[ A F F I R M A T I O N ]
7 janvier 2016.
Excités à l’idée de s’embrasser pour cette nouvelle année, l’amour, la joie mais surtout la santé, nous allons d’un pas décidé faire notre rentrée. Un lieu dépaysant pour ce mois de janvier : La Défense. Son RER A, son esplanade et ses Quatre Temps nous ravissent. C’est empreints d’énergies positives que nous commençons cette journée.
27ème étage, nous prenons de l’altitude. L’ascenseur ouvre ses portes, nous entrons dans l’arène. Au centre de la salle : un ring. L’odeur ? Caféine mêlée de transpiration. Des gants de boxe sur le sol. Nous essayons de comprendre. Coup de sifflet ! On nous annonce le protocole du jour : la controverse.
La Watt ?!
C’est simple. Un objectif : apprendre à construire nos désaccords. Le moyen ? Une question clivante sur un sujet brûlant. Trois équipes : les Pour, les Contre, et les Indécis. Pour les aider : deux jokers incollables sur le sujet traité. Le déroulé : 30 minutes de préparation d’un argumentaire béton suivies de 30 minutes de battle. Les règles : tous les coups sont permis. Qui convaincra les Indécis de rejoindre son clan ?
L’objet de notre litige : « le nucléaire est-elle une énergie d’avenir ? ». La matière a le mérite de diviser. C’est dans un climat sous tension que les trois clans se séparent pour élaborer leur stratégie. Chacun liste les arguments qui feront plier l’adversaire.
Notons pour commencer que l’énergie nucléaire est issue de l’uranium, dont l’extraction expose les mineurs à des dangers sur leur santé et sur leur sécurité, rejetant dans la nature des poussières radioactives toxiques. Trois pays — Kazakhstan, Canada, Australie — se partagent 62% des ressources mondiales en uranium ce qui rend dépendants les autres pays consommateurs. D’autant que les ressources s’épuisent. Selon un rapport de l’Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire, les réserves mondiales d’uranium pourraient alimenter le secteur pour encore 100 ans — et cela seulement si la demande n’augmente pas.
Le gang des Contre sculpte sa musculature.
L’énergie nucléaire est produite par des réacteurs nucléaires — 58 en France — avec des risques d’accidents graves type Tchernobyl ou Fukushima. Les déchets radioactifs constituent l’un des aspects les plus délicats de la gestion de la filière. Le coût de sa gestion est très mal mesuré. Le plutonium met 24000 ans à perdre la moitié de sa radioactivité. Tout ce joyeux système est centralisé, entre les mains de puissants lobbies industriels qui empêchent toute forme de débat public démocratique sur la question. Cette technologie, issue du savoir-faire militaire, nous laisse perplexe sur ce que nous souhaitons laisser à cet Avenir.
Le nucléaire laisse entrevoir de nombreux talons d’Achille. D’un autre côté, avec un accroissement démographique et une croissance économique exponentielles, la demande en énergie va doubler d’ici à 2050. Les énergies fossiles, extrêmement émettrices de gaz à effet de serre, ne sont pas une option envisageable dans la lutte déjà engagée contre le dérèglement climatique. Les énergies renouvelables ne pourraient suffire.
La clique des Pour a rechargé ses batteries. Balle au centre.
Quelles sont les alternatives ? Une décentralisation de la production d’énergies comme le préconise J.Rifkin ? Une plus grande sobriété ? Une meilleure efficacité énergétique ? Des politiques publiques incitatives ?
Le débat a pu éclairer les Indécis qui font volt-face. Des membres des deux clans font de la résistance, d’autres ont eu un électro-choc, et rejoignent l’ennemi. Tandis que certains ont perdu le fil, ou carrément pété les plombs !
Du haut du 27ème étage, nous contemplons, les yeux étincelants, les tours de la Défense s’illuminer de mille feux. Un frisson nous parcourt à la vue de la petitesse des hommes d’affaires qui se pressent pour rentrer chez eux. Sourire en coin, nous regardons nos camarades d’un nouvel œil. La guerre des clans, étape nécessaire de l’AFFIRMATION de sa différence, a ressoudé le groupe.
Laura Dos Santos, Chroniqueuse du mouvement, Lab Session #8
Découvrez la chorégraphie pas à pas
Merci à nos intervenants Yves Marignac, directeur de Wise Paris et membre de l’association NegaWatt, Nicolas Thierry, conseiller politique sur les questions énergétiques et d’environnement d’EELV et vice-président de la Région Aquitaine et Valérie Faudon déléguée générale de de la SFEN. Merci à RTE de nous avoir reçus dans ses locaux.