Le combat dans le spectacle de reconstitution médiévale : Entre historicité et mise en scène
L’une des activités populaires chez les passionnés d’Histoire est la reconstitution historique. Cependant, les connaisseurs, allant plus loin que le simple intérêt pour le costume ou le bel objet, se penchent aussi sur le mode de vie des gens de l’époque reproduite. C’est là que, parfois, les intérêts divergent entre l’aspect historique et la part de spectaculaire. Dans l’univers de la reconstitution médiévale le combat représente un élément incontournable qui se retrouve dans la plupart des spectacles. Mais qu’en est-il de la fidélité historique de sa représentation? Nous allons nous pencher sur cette question dans les prochaines lignes.
Les affrontements en tous genres rythment les représentations médiévales. D’ailleurs, les compagnies de reconstitution axent principalement leurs entraînements sur ce point. Toutefois, ces combats d’entrainement (souvent à l’épée) possèdent deux facettes. Les reconstituteurs apprennent, d’une part, à pratiquer un “combat spectacle”, pas forcément chorégraphié mais dont les frappes sont armées “grand”, régulières et prévisibles afin de laisser au coéquipier/adversaire toute liberté de parer leurs attaques. D’autre part, de nombreuses compagnies enseignent aussi le duel plus historique au travers de l’étude des traités d’escrime médiévaux et de la reproduction de leurs gestes fixés sur parchemin. Pourtant, il faut reconnaître que, lors des spectacles, tout cela ne donne pas une image très réaliste des affrontements. Bien souvent, la distraction prend le pas sur l’historicité de la démarche.
En effet, peut-être par manque de connaissance sur la manière dont se déroulaient les combats au Moyen Âge ou par volonté de rendre l’action plus lisible pour les spectateurs, les batailles rangées ou les duels reconstitués ne ressemblent pas à la réalité des faits historiques. Comme j’avais déjà pu l’évoquer dans mon article “5 erreurs récurrentes dans la reproduction du combat médiéval au cinéma et dans la reconstitution historique”, le combat spectacle suppose d’employer des artifices qui n’ont rien d’historiques comme les parades lames contre lames ou la charge désorganisée. C’est ainsi que nous pouvons remarquer que lors de la reconstitution du combat de mêlée, l’action est souvent éclatée en des duels multiples sur l’aire de combat.
Dans le cadre de l’histoire vivante, les affrontements de masse sont rarement reproduits en blocs serrés, contrairement à ce qui pouvait se passer à l’époque médiévale (voir article “5 théories sur le combat militaire dans la seconde moitié du Moyen Âge”). Il y a aussi, probablement, trop de mise en scène et d’action, les combats entre individus sur les champs de bataille du passé étant certainement plus expéditifs que ceux de nos jours et les mouvements de troupes plus lents. Qui plus est, le type de combat pratiqué en mêlée est régulièrement influencé par le combat civil (voir articles “Comment faire la différence entre escrime civile et escrime militaire […]” et “[…] Les traités médiévaux d’escrime sont-ils fiables pour étudier le combat civil?”). Ce qui signifie que les frappes placées sont des coups de taille alors que les reconstituteurs sont en armure complète (le combat en armure supposant plutôt des coups d’estoc avec l’application de la technique de la demi-épée). Cela peut notamment s’expliquer par la dangerosité des coups d’estoc et la spectacularité des grands mouvements de tranche, plus “esthétiques”. Qui plus est, la reconstitution des duels souffre parfois des mêmes déformations que les affrontements de masse. Ils sont parfois trop longs par rapport à la réalité et, comme dans les films de cape et d’épée, ils intègrent des touches d’humour, certainement, fort peu présentes à l’époque. Cependant, il est probable que, sans ces éléments non-historiques, les représentations seraient beaucoup moins attractives pour un public de non-passionnés.
Dans ce cadre, la part de spectaculaire peut donc être considérée comme faisant partie d’une certaine “licence artistique”. Donnant une vision tronquée et romantisée du Moyen Âge, je pense pourtant que celle-ci constitue un mal nécessaire pour favoriser l’intérêt des gens pour cette époque. Il est, cependant, triste de constater que certains spectacles de reconstitutions qui se veulent plus historiques ne proposent pas d’explications sur leur manière de représenter les combats ou les batailles. Cela serait-il la marque d’une prise de distance vis-à-vis du public? Il serait donc intéressant pour les compagnies de se concentrer davantage sur les aspects de communication et de didactique afin de sortir de cette sorte de “tour d’ivoire” dans laquelle elles semblent, quelquefois, s’être enfermées.
Et vous? Quelle est votre opinion sur le sujet ? Pensez-vous que le combat médiéval et les affrontements sont bien représentés dans les spectacles de reconstitution ? N’hésitez pas à faire vos commentaires et à en débattre. Si vous avez aimé cet article n’hésitez pas à le partager, à le liker et faites un tour sur ma page facebook.
Vous pouvez aussi aller voir mon article “[…] peut-on employer les traités médiévaux d’escrime pour étudier le combat militaire?”
Si, comme moi, vous êtes passionnés d’Histoire militaire médiévale, vous pouvez aussi aller voir cette bibliographie non-exhaustive d’Histoire militaire médiévale.
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