Nos vêtements synthétiques polluent les océans

Nous savons qu’une quantité innombrable de microplastiques polluent les cours d’eau, les mers et les océans. Ce que nous savons moins en revanche, ce sont les sources : 60 % de ces micro-plastiques proviennent des vêtements que nous possédons.

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4 min readNov 14, 2018

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© pixabay

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Un problème qui ne date pas d’hier

En 1884, le premier fil artificiel est créé à partir d’acétate de cellulose. La viscose ou « la soie artificielle », remplace alors petit à petit le coton et la laine. Après la Seconde Guerre mondiale, les logiques de la mode évoluent. En 1947, une centaine de maisons de hautes coutures conçoivent des vêtements pour une élite. Aujourd’hui, elles sont moins de cinq. Standardisé, démocratisé, c’est le prêt-à-porter et la production de plus en plus effrénée qui dominent désormais le marché, avec son lot de produits en matières synthétiques bas de gamme.

Activités sportives ou en plein air… Nous portons de plus en plus de vêtements en fibres synthétiques. Les matières se lavent facilement en machine, sont efficaces pour lutter contre le froid… mais, lorsque nous les lavons, elles relâchent dans l’eau des microfibres de matières plastiques qui, par leur finesse, passent les filtres des stations d’épuration et se retrouvent dans les océans.

La vidéo du collectif Story Of Stuff explique de façon ludique ce phénomène :

© The Story of Microfibers · The Story of Stuff Project

Les fibres des vêtements synthétiques polluent (les cours d’eau, les sols, et nos organismes)

Nous possédons tous·te·s un certain nombre de vêtements en fibres synthétiques. Nous possédons donc tous·te·s des vêtements produits à partir de pétrole et/ou de charbon (rejet de CO2, demande en ressources naturelles). Avant d’arriver dans nos placards, ils auront voyagé (rejet de CO2) et subit, dans certains cas, des traitements chimiques, pour atteindre un toucher, une couleur en particulier (pollution).

Une fois qu’ils nous appartiennent, nous les entretenons de plusieurs manières : soit en les lavant à la machine ou à la main au contact de l’eau (déversement des micro-fibres plastiques dans les cours d’eau) ; soit à sec en faisant appel aux service d’un pressing, qui utilise des solvants organiques très polluants. Enfin, les vêtements jetés à la poubelle verte sont incinérés et rejettent des vapeurs toxiques dans l’atmosphère.

© Fondation Ellen MacArthur

Une pollution invisible qui finit dans nos estomacs

© pixabay

Une pollution invisible, pernicieuse… et très inquiétante ! En 2015, l’Agence environnementale de Norvège a publié une étude sur la présence des micro-plastiques dans les organismes vivants. Les résultats confirment que le lavage des textiles synthétiques est une source de pollution constante de l’environnement et par extension de tous les écosystèmes qui y résident.

Dans la revue scientifique internationale Nature, une équipe de chercheur·se·s met en évidence la présence de déchets plastique dans l’estomac des poissons et des crustacés commercialisés : l’estomac des thons, des cultures de moules ou encore d’huîtres vendues en supermarchés comportent des déchets plastiques, et ces déchets finissent dans notre estomac.

Quelles solutions avons-nous trouvé ?

Bien que le plus satisfaisant serait, on se l’accorde, que la « fast fashion » ralentisse un peu, (d’après le dernier rapport de la fondation EllenMacArthur, une quantité de déchets textiles de la taille d’un camion à ordure est brûlé toutes les secondes), il existe des astuces pour réduire la présence des microfibres synthétiques dans l’océan.

Une marque Norvégienne a notamment créé un filet à linge le « guppy friend », aux mailles si fines qu’il retient les fibres textiles qui s’échappent lors du lavage !

N.B : Une étude datant de 2007 a comparé les bilans carbones et le coût environnemental des fibres naturelles et des fibres synthétiques. Aujourd’hui, avec le rythme de la production, il est impossible en termes d’espace de cultures disponibles, de remplacer l’ensemble des fibres synthétiques par des fibres naturelles. Ne jetez donc pas vos anciens vêtements, continuez à privilégier la seconde main, et laver vos vêtements techniques avec un filet à linge !

→ Filet norvégien : http://guppyfriend.com/en/ Appel entrepreneur·se·s ! Les consommateur·ice·s français·e·s veulent la même chose !

Par Léa Dang

Sources principales :

Études sur les pollutions des micro-plastiques :

Emissions of microplastic fibers from microfiber fleece during domestic washing Pirc, U., Vidmar, M., Mozer, A. et al. Environ Sci Pollut Res (2016) 23: 22206.

https://link.springer.com/article/10.1007/s11356-016-7703-0

http://www.septiemecontinent.com/pedagogie/wp-content/uploads/2014/11/Histoire-du-plastique.pdf

https://www.ellenmacarthurfoundation.org

Historique de la mode :

Barrère, Christian, et Walter Santagata. La mode. Une économie de la créativité et du patrimoine, à l’heure du marché. Ministère de la Culture — DEPS, 2005.

Weltrowski, Marek. « L’écologie : un critère à considérer lors de l’achat d’un vêtement ? », Éthique de la mode féminine. Presses Universitaires de France, 2010, pp. 67–80.

https://www.cairn.info/ethique-de-la-mode-feminine--9782130578154-page-67.htm

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