La peur du changement

Marina Bourgeois
Oser Rêver Sa Carrière
5 min readMar 6, 2018

Changer de travail, déménager, lancer son activité, avoir des enfants, changer d’idées, de bord politique, s’installer à deux, divorcer ou encore changer d’amis …autant de virages de vie aussi importants que…flippants ! Le changement fait peur, c’est bien connu.

S’il est évidemment plus facile d’opérer un changement lorsque celui-ci est choisit et non subit, modifier un élément de sa vie constitue pour certain(e)s une épreuve difficile. Modifier une habitude, aussi petite soit-elle, peut s’avérer extrêmement compliqué (qui n’a jamais décidé de se rendre au moins deux fois par semaine à la salle de sport sans y parvenir…? ou encore d’arrêter de fumer ou de perdre du poids ?). Nous le voyons tous les jours en matière de changement de carrière : démarrer un bilan de carrière pour trouver sa voie et donc potentiellement changer de métier, de secteur ou même d’entreprise génère du stress, et parfois de l’angoisse.

Pourquoi une telle résistance au changement ?

Tout d’abord parce que le changement fait peur. On sait ce que l’on perd mais on ne sait pas ce que l’on trouve comme le dit si bien l’adage… Cette peur est protéiforme : peur de l’inconnu, peur de l’échec (“et si je me loupe ?”), peur de commettre une erreur ou de ne pas être à la hauteur, peur d’être déçu(e) ou de décevoir, peur du regard des autres…et même, parfois, peur de la réussite (en amenant plus d’un(e) à s’auto-saboter). Or, la peur conduit à l’immobilisme, à ne pas y aller, à ne pas oser, à rester dans sa zone de confort (quand bien même elle serait en réalité inconfortable). Liée à des systèmes émotionnels très puissants, la peur est l’ennemi de la prise de risque et de l’audace. Elle inhibe l’action. Pour autant, elle est difficilement contrôlable.

Normale, universelle et saine, la peur du changement est une stratégie de survie. Elle devient problématique, voire parfois pathologique, lorsqu’elle est omniprésente, qu’elle empêche systématiquement d’agir et qu’elle se transforme en posture de vie. Elle devient alors usante et surtout handicapante.

Il est donc intéressant de se pencher sur cette question et d’y apporter quelques solutions. Objectifs : ne pas “s’empêcher de”, ne pas freiner son propre développement et ne pas passer à côté d’occasions susceptibles de vous (nous) épanouir.

Concrètement, comment faire afin de ne pas se laisser dévorer par la peur et passer à l’action ?

Il est tout d’abord nécessaire de s’interroger sur sa motivation à changer : pourquoi ? Dans quel but ? Qu’est-ce que je recherche ? S’agit-il d’un nouveau challenge à relever ? Est-ce pour casser la routine ? Ce changement répond-il à un besoin ? Si oui, lequel ? Pourquoi ai-je besoin de ce changement maintenant ? Est-ce le bon moment pour l’amorcer ? Une phase introspective est nécessaire afin de vous préparer au mieux. Plus vous comprenez vos motivations, plus vous augmentez vos chances de parvenir à réussir votre changement. Cela vous évitera également de tomber dans un des pièges inhérents à la volonté de changer : celle de croire qu’autrement rimera nécessairement avec mieux ! Nous avertissons souvent nos accompagnés en bilan de carrière sur les risques du changement de carrière décidé brusquement, sans réflexion préalable : il n’est en effet pas rare de rencontrer des candidats au changement de job persuadés que l’herbe est plus verte ailleurs. Or, “changer pour changer” n’a pas de sens. Le changement n’est pas une valeur absolue en soi ! Exit les discours promouvant systématiquement le changement ou l’érigeant comme moyen de parvenir au bonheur. Chacun est libre de vivre comme il le souhaite ! Et si cela implique de partir toute sa vie au même endroit en vacances, de conserver pendant 40 ans le même manteau ou de rester toute sa vie dans la même entreprise…et bien peu importe ! Le “bon” changement, celui qui est vertueux, répond à notre désir. Il doit être distingué de notre malléabilité (ou flexibilité) de plus en plus exigée, notamment en entreprise. Notre capacité à nous transformer pour rejoindre quelque chose que l’on ne connaît pas doit répondre à une envie et non à une exigence extérieure. Tout quitter pour se réinventer vient de soi, et non des autres.

Les spécialistes du changement s’accordent par ailleurs à dire que pour changer, il faut y aller pas à pas (#kaizen) en remplaçant ce qui doit être changé par de nouvelles habitudes et en procédant par répétition. Nous le savons aujourd’hui, notre cerveau n’aime pas les changements*. 99,9% de nos journées sont dictées par nos habitudes. Bouleverser cet état de fait n’est pas chose plaisante pour notre cerveau. Il faut donc, idéalement, amorcer des virages en procédant étape par étape et en levant les éventuels obstacles les uns après les autres. Autrement dit, optez pour la douceur. Tel que l’indique Christophe André “c’est parfois un miracle de réussir à changer tellement il y a d’obstacles dans la vie”. Il ne sert donc à rien de viser d’emblée le sommet de la montagne. Pour y parvenir, il faudra s’arrêter, se poser (pour ne pas dire “se pauser”) et même parfois reculer. Cela fait parti du chemin.

Il est donc opportun de commencer son processus de changement par définir clairement ce que l’on souhaite changer. Ensuite, fixez-vous des étapes puis mettez les en marche. Amorcez le changement.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, l’amorçage n’est pas forcément l’étape la plus dure. La plus grande difficulté dans le changement tient à notre capacité (ou non) à le maintenir. Nous ne sommes pas égaux face à cette capacité. Certain(e)s ont le muscle de la volonté plus galber que d’autres ! Pour ancrer durablement de nouvelles habitudes, il faut donc répéter, répéter puis répéter. Continuer, répéter, continuer, répéter. Là est sans aucun doute le passage le plus délicat du changement : le maintien.

Sortir de sa zone de confort implique donc de l’effort. Il est nécessaire de le prendre en compte avant de démarrer un changement afin de trouver la meilleure période et surtout la meilleure méthode : celle qui vous convient. Une constante : seule la répétition permet l’ancrage. Les scientifiques considèrent en effet qu’une habitude nait au bout de 21 jours…il faut donc tenir bon durant au moins trois semaines (minimum) et répétez, répétez pour mieux ancrer les choses. Mais cela peut valoir le coup…car mieux vaut avoir des remords que des regrets…;-).

Pour poursuivre votre réflexion, n’hésitez pas à écouter le podcast de France Inter sur le sujet.

*James Teboul et Philippe Damier, Le neuroleadership: Le cerveau face à la décision et au changement, Editions Odile Jacob.

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