SAISON 1 - Episode 2 : WHEN ?

Les Sousous dans la Popoche (Série B PHENIX — S1E2)

Jean MOREAU
6 min readDec 6, 2018

Le sondage de fin d’épisode 1 est sans appel : 35 votes, 35 voix pour.

Il semblerait donc qu’on ait pris la bonne décision, ou du moins que l’on vous ait convaincus des raisons qui nous avaient poussés à entreprendre la démarche de levée.

Passons maintenant pour ce nouvel épisode à la seconde épineuse question : celle du WHEN ? Quel timing pour votre levee de fonds ?

… and time is money

Par timing j’entends trois choses :

  • 1°) la durée de l’exercice,
  • 2°) le moment idéal pour lancer le processus dans la vie de la boîte,
  • 3°) le moment idéal pour lancer le processus dans l’année calendaire.

La durée

Une levée de fonds c’est aussi l’opportunité d’offrir à son équipe d’excellents macarons

Sur le (1°) : ça prend du temps, au bas mot 6 à 9 mois tout compris.

Nous concernant : on y pensait avec Baptiste depuis quelques déjà mois mais la décision est mise à l’ordre du jour et prise en Comité de Direction début octobre.

Le temps de se renseigner un peu, de faire une série de rencontres et partages d’expériences avec des entrepreneurs passés par là (merci @Thibault Chassagne de Virtuo - The New Generation of Car Rental, Marc-David Choukroun de La @ruchequiditoui , @Benoît Varin de @Recommerce, @Martial Valéry de @OhBiBi, Jean de La Rochebrochard et quelques autres !)

Le temps de benchmarker aussi les leveurs de fonds et autres banques d’affaires pour start-ups (on y reviendra dans un épisode ultérieur), de négocier les conditions de ces derniers, et hop on signait un mandat avec un intermédiaire (et pas n’importe lequel !) mi-décembre.

S’en est suivie une phase de “coaching”, de maturation du positionnement, du plan de croissance et de sizing du besoin financier. Une phase aussi de production de la documentation, qui se compose principalement de 4 ou 5 éléments :

  • le teaser : un document d’une page ayant vocation à donner une vue d’ensemble et à susciter l’envie de creuser l’opportunité,
  • l’Info Memo, document Word détaillé déroulant sur une cinquantaine de pages le contenu de l’Executive Summary, et retraçant le détail de la vision, des services, des produits, le parcours de l’équipe, la stratégie,
  • le deck de slides, orienté pitch oral pour le Comité d’investissement,
  • le Business Plan Excel, traduisant le plan de croissance en chiffres,
  • et la Data Room contenant un maximum d’informations confidentielles sur le plan comptable, RH et juridique.

Tout ceci a pris 3 bons mois. Puis on a élaboré la stratégie de ciblage des fonds. Et on s’est mis sur la route, en “roadshow” pour employer le terme consacré. En commençant fin avril par des fonds “amis”, jouant le rôle de sparring-partner : des structures pour qui le projet n’est pas dans le coeur de cible ou pour lesquelles ce n’est pas le bon moment (elles-mêmes en levée de fonds ou en fin de période d’investissement par exemple), mais qui vous reçoivent en guise d’échauffement. Un peu comme pour les concours d’école de commerce quand on commence par les Ecricome (no offense !). Les premiers vrais rendez-vous ont démarré mi-mai, après la purge des ponts du 1er et du 8.

Puis s’est enclenchée la machine infernale. Vous vous souvenez de ce schéma ci-contre, sur lequel je suis revenu dans mon précédent post ? Ben voilà pourquoi c’est long.

D’autant que vous multipliez ça par le nombre de fonds rencontrés. En l’occurrence 25 pour nous ; ) Notre choix était en effet de réaliser un roadshow massif, de voir plein de fonds, de tailles et d’appétences différentes, de positionnements distincts (fonds d’impact investing, fonds tech, fonds green, family office, fonds de Growth Capital, …) pour comparer les approches, choisir le bon partenaire et ne pas avoir de regrets sur ce qui sera sans doute l’une de nos dernières levées.

Si vous devez ne retenir qu’une chose : une levée de fonds c’est ultra-chronophage, quelque soit le montant levé. Et peu importe les intermédiaires ou la qualité des avocats, ça bouffe du temps. Et du temps de fondateur. A titre personnel, ça m’a occupé facilement 70% de mon temps sur 9 mois de l’année. Avec un gros risque de défocus car c’est autant de temps qui n’est pas consacré à l’opérationnel et au développement de l’entreprise.

2°) Quel est le moment idéal pour lancer le process dans la vie de la boîte ?

On peut schématiser les divers stades de développement d’une stat-up selon le séquençage suivant :

Source : étude BCG pour le collectif “La Boussole”

Nous on a déclenché la levée à un moment où on était tout juste à la frontière entre la fin du Scaling et le démarrage de l’Expansion.

Le 1er élément de réponse c’est qu’il faut lever lorsque l’on a la maîtrise de sa stratégie et une vision claire de l’étape que l’on souhaite franchir. On dit parfois qu’il faut se fixer un objectif par tour de financement. Je vous renvoie à cette photo issue d’une présentation de Fred Mazzella qui revenait sur l’aventure BlaBlaCar. Avec sans doute une pointe de post-rationalisation, mais je trouve cette slide éclairante et elle m’avait aidée, donc je vous la partage :

0,6 + 1,2 + 10 + 100 + 200 + 100 (nov. 2018) = 411,8 …

- Il est évidemment toujours préférable de lever quand on n’a pas besoin de cash et qu’on n’a pas le couteau sous la gorge. Autrement dit il ne faut pas attendre d’être à court de tréso ou de n’avoir plus que 3 mois de liquidités résiduelles au vu de votre cash-burn mensuel pour déclencher la levée. Car :

  • c’est offrir un droit de vie ou de mort sur votre boîte aux investisseurs, et donc un bien trop généreux levier de négociation
  • le bon vieil adage selon lequel on ne prête qu’aux riches est plus que vérifié.

3°) Quel est le moment idéal pour lancer le process dans l‘année calendaire ?

Une erreur qu’on a faite et que d’autres pourraient éviter, c’est de lancer un process début juin, et de signer une Term Sheet le 3 août, avec le risque que le mois de vacances à suivre ne tue tout le momentum du deal. Ça n’a pas été le cas mais ça aurait pu, donc c’était plutôt une mauvaise idée de notre part.

Est-ce pour autant mieux de lever en début d’année ? Pas certain car si vous prévoyez une croissance forte sur l’année en cours, mieux vaut attendre le 2è semestre pour avoir davantage de visibilité sur l’atterrissage à venir et donc appliquer vos multiples de valorisation sur des agrégats 2018 plutôt que 2017.

Et lancer en fin d’année n’est pas une option non plus car les fonds n’ont plus forcément beaucoup de bande passante et sont plutôt dans le closing effectif de transactions démarrées plus tôt que dans le sourcing de nouveaux deals.

Il ne reste pas beaucoup d’options me direz-vous : en effet ! Avec le recul je dirais donc qu’il y a 2 créneaux idéaux, 2 sweet spots :

  • une levée démarrée sur les chapeaux de roue tout début avril et bouclée fin juillet avant l’été,
  • ou une levée efficace entre la rentrée de septembre et Noël.

==> Vous savez à présent POURQUOI lever et QUAND lever. La semaine prochaine on verra COMMENT lever, en commençant par un sujet spécifique : celui de l’intermédiation, et la question clivante de l’intérêt des leveurs de fonds. Stay tuned !

Une levée dont tu es le héros. Le leveur t’aidera-t-il à t’y retrouver dans la jungle de l’écosystème du financement ? Réponse la semaine prochaine dans l’épisode 3 !

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Jean MOREAU

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