Challenge : écrire 100 000 mots en 90 jours

Thomas Gadroy
19 min readMay 16, 2020

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Tout est dans le titre.

En février dernier, je me suis lancé un défi : écrire 100 000 mots en trois mois.

Soit environ 1100 mots par jour. Pendant 90 jours.

Nous voici en mai… et j’ai énormément appris.

Dans cet article j’aimerais vous partager deux choses.

1️⃣ Les tips, astuces, trucs, techniques, méthodes, orga et consort qui permettent de tenir ce rythme (surtout quand on a pas le temps, pas l’énergie ou pas l’inspiration).

Ce que j’ai testé, ce qui a marché pour moi, ce qui n’a pas marché, etc.

2️⃣ Les raisons pour lesquelles je me suis lancé là dedans. Plus celles que j’ai découvertes en cours de route.

Des raisons qui me font dire que tout le monde devrait essayer ce type de challenge

Mais avant tout ça, on va commencer par répondre à une question évidente…

A quoi ça ressemble, 1100 mots ?

A ça :

Comptez environ 5 pages A4, en fonction de la mise en page (taille de police, espace entre les ligne, etc.)

Et 100 000 mots, pour vous situer un peu, ça donne ça.

Voici la liste des textes écrits pendant ces 3 mois, par thématique

Développement perso et pro

L’écriture

Google Analytics

Marketing de contenu

Au total : 100 021 mots. 46 articles. Et une moyenne de 2174 mots par articles.

Le plus court, avec 401 mots :

Le plus long, avec 9580 mots :

Les règles du jeu étaient très simples

1/ Ecrire 100 000 mots entre le 13/02 et le 12/05.

2/ Seuls les contenus mis en ligne (ou pré-publiés) comptent.

3/ Seuls les contenus écrits sur mon temps libre comptent.

  • Week-end et jour fériés ✅
  • Pas question de compter ce qui est écrit pendant les heures de bureau ❌
  • Pas question de poser des jours de congés pour avancer sur le challenge ❌

Peu importe le sujet, la thématique ou le contenu… Le seul objectif était d’écrire ces 100 000 mots.

  • Pas pour générer du trafic.
  • Pas pour vendre un produit ou un service.
  • Pas pour écrire un livre.
  • Pas pour travailler mon personal branding.
  • Pas pour créer une oeuvre ou obtenir un résultat.

Juste le challenge.

Sortir. Ces. 100 000. Mots.

Excellente question.

Mais pourquoi ce challenge ?

Raison n°1 : je crois à la Résistance comme un fondamentaliste croit au diable

“There is a secret that real writers know that wannabe writers don’t, and the secret is this: It’s not the writing that’s hard. What’s hard is sitting down to write.

What keeps us from sitting down is Resistance.” — Steven Pressfield, The War of Art

(“Il y a un secret que connaissent les vrais écrivains et qu’ignorent les amateurs : ce n’est pas écrire qui est difficile. Ce qui est difficile, c’est de s’asseoir pour écrire. Ce qui nous retient de nous asseoir, c’est la Résistance.”)

La théorie de Pressfield, c’est que nous rencontrons une Résistance à chaque fois que nous nous lançons dans la bonne direction.

A chaque fois que nous faisons quelque chose de bon pour nous, sur le long terme, sans recherche de gratification immédiate.

Suivre sa vocation. Ecouter la petite voix créative à l’intérieur de nous. Se mettre à peindre, écrire, faire de la musique ou danser. Prendre soin de son corps. Se mettre à faire du sport. Du yoga. Arrêter de fumer. Oser prendre des risques. Se lancer dans une nouvelle aventure. S’investir dans une cause. Changer complètement de métier. Entreprendre. Construire quelque chose dont on est fier.

Bref : à chaque fois qu’on a une vision de ce qu’on pourrait faire pour être pleinement nous-même… cette Résistance se manifeste.

Pas l’énergie. Pas le moral. Pas le temps. On se sent ridicule. On est pas sûr de vouloir vraiment faire ça. On se demande ce que vont penser les autres.

Aujourd’hui n’est jamais le bon jour. On est malade. Blessé. Pas en forme. Déprimé. Pas prêt. Trop pris par le boulot.

Et chaque jour où l’on écoute la Résistance et où on se laisse piétiner par elle nous rend un plus malheureux.

Je suis convaincu que Pressfield a raison.

Quelle que soit la quantité de repos, de sieste, d’heures de sommeil, de week-end à ne rien faire, de glandouillage, de Netflix, de jeux vidéos, de junk food, d’alcool… on se retrouve vidé à la fin de la journée.

Et ce n’est pas la faute du métro-boulot-dodo. Ce n’est pas “juste une phase”.

“A la fin de la journée, on est pas fatigué parce qu’on en a trop fait. On est fatigué parce qu’on a pas fait assez de ce qui nous fait vibrer.” — Alexander den Heijer

Et je crois qu’ils ont raison. Pressfield, den Heijer et tous les autres : Austin Kleon (Show your work), Hugh MacLeod (Evil Plans), James Altucher, Paul Jarvis, etc.

Le seul remède, c’est de se retrousser les manches.

D’écouter cette petite voix intérieure. Au moins un peu, chaque jour.

De ne pas se laisser obnubiler par le résultat final ou la qualité. De ne pas chercher à négocier avec la Résistance et discutailler des raisons de ne pas le faire.

Chaque jour où on est présent au rendez-vous… Chaque jour où on s’est assis et où on a fait le taff est victoire arrachée à l’inertie et à la Résistance.

Raison n°2 : je suis convaincu depuis longtemps de l’importance d’avoir un side project

J’ai eu la chance, dès mes premiers jobs, d’être entourés par des gens qui comprenaient l’importance d’avoir un side project. De bidouiller à côté et en dehors du boulot.

A l’opposé du spectre, j’ai aussi rencontré quantité de personnes ces 10 dernières années, qui sont coincées dans leur jobs (et stressées ou déprimées ou épuisées) parce qu’elles se comportent comme des élèves à l’école.

Elles se pointent le matin, suivent les consignes du professeur, repartent chez elles le soir (parfois avec des devoirs).

Tout ce qu’elles savent de leur job, elles l’ont appris au bureau.

Je suis convaincu que, dans beaucoup de métiers, cette approche est intenable sur la durée.

Je ne peux pas parler pour toutes les disciplines, mais je sais que dans ma branche (le marketing) tout comme dans l’univers des startups et ceux des agences, des métiers créatifs, du consulting (et probablement un paquet d’autre encore) un professionnel ne peut pas survivre comme ça.

En espérant qu’il va apprendre pendant les heures de bureau 100% de ce dont il a besoin pour faire son job.

Dans ces secteurs que je viens de citer, on a besoin d’explorer. De lire. D’échanger avec d’autres professionnels. D’aller chercher l’inspiration. D’expérimenter. De tester. De bidouiller. D’échouer dans des projets où l’on peut se permettre d’échouer.

Sans ça, on finit soit par stagner, soit par se retrouver complètement dépasser dans son propre job.

L’eau qui stagne finit par pourrir.

Les projets persos nourrissent les projets “du bureau”. Et vice-versa.

On découvre pendant la journée des problématiques intéressantes, mais qui ne sont pas la priorité de l’entreprise aujourd’hui. On explore ces problématiques sur son temps perso. On expérimente. On échange avec d’autres. On apprend.

Puis vient le jour où l’entreprise veut confronter l’une de ces problématiques, et on a une base solide derrière soi.

Raison n°3 : “Un petit peu chaque jour” battra systématiquement le “Beaucoup, une fois de temps en temps”

Austin Kleon, Steal like an Artist

Je pense qu’on se fait tous avoir à un moment ou un autre par ce piège ignoble.

On commence à travailler sur quelque chose qui nous motive et nous stimule. La Résistance se réveille. On se rend compte que ce que l’on vient de faire n’est “pas tout à fait comme on l’imaginait”.

Il y a un “problème” avec ce que l’on vient d’écrire, de peindre, de dessiner, de penser (bref, de créer).

Et plutôt que d’avancer, on s’arrête pour “essayer de corriger”. “Faire ça bien” avant de passer à la suite.

Et on peut rester une éternité coincée là-dessus.

J’ai essayé les deux. Et je préfère de loin être dans le camp de ceux qui font un petit peu tous les jours quelque chose d’imparfait plutôt que dans le camp de ceux qui ont un avis critique sur tout, à commencer par eux-mêmes, et qui ne produisent jamais rien.

“Think process. Not Product. (…)

It’s about doing. Not about what’s done.” — Austin Kleon

C’est à force de faire de l’imparfait tous les jours qu’on finit par trouver, un peu par hasard, en se retournant, une pépite dans la boue.

Et c’est à force de faire du mauvais tous les jours qu’on finit par progresser.

“Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L’excellence n’est donc pas un acte mais une habitude.” — Aristote

Raison n°4 : arrêter de se disperser

En matière de side projects, j’ai 500 envies par jour.

Je veux

  • écrire des articles sur Medium
  • faire du référencement sur mon blog
  • bidouiller des thèmes Wordpress
  • me mettre à des formats vidéos
  • organiser un webinar
  • créer des guides
  • m’essayer à la calligraphie
  • apprendre la photo
  • faire des .gif
  • expérimenter des tactiques sur les réseaux sociaux
  • explorer des idées de business
  • créer des formations
  • etc.
CommitStrip

Ce challenge règle tout ça.

Je me focalise sur un seul médium : l’écriture d’articles de blog. Donner un bon coup pour me défouler en une seule fois, avant de passer au médium suivant.

En faire un peu tous les jours.

Avancer sur un side project.

Et piétiner la Résistance.

Mur de mon salon. 1 post-it = 1 journée = 1100 mots.

Tips, astuces, techniques, méthodes et approches pour écrire tous les jours

Voici les 4 leçons les plus importantes que j’ai retirées de ces 3 derniers mois.

On peut trouver des tonnes de conseils sur la toile pour écrire mieux ou écrire plus souvent. Mais si je regarde objectivement ces dernières semaines, ce sont ces 6 leçons là qui ont eu le plus d’effet.

C’est grâce à elles que j’ai tenu le challenge jusqu’au bout.

Par ordre d’importance

  1. Créer du temps dans la journée : les 3 approches que j’ai testées… et celle qui a marché
  2. Les articles dont je suis le plus fier et que j’ai écrits le plus vite on un point commun surprenant
  3. “Conditions optimales pour écrire” = mensonge
  4. Ecrire en mettant de côté les variables et le vernis

Leçon n°1 — Créer du temps dans la journée : les 3 approches que j’ai testées… et celle qui a marché

Trouver le temps”, c’est bien évidemment le problème numéro un quand on veut se lancer dans un side project.

On manque déjà de temps dans la journée pour faire une pause, s’aérer la tête, prendre un moment pour soi… Alors trouver du temps pour faire un side project ?

Ça paraît complètement impossible.

Là où j’ai eu un coup de chance, c’est que l’on m’a appris un secret il y a plusieurs années :

Le temps est négociable.

L’exemple que l’on m’avait donné à l’époque, c’est :

“Regarde les nouveaux parents. Tu as un couple d’amis qui n’a jamais le temps. Ils sont très pris par le boulot. Ils sortent le soir pour décompresser. Ils n’ont jamais le temps de rien faire.

Ils ont un jour un enfant. Et il faut être soi-même parent pour comprendre vraiment à quel point un enfant va demander du temps et de l’énergie.

Et pourtant, tes amis survivent. Ils n’ont jamais le temps. Ils sont épuisés. Mais ils survivent. Ils ne perdent pas leur job. Leur gamin grandit. Ils sont heureux.

Puis ils ont un deuxième enfant. Et un troisième. Ils n’ont toujours pas de temps, mais ils survivent.

Le truc, c’est que l’on voit le manque de temps comme un fait établi. Non négociable. Comme la gravité.

Ce n’est que quand on est pied au mur qu’on se rend pas compte du contrôle que l’on a dessus.”

Vous connaissez peut-être déjà cette histoire du professeur de philo qui, un matin, en arrivant en classe, pose un bocal vide devant ses élèves, le rempli de balles de golf et leur demande :

“D’après vous… est-ce que ce bocal est plein ?”

Les élèves acquiescent.

Le professeur, avec un sourire, verse ensuite des cailloux dans le bocal, qui viennent se glisser entre les balles de golf.

Même question du professeur. Même réponse des élèves, qui se rendent compte qu’ils se sont fait avoir.

Le professeur verse cette fois du sable et repose la même question. Bon, cette fois, le bocal est vraiment plein, non ?

Le professeur sort ensuite un pichet d’eau et termine la leçon :

“Ce pot représente votre vie.

Les balles de golf et les cailloux sont les choses importantes, celles qui comptent vraiment pour vous, pour votre bonheur et pour votre épanouissement.

Le sable et l’eau sont les petites choses qui sont moins importantes. Celles que vous faites par réflexe, par habitude ou parce que vous pensez qu’elles sont importantes… alors qu’elles ne vous apportent rien.

Si vous remplissez d’abord le bocal avec le sable ou avec l’eau, vous n’aurez plus de place pour les balles et les cailloux.”

Le truc, pour réussir à écrire tous les jours, c’est de repérer l’eau et le sable que l’on peut retirer facilement du bocal.

Approche 1

Personnellement, j’ai commencé par utiliser mon temps dans les transports en commun.

Environ 45 minutes aller et 45 minutes retour ? Chaque jour ? Un beau sac de sable.

Et, en effet, cela permet de bien avancer, et de noter quantité d’idées sur le téléphone (voire de rédiger directement).

Mais c’est trop aléatoire pour compter dessus : en fonction des horaires, les rames sont bondées et autant oublier.

Approche 2

Bloquer chaque soir la première heure en rentrant chez soi. Battre le fer tant qu’il est chaud et qu’on est encore dans l’énergie de la journée.

Et, pour maximiser l’efficacité, passer par la reconnaissance vocale du smartphone.

Dicter à mon téléphone le texte.

Avantage : les 1100 mots sont facilement expédiés en 30 min. Yeah.

Inconvénient : il faut prévoir entre 30 et 60 minutes le week-end pour corriger chaque texte. Arf.

C’est peut-être les limites de la reconnaissance vocale du téléphone, mais il faut repasser sur quantité de fautes de frappe (accords, conjugaisons, homonymes…) et parfois sur des interprétations loufoques de la part du téléphone. Plus la mise en page que l’on fait naturellement quand on écrit (gras, italique, niveaux de titre…)

Approche 3

Au final, la seule approche qui a réellement fonctionné pour moi pendant ce challenge, c’est celle du miracle morning.

Profiter du moment de la journée où je me sens le plus productif (le matin, au réveil).

Me lever une heure plus tôt chaque jour.

Et avoiner 60 minutes d’écriture ininterrompues. Pas de pause. Pas d’excuses. Pas de distractions.

Ensuite, petit-déjeuner, douche et au boulot.

Se tenir le plus souvent possible à ce rythme. Mais aussi prévoir une heure ou deux le week-end pour rattraper les ratés qui peuvent arriver.

La leçon que j’en retire : On peut créer du temps dans la journée, mais pour ça il faut tester, expérimenter et affiner pour trouver l’approche qui nous convient le mieux.

Leçon n°2 — Les articles dont je suis le plus fier et que j’ai écrits le plus vite on un point commun surprenant

Pendant que j’écrivais chacun de ces articles, j’étais à 100% dans le flow : cet état de grâce que recherchent les artistes, les sportifs et les créatifs.

Ce moment presque magique où toutes les pièces sont alignées et tout fonctionne de manière fluide.

Ma concentration était absolue.

  1. Je savais exactement ce que je voulais dire.
  2. Je trouvais tout de suite mes mots.
  3. Je n’avais pas besoin de revenir en arrière pour relire ou pour retoucher un passage.
  4. Mes doigts volaient sur le clavier.
  5. A aucun moment je n’avais le moindre doute sur ce que j’étais en train de faire (“Est-ce un sujet intéressant ?”. “Est-ce qu’il faut que je parle de …?”)
  6. Aucune distraction ne me détournait du texte.

J’ai déjà ressenti cet état de flow par le passé, mais ce challenge de 90 jours m’a aidé à découvrir quelque chose de surprenant.

Cet état de flow ne dépendait jamais…

… de ma forme physique ou mentale (j’ai vécu le flow aussi bien pendant des journées où j’avais la pêche que pendant des journées où j’étais fatigué et sans énergie)

… du moment de la journée (je l’ai vécu le matin comme le soir, en semaine et en week-end)

… du sujet de l’article (je l’ai vécu en travaillant sur des thématiques qui me passionnent comme sur des thématiques quelconques)

… de ce que j’avais fait avant pendant la journée (fait du sport, mangé de la junk food, fait une sieste, eu ou non mon café…)

Non. Le seul point commun de tous ces moments de flow… c’est que j’avais parfaitement découpé le travail en amont avant de m’installer pour écrire

Je ne vous apprends rien si je vous dis que, pour écrire un article de blog, il faut compléter ces étapes.

  1. Trouver un sujet
  2. Rassembler les informations que vous allez utiliser dans l’article
  3. Construire l’article (de quoi je vais parler, dans quel ordre, quelles sont les parties, etc.)
  4. Ecrire l’article, un mot après l’autre
  5. Editer l’article (corriger, revoir à tête froide, mettre en page, etc.)
  6. Publier

Parfois on ne se rend même pas compte de ces étapes.

Vous allez peut-être aller tellement vite sur l’une d’elle que c’est comme si vous l’aviez sautée.

Exemple 1 — Vous avez déjà une idée fine du sujet, du “pourquoi il est important” et “quelles questions se posent les lecteurs qui s’intéressent à ce sujet”.

L’étape 1 saute.

Exemple 2 — Vous maîtrisez complètement le sujet. Vous n’avez aucun besoin de faire une recherche sur Google, de vérifier une info, de vous renseigner, de voir éventuellement ce que d’autres ont écrits avant vous, etc.

L’étape 2 saute.

Mais quelque soit votre article, vous aurez quand même besoin de passer à un moment ou un autre par ces 4 étapes.

Si vous décidez de sauter les 3 premières étapes et de commencer à écrire directement votre article (étape 4), alors que vous n’êtes pas vraiment prêt sur les 3 bases précédentes… eh bien, vous allez quand même être obligé de revenir en arrière.

Vous allez devoir vous interrompre en cours de route pour chercher une info.

Vous allez devoir repenser la structure de l’article (“Ha, nan. Ca j’en ai déjà parlé plus haut.”)

Vous allez perdre du temps. De l’énergie.

Le point commun systématique de tous ces moments de flow que j’ai ressenti pendant l’écriture, c’est que j’avais pu faire chaque étape, dans l’ordre, sans jamais avoir à revenir en arrière.

1/ J’étais 100% convaincu de mon sujet. J’avais en tête une problématique très précise à résoudre : un cas particulier, auquel je voulais apporter une réponse via l’article.

Aucune possibilité de me disperser ou de douter en cours de route.

2/ J’avais en mémoire toute l’information dont je pouvais avoir besoin. Je n’avais aucun doute d’avoir tout ce qu’il me fallait pour écrire un article qui réponde à ce sujet.

3/ Avant même de commencer à écrire, je savais exactement quelle information apporter dans quel ordre.

Soit parce que le découpage me paraissait naturel, soit parce que je m’étais posé sur la question avant d’écrire.

Au final, c’est comme si j’avais la personne en face de moi. Et que j’étais en train de lui expliquer comment résoudre son problème.

Quand vous discutez avec une personne, en face de vous, sur un sujet que vous maîtrisez et que vous répondez à une question précise… vous n’avez aucune hésitation, pas vrai ?

  • La place ? Vous prenez la route ici, vous la suivez jusqu’au bureau de poste, vous tournez…
  • Le dossier avec les factures de 2016 ? Il faut d’abord que tu demandes une autorisation à…
  • Les meilleurs endroits à visiter en Sicile ? Pour moi, c’est…

C’était exactement la même chose ici.

Leçon n°3 — “Conditions optimales pour écrire” = mensonge

Ecrire le matin. Ecrire le soir.

Ecrire dans le calme absolu. Ecrire avec un bruit de fond, comme les conversations dans un café. Ecrire en écoutant de la musique classique.

Ecrire sur du papier. Ecrire sur un ordinateur.

Ecrire assis. Ecrire debout.

Tout ça n’a pas la moindre importance.

Les conditions optimales pour écrire” sont un faux problème.

Vous ne devriez même pas vous poser la question. Ce qui compte, c’est d’être au rendez-vous tous les jours. De s’asseoir. D’écrire.

Les professionnels, les sportifs de haut niveau et les vrais artistes n’attendent pas “le bon moment” ou “l’inspiration” pour s’y mettre.

Ils pratiquent tous les jours.

  • Même quand ils sont fatigués
  • Même quand ils n’ont “pas envie aujourd’hui”
  • Même quand ils “ne le sentent pas”
  • Même quand il pleut
  • Même quand ils en ont mal dormi cette nuit là
  • Même quand ils sont blessés ou malade

Les professionnels savent que les conditions sont parfois favorables et parfois non.

Et quand ils se retrouvent dans des conditions défavorables, ils font avec. Ils ne cristallisent pas leur attention dessus. Ils se concentrent sur leur tâche et leur art.

C’est l’un des principaux bienfaits que je tire de ce challenge.

Pendant des années, j’ai repoussé l’écriture d’un article, d’un texte, d’une nouvelle ou d’une histoire parce que les conditions n’étaient pas idéales.

Pas en forme. Pas inspiré. Trop de bruit dehors. Un mauvais moment passé dans la semaine ou dans la journée.

Le challenge court-circuite ce genre d’excuse. En forme ou à plat, ça revient au même : il faut se pointer et écrire.

Tant pis si l’exécution n’est pas parfaite, ce qui compte c’est la pratique.

Leçon n°4 — Ecrire en mettant de côté les variables et le vernis

Ce point là serait plus clair avec un exemple.

Tenez, prenez cet article que vous êtes en train de lire.

Au tout début de l’article, vous avez pu voir un graphe ainsi qu’une liste d’article.

Ces passages m’ont pris un peu de temps à préparer.

Pour le graphe :

  • Chercher sur la toile des exemples de livres connus avec le nombre de mots qu’ils contiennent
  • Faire le tri dans la liste
  • Monter un graphe
  • Bidouiller pour que le graphe soit lisible
  • Ajouter le graphe au document

Pour la liste des articles

  • Reprendre chaque titre d’article écrit pendant le challenge
  • Ajouter le nombre de mots à la fin
  • Ajouter le lien vers l’article
  • Les trier par catégorie
  • Copier/Coller le tout dans l’article

C’est pourquoi j’ai écris ces passages en tout dernier : une fois que tout le reste a été écrit.

Quand on est dans le flow, il faut à tout prix éviter de s’arrêter pour faire des tâches autres que l’écriture.

  • Aller chercher une citation
  • Trouver un chiffre ou une statistique
  • Ajouter un visuel ou un .gif
  • Retrouver la manière dont une personne ailleurs a formulé une idée
  • Retrouver un lien vers une vidéo où le présentateur explique un concept important pour votre article
  • Retrouver le titre exact d’un bouquin ou d’une ressource qui vous a inspiré ce que vous êtes en train d’écrire

Ce type d’interruption vous fait perdre énormément de temps. Il coupe votre flow et fait appel à une part complètement différente de votre cerveau.

C’est un peu comme si vous construisiez une maison…. et que vous vous arrêtiez plusieurs fois par jour pour aller chercher un objet au magasin.

Quand vous êtes dans le flow, vous devez tout faire pour y rester. S’il vous manque un morceau à un endroit, sautez-le. Laissez juste une note.

  • Capture d’écran google analytics
  • Retrouver couverture bouquin…
  • Retrouver quote…

Raisonnez comme si c’était des variables autour desquelles va se construire votre texte.

Et maintenant ?

C’était les principales leçons que j’ai tirées de ce challenge.

Je suis vraiment content de l’avoir fait jusqu’au bout. Et je vous recommande vraiment de vous lancer votre propre challenge, avec votre médium (écriture, peinture, musique, sport… qui sait ?).

Pour ma part, j’ai pris goût au jeu et j’ai démarré lundi un nouveau, cette fois autour de la vidéo.

Suivez ce lien si vous voulez suivre l’avancement.

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Thomas Gadroy

Content Strategist @Payfit, passionné de marketing pragmatique et #NoBullshit.