Comment favoriser la communication et la relation assistante maternelle, enfant, parent ?

Marine Kervella
7 min readMar 31, 2015

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Fin janvier, j’ai assisté à une conférence-débat très intéressante sur le thème suivant « Comment favoriser la communication et la relation assistante maternelle, enfant, parent(s) ? ». Cette relation triangulaire est très complexe et en même temps, dans notre métier, il est essentiel de la construire, de l’entretenir et de travailler à ce qu’elle reste équilibrée. Béatrice Boussard, psychologue et directrice du centre FORSYA (Formation Système Famille), nous a exposé la communication au sein de cette triade avec une approche systémique. Je souhaitais partager ici ce que j’ai pu retenir de cette présentation.

Pour commencer, un peu de théorie de la communication nous aidera à comprendre la relation.

  • Communiquer, c’est influencer son interlocuteur.
  • Pour communiquer, il faut d’abord partager le même code (la langue) entre l’émetteur et le récepteur.
  • L’information transmise doit également avoir un sens au regard du contexte.
  • Tout comportement a valeur de message, tout peut donc être interprété.
  • Lorsqu’on communique, la définition de la relation et la place de chacun influence la compréhension de l’information.
  • Il existe le code analogique (code corporel ou non verbal) et le code digital (le langage). Le non verbal représente 70% du message reçu. Il peut donc facilement renforcer ou nuire au message.

La relation entre l’enfant et l’adulte

Les responsables de la qualité de la relation

Dans une relation entre adultes, tous les antagonistes sont responsables de la qualité de cette relation. Lorsque l’enfant est acteur de la relation, on change les modalités relationnelles. L’enfant n’est pas co responsable du bien être de la relation. L’enfant a qui on donne malgré tout ce pouvoir, peut se sentir en insécurité. Par exemple, si le comportement d’un enfant nous énerve, nous sommes seuls responsables de la façon dont nous choisissons de réagir. Si nous lui disons “tu vois comment ça m’énerve quand tu fais ça !”, nous lui donnons un pouvoir énorme. Le pouvoir de manipuler nos émotions. Bien sûr, l’enfant n’est pas réellement conscient de tout ça mais cela le place en position d’insécurité. Et un enfant en insécurité souffre.

La relation symétrique ou complémentaire

L’adulte est dit en « position haute » et l’enfant « en position basse ». Dans le sens où l’enfant a le droit d’être nourrit, protégé et éduqué par l’adulte. (Art 3 de la déclaration des droits de l’enfant).

Les adultes, eux, partagent généralement une relation symétrique. Nous pouvons aisément changer nos positions et notre type de relation en fonction du contexte et du contenu échangé. L’enfant, lui, doit faire cet apprentissage relationnel. Il teste donc parfois pour voir si c’est possible d’être au même niveau que l’adulte. Par exemple, il a décidé de ne pas mettre son manteau d’été pour sortir alors qu’il fait 3° dehors. Il essaie d’être au même niveau que vous et de prendre les décisions seuls.

Alors, soit vous discutez pendant 3 heures : « tu sais il fait froid, j’ai peur que tu tombes malade, ce serait mieux…. Blablabla » des fois, ça marche, dès fois non. Soit (et la première idée arrive souvent à cette issue également) vous décidez de garder votre position haute en lui disant « c’est obligé, c’est moi qui décide, qui c’est qui commande…. Blablabla ». Vous perdez patience, tout le monde garde sa position et voilà l’escalade symétrique qui se lance « oui, non, si, naann…. ». Chacun essaie d’être un peu plus l’égal de l’autre. Est ce que ça a un sens ?

1. Vous finissez soit par vous énervez et embarquez votre enfant un peu trop brusquement dans la voiture. Il pleure. Vous avez « gagnez », il a « perdu ». Etait-ce le but de la manœuvre ? Etes vous satisfait ? Qu’a retenu l’enfant ?

2. Vous finissez par céder pour éviter la crise ou par manque de patience. L’enfant a « gagné » vous avez « perdu ». Résultat satisfaisant ? En plus, vous lui montrez que finalement, ce qui semblait être important pour sa santé, et bien vous vous en fichez et que vous le mettez volontiers en “danger” pour conclure le plus rapidement possible.

On entend souvent dire « ah les enfant d’aujourd’hui, ne savent plus respecter les limites, on leur laisse tout passer ». Je ne pense pas que ce soit une question de respect des limites mais plutôt que les contextes relationnels flous sont insécurisants pour eux.

Finalement, pour éviter un rapport de force inutile et non éducatif, qu’est ce qu’on fait ? on négocie. « Il fait trop froid pour mettre ton manteau d’été, maintenant tu peux choisir entre ton manteau rouge ou ton manteau de pluie, tes bottes ou tes grosses chaussures. » La vie est une négociation. En fonction de leur âge, on peut aussi les faire participer pour rechercher une solution avec eux. « là je suis embêtée car tu veux ceci et moi je ne suis pas d’accord du tout, je ne vois aucune solution satisfaisante. Qu’est ce qu’on peut faire ? »

De toute façon, le contenu du conflit ne l’intéresse pas, c’est le prétexte de tester la stabilité de la relation et d’en sortir rassuré qui est important !

La relation Assistante maternelle/ Parents

Comme je l’écrivais ici, accueillir un enfant, c’est aussi accueillir sa famille et pour accompagner correctement l’enfant dans son développement, nous devons absolument apprendre à communiquer avec les parents. Comme dans toute relation, il peut y avoir des sources de désaccord. Encore plus lorsqu’il apparait dans la relation des ambiguïtés dues à l’affection que nous portons à l’enfant et aux différences d’éducations. Parfois les comportements de l’autre peuvent être jugés de manière négative car mal interprétés.

“Il en est des hommes comme des tableaux : de top près on les juge mal ; de trop loin de même. Nous sommes trop près de nous même, et trop loin des autres, pour en bien juger.” Michael Girardi

Par exemple, l’enfant qui a l’habitude de se mettre debout sur le canapé chez lui et qui n’a pas le droit de le faire chez l’assistante maternelle. Le parent pourrait penser : “elle est vraiment rigide, qu’est ce que ça peut faire de se mettre debout sur le canapé ? Il est assez grand. Il a besoin de se mouvoir. Il est prudent mon enfant. Elle doit être vraiment autoritaire et elle doit sans cesse brider les enfants dans leurs jeux.”

De l’autre côté, l’assistante maternelle dirait “ah ces parents qui laissent leur enfant faire ce qu’il veut tout le temps. C’est vraiment irresponsable. Ils n’ont plus de limites ces enfants.”

Et voilà. Ce qui part à la base d’un comportement anodin peut être sur-interprété jusqu’à mettre en tension la relation car la communication est biaisée à cause de ces jugements hâtifs. “Elle est ultra rigide” versus “Ils sont laxistes”. Le fait d’inscrire ces étiquettes dans notre esprit modifiera à coup sûr la communication entre le parent et l’assistante maternelle.

Or ce qui est important de savoir, c’est que derrière chaque comportement, il y a une intention positive. Bien sûr, on a du mal à comprendre tous les comportements, surtout ceux qui s’appuient sur des croyances et des valeurs différentes des nôtres. La solution : il faut communiquer pour les comprendre. Sinon, on interprète.

Un comportement répond à une règle qui elle-même dépend d’une croyance. Cette croyance est liée à une valeur qui suit une idéologie personnelle toujours positive.

Dans une relation, il peut y avoir conflit. La relation est alors entamée et on parle de disqualification réciproque. Les enfants qui s’adaptent aux deux relations en fonction du contexte, sont appelés des enfants Go Between. Ils ont une capacité d’adaptation surprenante malgré le conflit des deux autres entités. Mais ces enfants dépensent beaucoup d’énergie à gérer ça, de l’énergie qu’ils devraient gardés pour eux. Ces enfants développent souvent un comportement particulier et peuvent même développer un symptôme dans le but de mettre en lien les autres personnes car il souffre de la situation. En psychologie, on dit que l’enfant est triangulé.

Par contre, dans la relation, il peut y avoir confrontation sans qu’il n’y ait de conflit. Dans mon exemple précédent (debout sur le canapé), si les règles sont clairement établies et respectées par les parents et l’assistante maternelle, l’enfant vit très bien la différence de point de vue et s’adapte très facilement et très sereinement. Lorsqu’on communique sur nos différentes valeurs entre parents et assistantes maternelles, on peut comprendre les différences de comportements qui sont exprimées dans l’intention du bien être de l’enfant. Il n’est donc pas nécessaire de se comporter à l’identique. L’enfant s’en fiche des différences de contenu ou de comportement, il s’adapte sereinement à la situation lorsqu’il se sent en sécurité relationnelle.

Un outil efficace pour communiquer ? J’ai découvert le langage girafe. Je vous en parle très vite !

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Marine Kervella

Thérapeute, Coach & facilitatrice de breathworks chamaniques spécialisée en libération des blocages inconscients pour les entrepreneures éthiques