Projet de recherche : design et démocratie (Partie 4)

Comment nous avons construit le protocole, l’outil qui nous a permis de dessiner notre projet de place démocratique

Julien Boniteau
Intégral

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Grandes invariables

Sur l’ouverture globale et les nouvelles communautés intentionnelles, Ezio MANZINI évoque cinq paramètres essentiels. Tout d’abord, la possibilité de choisir, c’est-à-dire notre capacité à accepter que les nouvelles communautés que nous constituons chaque jour doivent être considérées comme un vaste et complexe organisme dans lequel chacun peut trouver sa place et s’intégrer, en choisissant librement comment, où, pendant combien de temps et avec quelles ressources. Cette première caractéristique distingue les communautés intentionnelles des communautés prémodernes, car les liens créés sont le résultat d’un choix direct. Ensuite, Ezio MANZINI évoque un espace rempli d’opportunités : ces communautés intentionnelles jouissent de conversations, d’échanges et de rencontres de grande qualité, générés par des membres prêts à transformer leurs paroles en actes pour atteindre des objectifs communs. S’ajoute à cela un phénomène qu’Ezio MANZINI appelle la régénération continue. En effet, la construction d’une communauté n’est jamais véritablement terminée, et Ezio MANZINI d’ajouter que « la stabilité des formes est toujours associée à la continuité des conditions environnantes qui les ont générées ». Enfin, ces communautés intentionnelles sont caractérisées par deux variables géographiques. Toutes vivent et évoluent dans un environnement hybride, partagé entre le numérique et le physique, en ligne et hors-ligne. Ces lieux sont caractéristiques des communautés intentionnelles, qui ont su se les approprier et les valoriser. En permettant à chacun de découvrir sa propre volonté de participation, ces communautés intentionnelles stimulent l’ensemble des ressources humaines disponibles. Plus encore, l’organisation même de ces communautés établit un contexte culturel qui vise à tirer le meilleur des motivations de ses membres et à en stimuler de nouvelles.

MANZINI, Ezio. Politics of the Everyday. Ezio MANZINI. London : Bloomsbury Visual Arts, 2019, 152 p.

Inclusion

Pédagogie universelle

Sur l’apprentissage et le comportement en groupe, de plus en plus de spécialistes de la pédagogie assurent que les écoles devraient revoir leur programme d’éducation pour intégrer l’enseignement des « quatre C ». Les quatre C sont la pensée critique, la communication, la collaboration et la créativité. Cette philosophie et cette approche de l’apprentissage et des relations humaines soutiennent qu’il faut minimiser l’importance des compétences techniques pour privilégier et valoriser les compétences générales nécessaires à la vie de tous les jours. La pensée critique nous permet d’évaluer et d’apprécier ce que nous croisons, ce que nous expérimentons. Prendre position par rapport à quelque chose, basé sur notre vécu et notre ressenti, nous permet de développer notre pensée critique, et donc notre argumentaire et notre logique. La communication et la collaboration, justement, sont un terrain de jeu pour déployer notre pensée critique, la confronter à d’autres, échanger, partager et s’associer. La créativité, enfin, favorise l’émergence d’idées nouvelles et de solutions alternatives, de pistes inattendues et de chemins périphériques, essentiels dans un projet humain.

MAALOUF, Amin. Le naufrage des civilisations. Grasset & Fasquelle. Paris : Grasset, 2019, 336 p.

Les 4 C : Pensée critique, communication, collaboration et créativité

Clarté informative

Donner encore et toujours plus d’informations et de renseignements à ses élèves est bien la dernière chose qu’ait besoin de faire un enseignant, car ils en ont déjà beaucoup trop et ne sauraient les traiter. Mieux vaut leur apprendre à créer des filtres efficaces, pour dégager le sens des informations qu’ils ont déjà accumulées. Identifier l’important et reconnaître le futile, fusionner les ensembles variés d’informations qui sont d’ores et déjà en leur possession pour acquérir une vision globale du monde qui les entoure et qu’ils peuplent. Nous devons apprendre, dès le plus jeune âge, à traiter l’information, à dégager le vrai du faux, à filtrer les données dont nous sommes constamment bombardés, comme nous avons appris à lire, à écrire et à compter. Nous ne vivons plus l’époque de l’accumulation des informations, mais celle de la culture par le filtrage des données. Notre culture, entendue comme système de savoirs, d’opinions, de croyances, de coutumes et d’héritages historiques partagés par un groupe humain particulier, est évaluée par notre capacité à jeter ce qui n’est ni utile ni nécessaire.

ECO, Umberto. Chroniques d’une société liquide. Librairie générale française. Paris : Grasset, 2017, 552 p.

Autrefois, lorsqu’Internet ne permettait pas la diffusion mondiale d’une nouvelle en quelques secondes, l’ignorance était le problème de la société. Aujourd’hui, la difficulté réside dans les pensées préconçues, lesidées reçues, les clichés, les jugements hâtifs, les certitudes non démontrées et les raisonnements par l’absurde comme démonstrations scientifiques. Dorénavant, le pouvoir appartient à la clarté. Un énoncé limpide, correctement formulé, l’emportera forcément sur un discours opaque, sombre et flou. La pensée complexe pèse 10Go alors qu’une métaphore mesurera 10Ko. Trouver une propriété commune à deux éléments apparemment distincts sera beaucoup plus parlant que de tenter d’en donner les définitions respectives.

Esther DUFLO assure que l’information et la mésinformation ont un impact direct ainsi que des conséquences visibles sur les populations les plus pauvres. Elle avance donc qu’il faut prioriser l’accès à l’informations pour les personnes défavorisées. Elle affirme aussi qu’il est nécessaire d’accompagner les précarisés pour qu’ils n’aient pas à penser à tout en permanence. Enfin, elle souligne l’importance de l’espoir. Ses travaux prouvent que lorsque des personnes en situation de pauvreté entrevoient des perspectives de sortie de la misère, cela leur donne de l’énergie pour agir.

MAUROT, Élodie. Esther Duflo : « Nous devons comprendre comment les pauvres raisonnent ». La Croix, 15 février 2012 [22 octobre 2019]. https://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Esther-Duflo-Nous-devons-comprendre-comment-les-pauvres-raisonnent-_EP_-2012-02-15-768662

Intelligence collective

Protocole

Le protocole est un outil paramétrique essentiel pour chaque acteur souhaitant implémenter dans sa commune notre projet de place démocratique. Ce protocole s’adapte au contexte propre à chaque localité.
Sur l’axe vertical se trouvent l’ensemble des variables essentielles à la bonne mise en place d’une place démocratique : le contexte, l’humain, les relations et interactions, l’engagement, la communication, les filtres et l’architecture. Ces catégories regroupent des sous-catégories telles que la densité, les frustrations, les lobbies, la nuit, etc.
Sur l’axe horizontal se trouve le processus nécessaire à chaque personne désireuse de s’emparer d’un sujet au sein de notre lieu et décrit grâce à la user map ci-après. De l’exploration à la maîtrise en passant par la conquête d’un sujet, toutes les étapes d’un processus démocratique sont traitées.

Protocole
User map

Nous retrouver

Vous pouvez retrouver notre série complète d’articles sur notre projet de place démocratique en suivant ce lien.
Lien direct vers la partie 1.
Lien direct vers la partie 2.
Lien direct vers la partie 3.
Lien direct vers la partie 5.

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