Pétillante introspection

Je réfléchis à ma vie, et je vais bien, merci !

Stéphanie Piou
Durable et Solidaire
7 min readFeb 3, 2018

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Crédit photo : Ksenia Makagonova / Unsplash

Ayant changé de région il y a quelques années, je n’ai pas l’occasion de voir souvent mes amis de longue date. Les retrouvailles n’en sont généralement que plus attendues et agréables ! Mais il est vrai que cette distance peut amener à perdre de vue nos évolutions respectives, surtout quand, comme moi, on a beaucoup de mal à décrocher son téléphone.

J’ai compris au travers d’une conversation récente que mes articles créent quelques interrogations : “Ces articles ne ressemblent pas trop à la Stéphanie que nous connaissons ; moins de “pétillement”, plus d’introspection… Est-ce que tout va bien ?”.

J’accueille cette inquiétude avec gratitude, car elle montre que je compte toujours pour ces amis. Mais prendre le temps de réfléchir, de creuser mes envies, de comprendre mes modes de fonctionnement pour mieux les accepter ou les travailler, pourquoi cela parait-il incompatible avec une personne pleine d’entrain, d’idées, d’énergie ?

L’introspection, ce formidable élan de progrès

Vous connaissez sans doute comme moi des personnes pour lesquelles réfléchir sur soi semble relever de l’impossibilité totale. Lorsque la nécessité s’en présente, la seule solution semble être la fuite, quitte à inventer des excuses: il y a toujours une urgence à gérer, toujours une fatigue incapacitante à évoquer, toujours une occupation plus agréable à faire passer en priorité. Parfois, cela prend la forme d’un besoin permanent d’avoir autour de soi de la musique ou du bruit, comme pour ne surtout pas avoir l’occasion de s’écouter penser. Peu importe si, à la longue, cette fuite crée des crispations ou des douleurs de plus en plus importantes. L’introspection est vue, alors, comme quelque chose que l’on fait lorsqu’on est au pied du mur, le couteau sous la gorge ; tout est plus désirable que de se plonger dans ce type de reflexion.

Peut-être même vous reconnaissez-vous un peu dans cette description ? En réalité, je pense que nous avons tous plus ou moins des périodes de ce type !

Une autre vision est possible, qui n’a rien à voir avec une tendance à la morosité! Je trouve un grand intérêt à la remise en question : il y a chez tous, naturellement, des moments d’énergie débordante et d’autres de ralentissement. C’est naturel et nécessaire afin de permettre à l’inspiration et à l’énergie de se régénérer, aussi naturellement que l’hiver est nécessaire au printemps. Lorsqu’on n’accepte pas la phase de ressac, qu’on la nie et qu’on la combat, le risque est que l’expansion suivante soit moins belle, moins pétillante. Loin de moi l’idée de dire qu’il faut cultiver la bipolarité ! Mais il n’y a pas non plus à craindre cette douce descente, car elle donne de l’élan pour la remontée… Pour peu que l’on ne freine pas des quatre fers tout du long.

Ainsi, dans une phase de transition, ou dans une période où il nous semble que l’énergie qui nous caractérise s’est amoindrie, se tourner vers soi permet de faire le point. De panser d’éventuelles blessures. De trouver les zones d’ombre, les choses dont on ne veut plus. Mais aussi de laisser s’éveiller nos envies, de cultiver nos rêves. Nous pouvons ainsi imaginer ce que nous voulons réellement faire de demain, qui nous correspondrait mieux, qui nous épanouirait plus, de manière profonde et non superficielle, plutôt que de replonger dans une nouvelle phase dont l’exubérance serait sur le modèle exact de la précédente. Cela en soi n’est pas un mal, mais il y a peu de place au progrès dans l’enchaînement à l’identique. Le risque est, au bout de nombreux cycles, de se retrouver d’un coup face à la sensation de n’avoir pas avancé d’un pouce.

La crise de mi-vie, mal nommée “crise de la quarantaine” en français (car elle peut survenir dès la trentaine et jusqu’à la soixantaine), peut trouver en cela une source : notre nature profonde tend à vouloir progresser, elle veut contribuer et partager. En règle générale, elle nous pousse à passer du “moi” au “nous”, à contribuer quelque chose à la société. Laissée libre de s’exprimer, elle nous fait évoluer tranquillement dans cette direction, au fil des cycles et des introspections, et cela sans qu’une rupture brutale ne soit nécessaire. A contrario, lorsqu’elle est constamment étouffée sous un planning débordé et un bruit incessant, il est possible qu’elle passe inaperçue fort longtemps, jusqu’à ce qu’elle ne rejaillisse dans un fracas épouvantable : “Mais qu’ai-je fait de ma vie ? Je suis passé(e) complètement à côté !”.

La joie de trouver sa voie

Aussi, soyez rassurés : je réfléchis à ma vie, et je vais très bien ! Je sens d’ailleurs, depuis que cette introspection a été concrétisée par la décision de changer de vie, que le pétillement est bien plus fort, que l’envie de vivre, de construire, de créer qui est la mienne, ne cesse de grandir. Si mon projet de vie m’impose de ne pas me lancer immédiatement dans l’action, les idées tourbillonnent, se mettent en forme, s’imbriquent de mieux en mieux, prennent tout leur sens. Une part de moi rue dans les brancards, mais elle se rend compte de l’importance d’attendre encore un peu, et que le départ devrait n’être que plus efficace et plaisant ensuite.

Il y a une joie indescriptible à trouver sa voie, celle qui fait la synthèse de nos besoins, de nos envies, de l’environnement dans lequel nous évoluons en ce moment. La boussole intérieure s’affole, le chemin tant recherché est juste là, sous nos pieds, il donne des ailes ! Il n’a pas à être LE chemin que nous suivrons jusqu’au bout de notre vie, qu’importe, c’est le chemin qui nous procure une joie véritable aujourd’hui. Alors si l’introspection permet de le trouver, comment peut-elle être vue comme quelque chose d’inquiétant ?! Ne faut-il pas plutôt s’inquiéter pour ceux qui ne parviennent jamais à se poser, et qui continuent à l’aveuglette ?

Bien sûr on peut réfléchir longtemps et avoir la sensation de ne jamais trouver ce que l’on cherche. C’est notre lot à tous, et cela peut être fort décourageant. Mais il y a tant d’approches possibles, tant de méthodes à tenter, tant de personnes avec qui échanger et qui peuvent nous aider à avancer, que je suis persuadée qu’avec de la curiosité et de la persévérance on finit toujours par y arriver. Je n’ai pas attendu de méditer pour me remettre en question régulièrement, mais je peux témoigner que, depuis que j’ai testé la méditation, je trouve une clarté plus importante dans ces instants de retour sur moi.

L’introspection, c’est triste ? Pure question d’image mentale !

Vous êtes de ceux qui pensent que l’introspection est un exercice triste à mourir ? Allez, je vous lance un petit défi : celui de changer cette image négative, en m’appuyant sur la méthode très simple proposée par Art-Mella, dans le premier tome de ses BDs sur les émotions.

Quelle image vous vient à l’esprit lorsque vous pensez à vous-même en pleine introspection ? Fermez les yeux si cela vous aide. Quelle posture avez-vous ? L’image est-elle en noir et blanc, en nuances d’une même couleur, ou en couleurs naturelles ? Vous voyez-vous comme si vous étiez extérieur à la scène, ou la vivez-vous au travers de vos propre yeux ?

Si l’introspection vous évoque un exercice désagréable, il est probable que l’image qui vous vient reflète votre volonté de l’éviter. Peut-être vous voyez-vous dans une posture de repli, la tête entre les mains, une grimace de concentration face à un déferlement de pensées que vous ne parvenez pas à contrôler ? Peut-être l’environnement est-il sombre et froid ?

Maintenant, je vous propose de composer un tableau différent. Pour ma part, l’image sera plutôt d’une lumière douce, d’un canapé confortable, d’une tasse fumante qui réchauffe mes mains et éveille mes papilles, d’un joli calepin posé à mes côtés ; d’une posture d’ouverture, la tête haute, bien installée le dos calé contre les coussins. Mon visage est détendu car ma recherche m’amène à dénouer des noeuds qui me paraissaient compliqués, et cela me détend ; je peux avoir le sourire aux lèvres lorsqu’il s’agit de donner corps à des rêves, de les rendre concrets et accessibles, et alors la joie de cette perspective m’envahit.

Si l’introspection vous déplait car cela vous parait une activité bien trop statique, pourquoi ne pas vous imaginer dans un cadre naturel qui vous plait : assis(e) sur la branche d’un arbre, face à un paysage qui vous fait vibrer, de montagne ou de mer par exemple. Vous êtes légèrement penché(e) en avant, dynamique, en pleine construction de l’avenir.

Voilà qui n’invoque pas les mêmes émotions, n’est-ce pas ? Pensez-y la prochaine fois que vous devez vous plonger dans vos pensées, pour réfléchir non pas aux mille et unes choses que vous avez à faire, mais à vous-même. Si la fuite vous démange, composez le tableau qui vous apaisera et vous apportera de la joie, dans votre tête mais également dans la vraie vie ! Car personne n’a dit qu’il faut se mettre dans des conditions pénibles pour réfléchir !

Et vous, vous est-il facile de prendre du temps pour réfléchir à vous-même ? Avez-vous des techniques ou astuces qui rendent cela plus agréable ? N’hésitez pas à réagir ci-dessous !

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Stéphanie Piou
Durable et Solidaire

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