quand on laisse la honte nous aspirer ? La dernière fois que j’ai eu vraiment honte, j’avais passé tout une conférence la braguette ouverte. Devant environ 80 personnes que je ne connaissais pas. Il n’y a qu’une seule méthode pour guérir de la honte. Première étape : être indulgent avec vous-même. Après, tout ce n’est pas un événement si important que ça. Ma collègue, qui était morte de rire, s’en rappellera longtemps. Mais les autres auront oublié le lendemain. Deuxième étape : en parler à un autre être humain. La honte disparaît quand vous parlez d’elle à quelqu’un de bienveillant. Parlez-en à quelqu’un de confiance qui vous dira que ce n’est pas grave et qui normalisera la situation.

La honte n’a de prise sur vous que si et seulement si vous ruminez en silence vos imperfections. Une fois que vous l’aurez dit à quelqu’un qui vous aura répondu “mais moi aussi je suis imparfait” elle finira par s’étioler.

La priorité est donc d’aller trouver de l’indulgence envers soi. Et, si vous n’y arrivez pas tout seul (ce qui est normal), de se faire aider par un ami. Dans mon cas, c’était justement avec ma collègue morte de rire que j’ai enclenché le processus de normalisation et de dédramatisation.

Bien entendu, l’auto-indulgence est directement liée à l’amour de soi. Réfléchissez-y, quand vous aimez quelqu’un vous passez ses défauts sous silence. Alors que le moindre petit défaut de votre ennemi, vous enrage. L’indulgence est l’inverse de la honte. La honte vous torture car vous vous sentez imparfait. L’indulgence accepte l’imperfection. C’est même plus fort que ça, je n’aime pas mes amis MALGRÉ leurs défauts. J’aime mes amis AVEC leurs défauts. La nuance est de taille. Vous n’aimez pas vos proches MALGRÉ leurs défaites. Vous aimez vos proches AVEC leurs défaites.

Appliquez-vous le même traitement. Tout “simplement”.

Clé #3 : savourer le verre entier (la moitié pleine mais aussi la moitié vide)

Vous avez trouvé que les deux points précédents étaient plus faciles à dire qu’à faire ? Vous avez raison…mais celui-ci est encore pire ! Il s’agit de cultiver et faire monter en vous le sentiment de gratitude. Se concentrer sur ce que vous avez eu plutôt que sur ce que vous n’avez pas eu. Encore une fois, nulle question de jouer au coach californien à dents blanches qui explique que y’a du bon dans tout.

Il s’agit plutôt de comprendre que notre perception joue un rôle immense dans la manière dont on vit les événements. Si je reviens à mon histoire de relation qui se termine, se rappeler qu’on a vécu plus de bons moments que de mauvais moments permet d’éviter à la perception de réécrire l’histoire en fonction de la fin.

Et il faut être très vigilant : l’histoire que vous vous racontez joue énormément. C’est elle qui va être stockée dans votre mémoire. Si vous décidez d’oublier tous les bons moments alors vous garderez l’histoire pessimiste en mémoire.

Les coachs californiens n’ont pas tort : ils sont juste caricaturaux. Dans chaque défaite vous avez des éléments de satisfaction. On perd rarement de manière totalement honteuse. Des fois, ne serait-ce qu’avoir eu le courage de jouer le match est un motif d’auto-gratitude.

À cet égard, la clé#2 est fondamentale : au lieu de rentrer dans la spirale infernale de la flagellation, vous allez rentrer dans un cercle vertueux de l’indulgence. En quoi ça consiste ? Vous vous pardonnez d’avoir perdu. L’acceptation de la défaite fait que vous vous sentez mieux. Puis vous vous sentez mieux de vous sentir mieux. Puis vous éprouvez de la gratitude envers vous-même car vous ne vous êtes pas flagellé, donc vous vous sentez encore mieux…et ainsi de suite.

Si même les autruches le font, on peut le faire !

La puissance de la gratitude réside également dans le fait de s’inscrire dans le moment présent. La vie est un escalier mais on ne vit que sur une seule marche à la fois. La gratitude consiste à savourer chaque marche pour ce qu’elle est. La gratitude consiste à savourer le voyage présent, au-delà de la provenance et de la destination.

S’ancrer dans le moment présent, vous ramènera à une réalité fondamentale : vous pourriez être mort. Avoir l’opportunité de jouer est déjà, en soi, un motif de réjouissance, que vous perdiez ou que vous gagniez.

Une des méthodes les plus connues pour développer son aptitude à éprouver de la gratitude est la méditation. Oui, je sais ! Vous en entendez parler partout. Mais il y a une raison à cela. Je ne vous ferai pas un article sur la méditation, ce n’est pas le sujet. Néanmoins retenez au moins qu’il s’agit de tout sauf d’un truc ésotérique et religieux réservé aux moines bouddhistes. Il y a des religions qui utilisent la méditation. Mais tous ceux qui utilisent la méditation ne sont pas religieux. Deuxième remarque : la méditation ne consiste pas à arrêter de penser, comme le veut le cliché hollywoodien (encore la Californie dit donc…ou plutôt sa caricature).

La méditation consiste à être dans l’instant présent, en pleine conscience. Vous avez plusieurs méthodes pour y arriver : la plus connue étant celle de se concentrer sur la respiration. Mais ce n’est qu’un chemin parmi d’autres. Vous pouvez y arriver en vous concentrant sur les bruits internes de votre corps (comme le déglutissement de la salive) ou alors on vous concentrant sur la sensation de contact de votre corps avec le reste du monde (vos pieds sur le sol par exemple). Ou, plus généralement, en mélangeant plusieurs méthodes. Yeux fermés, yeux ouverts, debout, assis, il n’y a pas de règle absolue.

Je vous mets une méditation guidée ici:

Mais j’insiste : il n’y a pas de méthode absolue. Si vous n’aimez pas cette vidéo, trouvez-en une autre. Il y a autant de méthodes que de personnes. À vous de voir ce qui vous convient le mieux. Par exemple, je déteste méditer assis. Je médite mieux debout. D’autres personnes méditent mieux assis.

Parenthèse fermée sur la méditation : quand vous aurez atteint la maîtrise de la gratitude, vous pourrez accélérer le processus de digestion de la tristesse. Vous savez…quand la tristesse finit par devenir la nostalgie des bons moments.

Ecrire des textes sur la mort de mon père a transformé la tristesse en mélancolie et en nostalgie et même en bons moments, en “good times”. En côté “raindrops keep falling on my head”. Je sais pas si les gens ont la référence. J’y repense comme le flashback dans le prince de bel air, c’est sur cette musique à chaque fois : l’amitié, les gens qui marchent au ralenti et mangent des glaces. Ça place le personnage de mon père au milieu de plein de bons souvenirs.

Je n’ai pas trouvé de passage du Prince de Bel-Air libre de droit donc voici la chanson ^^.

Ce n’est pas un hasard si l’autre méthode connue pour développer de la gratitude est de mettre à l’écrit ce pour quoi on ressent de la gratitude. Tous les jours. On part du principe que la gratitude est un muscle interne et non pas externe. Plus vous êtes capable de développer ce muscle et plus votre résilience à la souffrance se développe. Pratiquer quotidiennement, quand tout va bien, vous permet de retrouver plus facilement ce muscle quand ça va mal.

Enfin, mélanger la clé #3 avec la clé#1 permet aussi d’amplifier la gratitude. En associant la responsabilité et la gratitude vous pouvez arriver à être content de la défaite. Je sais : difficile à croire. Mais si vous êtes responsable de votre vie alors vous avez les souffrances que vous avez choisies. Chaque chemin que l’on prend va avec une souffrance.

Par exemple, choisir la monogamie va avec la douleur (frustration) de ne pas pouvoir explorer d’autres partenaires. Et on doit apprendre à la gérer. Mais choisir le polyamour va avec la douleur (jalousie) de voir son partenaire explorer d’autres partenaires. Et on doit apprendre à la gérer. Il n’y a pas de voie meilleure qu’une autre. Enfin si : celle que vous choisissez en pleine responsabilité est la meilleure voie. Si vous choisissez un chemin sous la contrainte alors vous devenez impuissant. Si vous choisissez un chemin en pleine conscience vous pouvez simplement vous dire “c’est la souffrance qui va avec”.

Et…idée qui me paraissait folle avant de l’expérimenter moi-même, vous pouvez être en plein coeur de la souffrance, vous arrêter et vous dire “je ne renie pas cette souffrance, c’est le chemin que j’ai choisi, pour rien au monde je n’irai dans l’autre chemin”. Sans même vous en rendre compte, vous vous mettez à sourire au milieu de la tristesse. Je ne vous dis pas que vous vous mettez à sauter de joie, mais d’un coup on lâche prise et on accepte.

Se rappeler de pourquoi vous avez choisi ce chemin permet de comprendre que la défaite fait partie de ce chemin et d’éprouver de la gratitude envers vous-même pour avoir pris ce chemin. Vous savez le fameux “l’important c’est pas de gagner, c’est de participer” ? Gagner est très important mais savoir pourquoi on participe l’est encore plus.

Choisir un chemin c’est choisir de s’exposer aux défaites qui vont avec. Choisir de devenir peintre c’est s’exposer aux longues années sans revenus stables. Choisir de refuser le salariat c’est s’exposer à être moins bien couvert socialement. Choisir de refuser l’alcool c’est s’exposer à la pression sociale des gens qui voudront vous faire boire et potentiellement vous sentir exclu. Mais si vous faites ces choix en conscience et que vous vous en rappelez au moment de la défaite, alors accepter la souffrance devient bien plus simple.

Hey ! Attends :D

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Conclusion et résumé

Je n’ai pas la prétention de vous proposer une formule magique. Mais ce petit modèle m’aide (quand j’arrive à m’en rappeler).

Clé #1 : Prendre la responsabilité de sa défaite

Clé #2 : Se pardonner à soi-même

Clé #3 : Savourer. Et…savourer tout le verre (moitié pleine mais aussi vide)

Clé#1 : il s’agit de garder la responsabilité et donc la liberté en soi. Le réflexe consistant à ne voir que la responsabilité des autres ou la malchance permet de consoler son ego mais devient une prison dorée. Si vous n’êtes pas responsable, vous n’êtes pas libre non plus : vous êtes une victime. Pour avoir du confort vous échangez la responsabilité contre de l’impuissance. Très mauvaise idée.

Clé #2 : prendre la responsabilité ne veut pas dire s’auto-flageller. Au contraire : on va rester aussi indulgent avec soi-même qu’on le serait avec un proche. On pardonne les défaites de nos proches, parce qu’on les aime. Pardonnez-vous vos propres défaites. Et si vous manquez d’amour de vous…demandez à des proches de vous aider.

Clé#3 : savourer toute la situation. Cette clé peut sembler contre-intuitive mais elle est libératrice. Il s’agit de commencer par se concentrer sur ce qu’on a eu plutôt que sur ce qu’on a raté. Essayer est déjà un motif de satisfaction en soi. Ensuite, il s’agit d’aller au-delà et d’apprécier également la souffrance. Chaque chemin vient avec sa souffrance et si vous n’aimez pas la souffrance de ce chemin : vous n’aimez pas le chemin. La vie est une suite de journées et on ne vit qu’une journée à la fois. Donc choisir un chemin dont vous aimez le résultat fantasmé dans 3 ans mais où vous détestez chaque journée de la semaine prochaine est une folie.

Selon votre personnalité vous serez plus ou moins à l’aise avec chacune des clés. Par exemple, j’ai du mal avec la clé #1 quand je suis énervé : je vois d’abord les fautes de l’autre. En revanche, je me vois rarement comme victime d’une malchance externe : c’est toujours avec un autre être humain. La clé#2 est celle où j’ai le plus de facilité car mon estime de moi fait ça assez naturellement. Et la clé#3 est mitigée. Je suis très bon dès que je me dis consciemment que je dois le faire. Mais ça demande un effort conscient de ma part.

Mais quand j’y arrive, tout devient plus facile à encaisser. Et surtout : ça développe le bon état d’esprit pour apprendre de ses défaites et pas simplement les subir.

Sources

Comme d’habitude, je n’ai rien créé d’original. Tout ce qui est intéressant a déjà été dit, mais comme personne n’écoute il faut le répéter souvent. (Et évidemment que cette phrase non plus n’est pas de moi). Voici mes sources principales.

Kyan Khojandi dans Nouvelle École

Si vous me lisez et que vous n’écoutez pas Nouvelle École, n’allez pas dire après que je ne vous avais pas prévenu ! Ce podcast est une mine d’or, et je pèse mes mots. C’est dans l’épisode avec Kyan Khojandi (le mec de Bref) que j’ai puisé la phrase sur la tritesse qui devient bons moments. Et, incidemment, c’est aussi un de mes épisodes préférés donc une bonne manière de commencer ce podcast si vous ne l’avez jamais écouté.

Non mais sérieusement…allez-y ! J’ai déjà trois personnes qui sont revenues me voir en me disant “ah ouais, en fait t’avais raison, je sais pas pourquoi j’ai mis autant de temps à l’écouter”. Et à chaque fois j’ai envie de vous mettre des claques amicales !

(Mohamed, je sais que tu vas lire ça. Écoute cet épisode, c’est un ordre)

Brené Brown

Cette conférence TED est lunaire. Vraiment. Je ne sais pas pourquoi j’ai mis autant de temps à la découvrir, ni pourquoi c’est celle de Sir Ken Robinson qui est première et que celle-ci n’est “que” la quatrième plus vue.

Elle parle de la puissance de la vulnérabilité comme antidote à la honte. Avec notamment un paradoxe : on a honte de sa propre vulnérabilité mais on accueille celle des autres comme du courage.

Life is a picture, but you live in a pixel

Je trouvais que la phrase marchait moins bien en français car on a pas de traduction pour “pixel”, on a repris le mot tel quel. Du coup il perd un peu de sa force. J’ai donc remixé en “la vie est un escalier mais on ne vit que sur une seule marche à la fois”.

Cet article parle de notre tendance à toujours fantasmer sur le futur, en oubliant qu’en fait une bonne vie c’est plein de bonnes journées (ça aussi je l’ai entendu dans Nouvelle École). Et, au lieu de chercher un chemin qu’ils aiment, les gens cherchent une destination qu’ils aiment, même avec un chemin pourri.

The subtle art of not giving a f*ck

Je vous en ai déjà parlé plusieurs fois. Ici, j’ai volé la partie sur le fait d’aimer la souffrance que l’on a choisi.

Self compassion exercice

Un exercice qui vous invite à vous traiter comme un ami, tout simplement.
http://self-compassion.org/exercise-1-treat-friend/

Self compassion test

Un test pour mesurer votre capacité à l’auto-indulgence. Le plus dur étant de répondre honnêtement car on voit gros comme une maison où les questions veulent en venir.
http://self-compassion.org/test-how-self-compassionate-you-are/

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Nicolas Galita
Dépenser, repenser

Tu as aimé ce que tu as lu ? Ce n’était qu’un amuse-bouche. Je partage bien plus de contenu ici : https://nicolasgalita.substack.com