Mémoires d’un beatnik

de Daniel de Kergoat

Éditions Numeriklivres
Littérature générale

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Mais que peut donc bien faire un beatnik lorsqu’il n’est pas occupé à faire le beatnik sur toutes les routes du Monde ?

Daniel de Kergoat

Un simple mais mystérieux morceau de carte routière portant l’inscription sibylline : « RV 15/7 C ». Il n’en faut pas plus pour raviver chez Dan cette furieuse envie d’aller voir ailleurs ce qui se passe, et réactiver ce virus chopé un certain matin d’avril 68 au bord d’une route espagnole. Ce morceau de carte, c’est son pote Claude qui le lui a envoyé en guise de défi, un rendez-vous improbable dans un bled complètement paumé du grand Sud marocain, un bled qui s’appelle Tan-Tan plage. Dan reprendra donc la Route un soir de la fin juin 1969 pour relever ce défi et prouver à Claude qu’il serait capable de l’accompagner dans un périple de cinq ans autour du Monde. Et c’est un véritable road movie au cours duquel Dan accumulera rencontres et aventures, d’une escale dans un village hippie près d’Agadir, à l’expérience du désert auprès de nomades Saharaouis. En cette fin des années soixante un tel voyage n’a rien d’un périple de boy-scouts, et peut être l’occasion de rencontres parfois torrides… Voilà donc un nouveau témoignage qu’apporte Daniel de Kergoat sur ces jeunes des sixties et des seventies qui consacraient tout leur temps libre aux voyages en auto-stop. Un témoignage qui ne manquera pas de susciter des réactions nostalgiques chez ceux qui ont connu de semblables aventures, mais aussi qui risque fort de provoquer chez les plus jeunes des regrets de ne pas avoir connu une telle époque.

Un avant-goût

Nous sommes le dimanche 29 juin 1969, j’ai pris la route en direction du Maroc depuis déjà deux jours, plus précisément j’ai quitté la base aérienne d’Orléans-Bricy le vendredi 27 juin aussitôt ma journée de boulot terminée, à dix-sept heures pétantes. Mon sac était bouclé depuis déjà une semaine, en trente secondes j’ai troqué mon treillis de mécano pour une tenue de routard plus appropriée à la vie que j’allais mener durant les quelques semaines à venir. Un quart d’heure plus tard, j’étais dans le car militaire qui fait la liaison plusieurs fois par jour avec la gare d’Orléans, première étape de ce grand voyage vers le Sud marocain. Pour être honnête, je n’ai pas vraiment pris la route tout de suite, tout d’abord un train m’a conduit d’Orléans à Paris où, tout comme pour mon voyage au Danemark en décembre 1968, je suis descendu pour la nuit à l’hôtel des Armées, près de la gare de l’Est. Le lendemain à la première heure, j’embarquai dans un autre train à la gare d’Austerlitz en direction de Figueras, via Perpignan. Si j’ai fait ce choix de ne pas prendre la route dès le départ, c’est parce que ce voyage ne se présente pas tout à fait comme les autres, je vais dans ce grand sud marocain pour répondre au rendez-vous de Claude, un rendez-vous que je ne veux pas manquer, car j’ai bien l’impression que c’est une sorte de défi que m’a lancé mon pote le gone. Et si ce rendez-vous très particulier n’était autre qu’un test en vue de notre grand projet de tour du monde, pour s’assurer que je suis fiable ? Je peux le comprendre, on ne part pas avec un mec pour un tel voyage sans être convaincu au préalable qu’il tiendra la distance, qu’il sera capable d’être à un rendez-vous donné en un lieu improbable, à une date très précise. Bien sûr, il sait désormais que je suis un véritable routard confirmé, mais un tour du monde impose tout de même d’autres compétences. Et lui, Claude, est-ce qu’il les a ces compétences ? La question ne se pose même pas, un être aussi exceptionnel, doté d’une telle intelligence, ne part pas visiter le monde, il s’en va à sa conquête, il va s’en emparer, tels Alexandre, César, Attila… En fait je n’ai pas eu l’occasion de revoir Claude depuis que j’ai reçu son morceau de carte Michelin par la poste, si j’en crois un courrier qu’il m’a adressé récemment, il a fait une grosse connerie et s’est retrouvé coincé sur la base de Mont-de-Marsan pour purger une lourde peine d’arrêts de rigueur, ne pouvant se déplacer que de sa piaule à son poste de travail, sous la surveillance constante d’un homme en arme. Cette punition devrait en principe s’achever le 30 juin, juste à temps pour lui permettre de partir en permission et d’être présent à notre rendez-vous si spécial.

La traversée de la France en stop par les grandes routes n’est pas ce qui se fait de plus passionnant, donc effectuer cette traversée en train n’est pas vraiment un déchirement ni une trahison de mes principes, perdre deux ou trois journées à poireauter dans des stations-service en attendant un hypothétique routier compatissant ne me tente pas vraiment. Par ailleurs, je n’ai aucune idée de ce que donnera le stop dans le Sud marocain une fois passé Marrakech, je préfère donc gagner du temps en profitant au maximum des 75 % de réduction que me donne mon statut de militaire permissionnaire, si je dois perdre du temps quelque part, j’aime autant que ce soit dans un souk de Tanger ou dans un village du grand sud.

Tous droits réservés. Daniel de Kergoat et Numeriklivres, 2014

Format numérique (ebook) — 404 pages-écrans — 6,99€

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