Changer de voie après un burn-out

Marina Bourgeois
Oser Rêver Sa Carrière
5 min readSep 8, 2020

Il y a bien souvent un avant et un après burn-out. Une fois le gros de la turbulence passé et la pente remontée, c’est l’heure des choix. Des questions fondamentales, voire existentielles. Elles sont nécessaires et bien souvent latentes depuis un certain temps. Elles sont vos meilleurs garde-fous pour l’avenir. Car il ne s’agit pas de repartir comme en 40. Le risque de rechute est trop grand.

Il s’agit donc de se poser les bonnes questions. Et de trouver les bonnes réponses…

Parmi ces questions, l’une des plus délicates concerne l’avenir professionnel : que faire à présent ? Retourner dans mon entreprise ou dans mon cabinet à l’issue de mon arrêt ? Changer d’environnement de travail c’est-à-dire d’entreprise, de cabinet, d’organisation en restant sur le même type de poste ? Ou changer de coeur de métier, autrement dit me reconvertir ?

Beaucoup se reconvertissent, même partiellement.

Par choix souvent. Par défaut parfois.

La peur de retourner dans la même entreprise ou dans le même cabinet, de faire face aux mêmes sources de stress qu’auparavant, de revoir ses équipes, ses collaborateurs ou sa hiérarchie et de se retrouver à nouveau piégé dans un rythme effréné poussent certain(e)s à ne pas retourner “sur les lieux du crime” et à envisager un changement de voie.

Autrement dit, à faire le grand saut.

Pourquoi ?

L’une des (heureuses…il en faut bien !) conséquences de l’épuisement professionnel est bien souvent la redécouverte de soi et d’une nouvelle façon de percevoir la vie.

La victime de burn-out se rend compte qu’elle avait auparavant mis tous ses oeufs dans le même panier en ne misant que (ou presque) sur sa vie professionnelle largement sur-investie. Il faut alors se ré-emparer des autres pans de sa vie afin de créer un équilibre et le faire durer en ancrant de nouvelles habitudes. En se créant un cercle vertueux.

Retrouver un métier qui a du sens ET se créer une meilleure organisation de vie respectueuse de son écologie personnelle sont des objectifs que nous entendons tous les jours. Ce sont deux démarches indispensables et non exclusives l’une de l’autre.

Pour ne pas rechuter ou décider d’une reconversion trop à la hâte, il est en effet essentiel de travailler parallèlement sur deux sphères connexes : son projet de vie et la bonne intégration de son travail à ce projet de vie.

  • Votre projet de vie.

Qu’ai-je envie de faire de ma vie ? Comment ai-je envie de vivre aujourd’hui ? Quelle vie vais-je me créer pour les années à venir ?

Il s’agit ici d’écouter ses désirs autant que ses besoins et d’en prendre acte : exit les postes ou métiers nécessitant des trajets conséquents si vous ne supportez plus les transports ou si vous souhaitez optimiser votre temps pour en passer plus avec vos enfants ou dans une salle de sport.

La question des besoins est un pré-requis pour aller plus en amont dans votre réflexion : de quoi ai-je besoin au quotidien pour être bien ? De quoi ai-je besoin pour me sentir épanoui(e) ? Une fois mes besoins déterminés, comment passer à l’action pour les satisfaire ? Que puis-je mettre en place ? Comment assouvir ces besoins de façon durable ? … Autant de questions à se poser impérativement après un épuisement.

Pourquoi ? Car bien souvent, suite à un burn-out, les épuisés souhaitent à tout prix quitter leur travail. Il s’agit d’un réflexe naturel : fuir la source d’angoisse et de stress pour laquelle ils peuvent même avoir une véritable aversion.

Quitter son travail… pourquoi pas ?

Mais à condition :

1/D’assurer ses arrières en réglant au mieux la stratégie de sortie de son organisation ;

2/De remettre à plat son projet de vie afin de ré-investir les sphères extra-professionnelles, autrement dit sa vie personnelle, sa vie sociale et potentiellement sa vie intérieure. Pour cela, nous avons créé l’exercice du carré de vie que vous pouvez aisément réaliser chez vous.

3/D’intégrer son projet professionnel à son projet de vie.

  • L’intégration de votre projet professionnel à votre projet de vie.

Il est absolument fondamental, après un épuisement, de veiller à intégrer votre projet professionnel à votre projet de vie, et non l’inverse.

Le risque est grand en effet, lorsque l’on va mieux, d’oublier les causes de son burn-out. Les mêmes causes produisant les mêmes effets…

Il faut donc veiller à faire de son travail un des éléments de son projet de vie, mais pas le seul.

Cela est d’autant plus important que les épuisés professionnels se tournent souvent vers l’indépendance et l’entrepreneuriat. Souhaitant une plus grande autonomie et davantage de liberté d’organisation, il n’est en effet pas rare qu’ils réinventent leur vie professionnelle en créant leur boîte ou en se mettant à leur compte. Or, l’entrepreneuriat exige une certaine endurance et un cloisonnement vie personnelle/vie professionnelle idéalement étanche. L’endurance requise constitue un élément à risque pour un ex-épuisé en règle général naturellement prompt à beaucoup travailler

Il est donc nécessaire de ne pas fantasmer le changement de voie, surtout lorsque l’on sort d’un burn-out. Ce n’est pas parce que l’on change de métier que les choses se passeront nécessairement mieux. Un pré-questionnement introspectif est essentiel pour cela. La reconversion, partielle ou totale, ne règle pas tout et certainement pas son rapport au travail. Elle n’est pas l’assurance d’une vie plus équilibrée. Elle ne peut l’être que si un véritable travail de fond a été opéré en amont sur les causes de son épuisement et sur son projet de vie.

Analyser son rapport au travail et accepter une certaine forme de rééducation est un passage obligé, ou tout du moins conseillé, avant de s’envoler vers d’autres rivages…

Marina Bourgeois

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Pour en savoir plus sur la reconversion post burn-out : Marina Bourgeois, Burn-out. Le (me) comprendre & en sortir, 2018.

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