La “confiance” : pierre angulaire sous-jacente de la révolution crypto

Hugo MIR
Chainlink Community
22 min readMay 9, 2022

17 février 2022 Chainlink

Cet article est une traduction de l’article original que vous pouvez retrouver sur le site Chainlink : https://blog.chain.link/what-crypto-is-really-about/

Cet article est la première partie d’une série en deux parties sur “le futur de la confiance” et le rôle de la blockchain est des oracles décentralisés. N’hésitez pas à lire la 2ème partie, Cryptographic Truth: The Future of Trust-Minimized Computing and Record-Keeping, pour mieux comprendre les principes fondamentaux de la cryptographie qui sous-tendent la technologie blockchain et la manière dont les Oracles Chainlink peuvent appliquer ce même niveau de garanties cryptographiques au monde extérieur (c’est-à-dire aux données qui ne sont pas déjà sur la blockchain).

Le mot “confiance” est un des termes les plus débattus dans l’industrie de la blockchain. En effet, les ingénieurs de cette industrie expliquent souvent l’intérêt de la blockchain en faisant référence à des systèmes de transactions qui ne nécessitent aucune confiance entre pairs pour fonctionner correctement. Bien que les interprétations varient et se chevauchent, cette question de “la confiance” est indispensable pour comprendre la valeur ajoutée de l’industrie blockchain / crypto.

Dérivé de l’ancien dialecte germanique “traust”, qui signifie « confiance » mais aussi « abri », la confiance se caractérise par le niveau de conviction et de croyance que nous avons vis-à-vis de certaines personnes ou de certains processus concernant le respect de leurs engagements et leur fidélité à notre égard. La confiance est une brique essentielle au bon fonctionnement de nos sociétés : les sociétés où la confiance est élevée ont généralement une activité économique développée et une plus grande harmonie sociale car la majorité des parties prenantes ont la conviction que leurs différends pourront être réglés de manière équitable.

Malheureusement, la confiance dans les institutions chargées de faciliter et fluidifier les activités sociales et économiques s’effrite petit à petit, un peu partout dans le monde. Les derniers sondages Gallup indiquent, par exemple, que le niveau de confiance de la population américaine dans un grand nombre d’institutions du Pays a largement diminué au cours des 45 dernières années. Bien que l’ampleur de cette méfiance varie selon les industries et les Pays, le sentiment de méfiance est de plus en plus partagé et répandu et nombreux sont ceux qui cherchent désormais des solutions plus équitables.

L’industrie de la blockchain et des oracles décentralisés, sur lesquels reposent le développement rapide des crypto-actifs et des contrats intelligents (ou smart contracts), tend à apporter une réponse à ce problème en améliorant la coordination des activités sociales et économiques grâce à des interactions sécurisées, transparentes et accessibles à tous. Plus important encore, ces technologies révèlent l’intérêt des garanties cryptographiques — ce que nous appelons “vérité cryptographique” — pour restaurer la confiance des utilisateurs dans leurs interactions quotidiennes.

Remarque : Dans la suite de cet article, nous utilisons les mots « application » ou “plateforme” au sens large pour désigner toute interface digitale permettant d’interagir avec une entreprise, un gouvernement ou d’autres utilisateurs, qu’il s’agisse d’une application que vous téléchargez sur votre téléphone ou sur un site Web. Notez également que lorsque nous parlons des blockchains, nous nous concentrons sur les blockchains qui ne nécessitent aucune autorisation pour fonctionner (comme par exemple, Ethereum, Bitcoin) compte tenu de leur adoption généralisée, par opposition aux blockchains qui nécessitent un certain niveau d’autorisation.

Le problème : une rupture de la confiance sociétale

La perte de confiance dans les institutions et les processus traditionnels est de plus en plus évidente dans la plupart des sociétés modernes. Vous trouverez ci-dessous quatre enjeux déterminants qui permettent d’expliquer en grande partie l’augmentation de cette défiance généralisée et qui ont un impact direct sur la qualité de vie et la prospérité économique.

1) Des données et des applications dont la propriété est centralisée

La façon dont nous avons conçu et développé Internet permet d’expliquer pourquoi nous avons aujourd’hui un grand nombre d’applications qui sont centralisées. Dans le web actuel, une entité centralisée détient généralement la propriété intellectuelle (IP) d’une application, contrôle son infrastructure informatique (backend), prend des décisions déterminantes sur son développement futur et profite des données et des revenus générés par son utilisation. Cette centralisation est responsable d’une relation très déséquilibrée entre les utilisateurs et les applications qui peuvent facilement en abuser, ce qui alimente le niveau de défiance.

Prenons un exemple : de nos jours, il n’est pas rare que certaines applications censurent unilatéralement les actions des utilisateurs. Bien que de telles actions puissent être justifiées lorsqu’elles reposent sur des violations manifestes des conditions d’utilisation de l’application, telles que la réalisation d’activités illicites, il existe de nombreux cas où la censure est basée sur des interprétations subjectives issues de politiques plus ou moins “vagues”. Et cela remet complètement en cause la neutralité de la plateforme, notamment dans les cas où les intérêts financiers de l’application sont en jeu, ou des pressions politiques ou sociales externes sont exercées, ou bien lorsque les opinions personnelles des utilisateurs ne correspondent pas directement à celles de l’application. De nombreuses censures récentes, que ce soit sur des réseaux sociaux, sur des applications de services financiers ou sur des sites de streaming de contenu, ont d’ailleurs engendré de longs débats pour discuter de leur légitimité.

La centralisation conduit également à des structures de pouvoir très inégales, où de petits groupes de personnes contrôlent en grande partie la répartition des revenus de l’application ainsi que le futur de son développement, tandis que les utilisateurs n’ont pas grand-chose à y redire.

S’il est vrai que les développeurs d’application sont à l’origine de leurs lancement et de leur développement et sont donc, dans une certaine mesure, responsables de leur succès, nous pouvons également dire que, dans le web actuel, les utilisateurs contribuent à créer une immense valeur en tant que créateurs de contenu. Exemple : les utilisateurs donnent de la valeur aux réseaux sociaux grâce au contenu qu’ils génèrent et à leur communauté, ce qui est monétisé directement par les développeurs d’applications via la publicité. Il est donc normal que les utilisateurs en viennent à se demander s’ils reçoivent une rémunération équitables et à la hauteur de leur travail en utilisant ces plateformes…

D’autre part, de plus en plus d’utilisateurs sont préoccupés par les problématiques de stockage de leurs informations personnelles, parfois sensibles, sur ces plateformes. En effet, les utilisateurs doivent souvent créer des comptes et étayer leur profile pour interagir avec ces applications. Ce modèle de stockage centralisé constitue un axe d’attaque évident pour les pirates informatiques, et a déjà entraîné de nombreuses violations de données, comme ce fut le cas avec Equifax, par exemple.

L’utilisation de ces données est une autre source de revenu potentiel pour ces applications qui sont capables de monétiser les données des utilisateurs sans partager les revenus qui en découlent. La centralisation structurelle de la plupart des applications du web actuel, que l’on appelle souvent le “Web 2.0” ou “Web2”, est directement liée à leur modèle économique, dont une bonne partie peut être décrit par la formule « si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit », .

La vérité : une réalité qui n’est pas toujours partagée

Un autre problème majeur, directement responsable du niveau de méfiance grandissant dans nos sociétés, est lié au fait que les participants à un échange social ou économique n’ont pas souvent la possibilité de se référer à une vérité objective et partagée en cas de conflit. Prenons un exemple : il existe de nombreuses relations d’affaires où tous les participants conservent, chacun de leur côté, leurs preuves et informations en cas de litiges. Dans un modèle comme celui-ci, il est possible qu’une erreur honnête d’un des participants entraîne un long processus de réconciliation, mais il est également possible que les parties falsifient intentionnellement leurs dossiers dans le but de retarder l’accord ou d’échapper à leurs obligations contractuelles.

Le scandale Wirecard en est un très bon exemple. Dans cette affaire, de nombreuses sociétés de services financiers ont subit de lourdes pertes lorsqu’elles ont découvert que la société allemande Wirecard se livrait à des pratiques comptables frauduleuses pour couvrir 1,9 milliard d’euros de fonds manquants dans son bilan. De même, la crise financière de 2007–2008, qui a gravement touché le secteur financier et économique mondial, est en grande partie due à l’opacité des créances hypothécaires toxiques (MBS) et à leurs produits dérivés, qui se sont développés sans que des signaux d’alertes, pourtant évident, n’apparaissent.

Comment expliquer que le système fonctionne ainsi ? Nous pouvons l’expliquer par le fait que très peu d’utilisateurs comprennent les tenants et aboutissants de la relation juridique qu’ils entretiennent avec certaines institutions ou applications.

Certains diront que le problème vient du fait que les utilisateurs sont responsables de ces dérives puisqu’ils ne lisent pas toujours correctement les conditions des accords de service. Cependant, nous pouvons aussi nous demander s’il est normal d’attendre des utilisateurs qu’ils lisent et comprennent l’intégralité des longs contrats qu’ils signent dans la mesure où ces derniers reposent bien souvent un jargon juridique dense et délibérément vague, laissant place à nombreuses interprétations possibles.

Lorsque tout va bien, les malentendus contractuels ne se manifestent que très rarement. Cependant, lorsque des événements inattendus se produisent, les utilisateurs découvrent souvent que leur relation avec une certaine institution (ou une application) n’est pas vraiment celle à laquelle ils s’attendaient. Ce type de relations juridiques “peu claires” sont une des raisons pour lesquelles de nombreux utilisateurs semblent dépourvus et surpris lorsqu’ils constatent qu’une des applications de confiance qu’ils utilisent régulièrement, comme par cela a pu être le cas avec l’application de trading Robinhood, sont en droit d’interrompre des achats d’actions, comme GME, pendant une période de volume d’échanges élevé, voir même d’empêcher tout retrait supérieur à 60 € par jour via la plateforme sur cette période.

Ce même malentendu semble également de plus en plus flagrant lorsque l’on observe les relations entre les utilisateurs et les applications de réseaux sociaux, en particulier en ce qui concerne la manière dont les données sont collectées et partagées, ainsi que la manière dont l’algorithme de l’application détermine ce qui sera ou non affiché dans le fil d’actualité. Les algorithmes qui le détermine sont souvent opaques, rendant les utilisateurs incapables de comprendre pourquoi certains contenus sont affichés et pas d’autre. Ce manque de clarté conduit inévitablement les utilisateurs à spéculer sur la qualité, l’objectivité et l’exhaustivité des informations sélectionnées par l’algorithme, aggravant la rupture de confiance que nous constatons aujourd’hui.

Le manque d’application et de responsabilité

Les différends sont, dans certaines circonstances, inévitables. Par conséquent, lorsqu’ils surviennent, il est essentiel de tout faire pour les résoudre d’une manière équitable pour maintenir le niveau de confiance général.

Malheureusement, dans bien des cas, les plus grandes institutions ont souvent un avantage asymétrique dans le processus de règlement des différends. Dans certaines relations contractuelles, plus une institution est importante par rapport aux autres parties (individus), plus elle peut disposer d’une certaine latitude pour revenir sur ses engagements étant donné que l’utilisateur moyen n’a pas le temps, ni le capital, ni l’influence nécessaire pour intenter une action en justice avec succès. En fait, dans certains Pays en développement, le système juridique est même si peu fiable face à l’influence de certaines institutions et à la corruption que des relations économiques d’ampleur fondées sur la confiance ne sont tout simplement pas envisageables.

Il arrive même parfois qu’une institution se trouve si puissante et si intégrée dans une société qu’elle devient trop importante pour que le gouvernement ne lui laisse la possibilité d’échouer. On utilise souvent l’expression “too big to fail” dans ce cas là pour décrire les institutions que les gouvernements renfloueront inévitablement pour éviter tout risque systémique, bien que certaines de ces institutions aient pris de mauvaises décisions. Cette expression tire son origine du renflouement public de grandes sociétés de services bancaires et financiers qui ont fait faillite en raison d’une surexposition aux actifs hypothécaires toxiques pendant la crise financière de 2007–2008. Nous pouvons d’ailleurs nous interroger sur la dynamique que nous connaissons actuellement, dans laquelle les gouvernements et les banques centrales ont joué un rôle important via leurs politiques monétaires, conduisant à une inflation particulièrement élevée et à des inégalités économiques croissantes, alors que leurs objectifs déclarés sont plutôt de contrôler l’inflation et de promouvoir la stabilité économique.

Des processus construits autour de nombreux tiers de confiance et qui sont souvent inefficaces

Dans le système actuel, l’ajout de tiers de confiance peut permettre de compenser les risques de certaines relations économiques et sociales afin d’assurer un fonctionnement minimal. Cependant, ces tiers de confiance impliquent en général des coûts supérieurs et des délais d’exécution plus importants. Sans oublier que l’ajout de chaque tiers de confiance dans une relation contractuelle, créé inévitablement un risque supplémentaire dans l’exécution du contrat. Une industrie sujette à de telles inefficacités est, par exemple, celle des envois de fonds internationaux, où une transaction de 200 dollars en 2020 a entraîné en moyenne des frais de 6,5 % et a parfois pris plus de 24 heures pour être effectuée. Techniquement, les envois de fonds pourraient être quasi instantanés compte tenu des progrès de la technologie numérique, mais toutes les banques ne se font pas confiance. Les paiements doivent être acheminés via plusieurs banques correspondantes pour arriver à leur destination finale, ce qui entraîne des frais et prolonge les délais de règlement.

La blockchain et l’utilisation d’oracles apportent une réponse claire aux problèmes de confiance

Que se passerait-il si l’infrastructure sur laquelle repose la confiance contractuelle entre deux parties pouvait garantir à elle seule des résultats justes et équitables sans l’intervention d’aucun administrateur central et sans l’ajout d’aucun tiers intermédiaire ?

Pour atteindre cet objectif, cette infrastructure devrait reposer sur deux principes clés : 1) Une coordination reposant sur une capture de la valeur ajoutée “minimale” ; 2) Une exécution quasi déterministe des engagements contractuels suivant le respect de conditions de départs clairement établies et acceptées par les parties.

  • La coordination reposant sur une capture de la valeur ajoutée “minimale” se produit lorsque l’infrastructure qui facilite les interactions entre les utilisateurs minimise la rente qu’elle tire en contrepartie. Contrairement à une entreprise à but lucratif, l’infrastructure ici n’a pas d’objectif financier, si ce n’est celui qui vise à faciliter et fluidifier l’interaction et la connexion entre utilisateurs. Exemple : un marché financier qui permet aux utilisateurs d’acheter et de vendre des actifs avec des frais de transaction les plus bas possibles.
  • Une exécution “déterministe” des engagements contractuels fait référence à un processus dont la probabilité d’exécution, selon certaines conditions prédéfinies, est statistiquement si élevée qu’il peut presque être considéré comme garanti. Dans un sens, nous pourrions dire que l’utilisateur n’a pas à faire confiance à l’infrastructure. Cette dernière est conçue pour être déterministe, ce qui signifie que toutes les variables potentielles qui pourraient influencer le résultat du processus sont supprimées ou réduites au point où il est quasi improbable qu’elles ne s’exécutent pas suivant la manière dont elles ont été écrites/codées initialement. Certains ont même qualifié ce type d’architecture, d’infrastructure “sans confiance”, bien que nous pouvons affirmer que rien n’est complètement sans confiance.

Les blockchains combinent ces deux propriétés. Elles servent de coordinateurs dont la rente est minimale (sans recherche d’un profit maximum) et exécutent le code de manière déterministe (c’est-à-dire garanti). Les blockchains peuvent fournir ces propriétés car elles ne reposent pas sur des administrateurs centraux, mais sur des réseaux informatiques décentralisés qui sont financièrement incités à tout faire pour maintenir le registre récapitulant l’ensemble des transactions et possessions de chaque utilisateur du réseau à jour, et sans corruption. À chaque fois que quelqu’un crée un nouvel actif, transfère un actif existant à un autre utilisateur ou stocke des données sur la blockchain, un réseau décentralisé de nœuds doit former un consensus autour de la validité de chaque interaction avant qu’elle ne soit approuvée. Exemple : si un utilisateur souhaite envoyer de l’argent d’un compte à un autre, la blockchain vérifiera que l’utilisateur dispose de suffisamment d’argent pour financer la transaction avant de l’exécuter.

Le consensus décentralisé et la cryptographie sont combinés dans les blockchains pour former la base de ce qu’on appelle, la vérité cryptographique et qui repose sur le fait que la validation des nouvelles transactions ne peut être effectuée qu’après vérification des informations historiques déjà stockées dans le registre de la blockchain (chaque transaction passée ayant elle-même été préalablement validée avant d’être inscrite dans la blockchain). En ce sens, les blockchains sont déterministes, car l’approbation de nouvelles transactions ne nécessite pas d’information nouvelle ou externe, ni l’intervention d’aucun tiers de confiance.

Pour une compréhension plus approfondie des blockchains, reportez-vous à ces articles : Qu’est-ce que la technologie Blockchain ? et Blockchains et oracles : similarités, différences et synergies.

Si aujourd’hui, beaucoup reconnaissent que les blockchains sont utiles pour prendre en charge des systèmes de paiement basés sur les crypto-monnaies, il ne s’agit là que d’un cas d’utilisation “limité”. En effet, les blockchains peuvent avoir une utilité beaucoup plus grande grâce à la prise en charge des contrats intelligents (aussi appelés, “smart contracts”). Les contrats intelligents sont des programmes construits sur le modèle « si x, alors y », et qui s’exécutent sur les réseaux blockchains de manière inviolable. Les développeurs blockchains utilisent les contrats intelligents pour créer des applications décentralisées (que l’on appelle couramment “dApps”). Ces contrats intelligents représentent les termes et conditions que les utilisateurs doivent respecter lorsqu’ils interagissent avec l’application décentralisée.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les contrats intelligents, vous pouvez consulter cet article : Qu’est-ce qu’un contrat intelligent ?

Les oracles jouent un rôle essentiel à la création de dApps avancées. En effet, les blockchains sont extrêmement sécurisées car elles sont déconnectées du monde extérieur, un peu comme un ordinateur sans Internet, mais cela rend les cas d’usages qui peuvent en découler extrêmement limités. C’est pour répondre à ce problème que les oracles ont été créés. Ces derniers prennent en charge l’infrastructure des blockchains et leur permettent d’interagir avec des données et des systèmes externes tout en maintenant le niveau de sécurité inhérent aux blockchains. Ce faisant, les oracles permettent aux contrats intelligents d’utiliser des données externes pour déclencher une exécution (exemple : les résultats d’un match sportif pour régler un pari), d’envoyer des données à des systèmes externes pour règlement (exemple : l’envoi de messages de paiement pour exécuter un règlement bancaire), d’interagir avec des contrats intelligents sur d’autres blockchains, ou encore d’effectuer des calculs “hors-chaine” lorsque leur capacité de calcul est trop limitée. Les oracles permettent donc de créer des contrats intelligents hybrides, combinant à la fois du code “on-chain” (qui se trouve sur la blockchain) avec du code “hors-chaîne” pour former une seule et même application.

Chainlink a été le pionnier des Réseaux d’Oracle Décentralisés (appelés DON) a avoir réussi à apporter des propriétés de confiance minimales lors de son utilisation tout en atténuant l’extraction de recherche de rente des opérateurs de son réseau. Suite à la création de son réseau, une explosion de nouveaux cas d’utilisation de contrats intelligents qui utilisent les DON Chainlink a été constatés, comme par exemples les contrats de la finance décentralisée (DeFi), les jetons non fongibles (NFT), les jeux Play-to-Earn (P2E), l’assurance décentralisée, etc.

Pour en savoir plus sur les Oracles et Chainlink, reportez-vous à ces articles : Qu’est-ce qu’un Oracle Blockchain ? et Qu’est-ce que Chainlink? Un guide pour débutant.

Vous l’avez compris, en combinant les propriétés des blockchains avec celles des oracles, il est possible d’obtenir un réseau de confiance de bout en bout (end-to-end) capable de garantir la coordination des activités économiques et sociales des utilisateurs. Les blockchains agissent en gros comme des infrastructures inviolables qui permettent de créer des contrats intelligents, tandis que les oracles permettent aux contrats intelligents de se connecter de manière sécurisée aux événements du monde réel, d’interagir avec les infrastructures traditionnelles et de se connecter à d’autres blockchains.

Ce nouveau modèle fait donc passer les applications et les contrats numériques de “probabilistes” (puisqu’ils reposent sur des tiers de confiance) à “déterministes” et vérifiés par un consensus décentralisé.

Quel futur pouvons-nous en attendre ? Une confiance restaurée grâce à l’utilisation de la vérité cryptographique

Grâce à la confiance qui découle de l’utilisation de la blockchain et des oracles, il est désormais possible d’apporter une réponse aux problèmes ci-dessus, et de construire un monde basé sur la vérité, où les applications digitales (plateformes) et les utilisateurs sont obligés de respecter leurs engagements grâce à l’établissement d’accords fiables et transparents.

Un monde où vous données vous appartiennent vraiment et où vous seul avez le pouvoir dessus

L’un des plus grands avantages de la technologie blockchain est la décentralisation des applications construites sur son infrastructure, permettant de faciliter l’activité sociale et économique. La technologie blockchain permet de créer des plateformes et des applications “neutres”, c’est-à-dire qui n’ont plus la capacité de censurer arbitrairement les utilisateurs, que ce soit pour des raisons financières, politiques ou sociales. Une fois que les termes et conditions sont codés dans des contrats intelligents et stockés sur la blockchain, la relation entre les utilisateurs et les dApps est transparente pour tous et ne peut être annulée ou manipulée par aucune des parties, ni par un administrateur central.

La blockchain s’apparente donc en quelque sorte à un facilitateur pour les transactions et la sécurisation des actifs. En effet, toutes les données produites par les dApps sont visibles publiquement et immuables et les utilisateurs ont un contrôle direct sur leurs données/actifs grâce à des clés privées qu’eux seuls possèdent. N’importe qui peut voir l’historique complet des transactions du registre Bitcoin et n’importe qui peut conserver et envoyer son Bitcoin à d’autres utilisateurs du réseau sans l’intervention ou l’accord d’aucun intermédiaire.

Des solutions oracle préservant la confidentialité vont également progressivement faire leur apparition, telles que la solution DECO de Chainlink, qui est en cours de construction et qui va permettre aux utilisateurs de prouver des informations sensibles aux dApps sans les révéler publiquement (grâce à l’utilisation du système “zero knowledge proof”). Un utilisateur pourra donc prouver qu’il vit dans une certaine juridiction ou que son solde bancaire est supérieur à un certain montant sans révéler son adresse ou son solde exact à la dApp, supprimant ainsi la responsabilité des dApps de stocker les informations d’identification tout en continuant à les utiliser (par opposition au modèle sur lequel est construit le web 2 actuel).

Les blockchains et les dApps permettent également de démocratiser l’accès à certains flux de trésorerie. La blockchain Ethereum, par exemple, est en train de passer à un modèle de consensus basé sur la preuve de participation (Proof of Stake) où n’importe qui dans le monde peut verrouiller (staker) sa crypto-monnaie ETH native dans un contrat intelligent spécifique afin de devenir un validateur sur le réseau. En devenant validateur, l’utilisateur est récompensé d’une partie de la valeur générée par la blockchain Ethereum puisqu’il a participé à la validation (sécurisation) de l’ensemble des transactions des utilisateurs du réseau.

Une dynamique similaire existe dans les applications DeFi comme Curve, un des plus importants échanges décentralisés actuellement. En utilisant Curve, les utilisateurs peuvent choisir de verrouiller le jeton CRV natif dans un contrat intelligent qui peut aller jusqu’à quatre ans, ce qui leur donne des droits de gouvernance sur la dApp et un pourcentage de récompense proportionnel au revenus générés par la dApp.

Le concept de vérité partagée

Les blockchains et les dApps sont généralement des technologies open source où tous les utilisateurs ont un accès et une compréhension partagée du code qui alimente la dApp et des données générées lors de ses opérations. En un mot, la blockchain est un système d’enregistrements d’actifs et de transactions public sans intermédiaire, auquel tous les participants ont accès de manière égale, et qui permet de supprimer les potentiels litiges ainsi que tout risque systémique (par opposition au système actuel). Les transactions sont vérifiées via un mécanisme de consensus décentralisé et ne repose pas sur l’opinion d’un seul utilisateur ou d’un administrateur, ce qui signifie que la relation entre les utilisateurs et les dApps suivent strictement les termes codifiés, sans surprise possible.

Les oracles peuvent être utilisés pour valider et vérifier les données d’infrastructures externes grâce à l’utilisation d’un réseau décentralisé de nœuds et de nombreuses sources de données qui permettent d’éviter tout point de défaillance centralisé et de maintenir une bonne exécution. Le service Chainlink Price Feeds, par exemple, repose sur des DON qui fournissent des prix d’actifs en temps réel, utilisés dans le cadre de la finance décentralisée (DeFi), pour des services financiers tels que les prêts, les dérivés, les stablecoins, etc.

D’autres solutions permettant de générer “une vérité partagée” incluent le Ledger of Record proposé par Balaji Srinivasan, ancien directeur technique de Coinbase et associé général d’A16Z. Le Ledger of Record est un concept qui utilise des oracles pour signer cryptographiquement des données sur des blockchains afin de prouver leur origine, aidant ainsi à établir et vérifier la provenance des informations. Un tel système permettrait de mettre fin aux “fakes news” et aux manipulations d’infos. Cela pourrait également servir de base à des systèmes de réputation qui conservent une trace de la crédibilité historique des sources de données et des analystes.

Des engagements établis sur le modèle du consensus et appliqués par la cryptographie

En validant les transactions sur leurs réseaux par le biais d’un consensus décentralisé, les blockchains suppriment l’avantage asymétrique que peuvent détenir certaines parties par leur influence ou leur taille, lors des litiges. Il n’existe pas d’administrateur de blockchain pour renflouer les dApps ou appuyer sur le bouton “annuler”. Au contraire, les blockchains remplacent les administrateurs humains par des réseaux décentralisés sécurisés par la cryptographie et un système d’incitations financières qui rendent extrêmement difficile la corruption du mécanisme de consensus ou la modification des données précédemment stockées.

Bien que les blockchains et les dApps ne soient pas totalement immuables, il n’y a pas de changement possible sans l’obtention d’un consensus social entre un très grand nombre d’utilisateurs indépendants, par opposition à la prise de décision unilatérale observée dans les applications centralisées. C’est pourquoi de nombreuses dApps sont régies par des organisations autonomes décentralisées (DAO), où ce sont les utilisateurs qui votent les changements et les évolutions futures. En fait, de nombreuses dApps ont même leur propre jeton natif, qui est utilisé par leur DAO pour décider des propositions via des votes pondérés en jetons.

L’infrastructure de la blockchain, hautement inviolable et accessible dans le monde entier, réduit donc considérablement le risque de contrepartie. De nombreuses blockchains et dApps vont même plus loin en introduisant des sanctions automatiquement appliquées à l’encontre des participants qui ont un mauvais comportement. Par exemple, les blockchains basé sur un consensus de preuve de participation (PoS) peuvent punir les validateurs qui agissent de manière malveillante en confisquant certains de leurs jetons (tokens) en guise de sanction. Les dApps peuvent également détenir le capital des utilisateurs sous séquestre et ne le distribuer qu’après vérification de certains événements.

Comme les blockchains, les réseaux d’oracle décentralisés offrent des garanties similaires et permettent au dApp d’utiliser une vérité définitive à partir d’informations qui émanent du monde extérieur... Ceci étant dit, les oracles sont plus flexibles dans la vérification des événements externes puisque certains utilisateurs peuvent choisir de faire confiance à seulement quelques sources de données, tandis que d’autres peuvent exiger une plus grande décentralisation du réseau et demanderont un bien plus grand nombre de sources. L’accord entre les utilisateurs et les oracles peut ensuite être transformé en un contrat intelligent qui fonctionne selon les modalités d’un SLA (accord de niveau de service), permettant d’éviter toute falsification et d’appliquer automatiquement les récompenses/pénalités.

Un exemple de service oracle qui fournit une vérité définitive est la fonction aléatoire vérifiable (VRF). Chainlink VRF utilise la technologie oracle pour générer des nombres aléatoires et des preuves cryptographiques hors-chaîne. Ces nombres sont ensuite délivrés sur la blockchain en utilisant un système de preuve cryptographique afin de vérifier que le nombre aléatoire n’a pas été falsifié par les oracles. Les applications de NFT et de jeu utilisent la fonction Chainlink VRF pour exécuter diverses fonctions, telles que la sélection des gagnants de NFT. Il est important de noter que les utilisateurs sont en mesure de vérifier de manière indépendante que le processus est juste et impartial, puisque même les développeurs de jeux/créateurs de NFT ne peuvent pas influencer le résultat livré par la fonction VRF.

Des processus Peer-to-Peer extrêmement efficaces

Les blockchains offrent des garanties de sécurité, de fiabilité et de précision plus élevées, et fonctionnent de manière peer-to-peer. En supprimant les intermédiaires, les délais et les coûts du service peuvent être réduits. Cela devient particulièrement évident lorsque l’on utilise, par exemple, le deuxième niveau d’Ethereum (layer 2). Il s’agit de réseaux construits au-dessus d’Ethereum qui sont optimisés pour des coûts inférieurs et un débit plus élevé, tout en tirant leur sécurité de la blockchain Ethereum, la couche de base. Avec les solutions de couche de 2ème niveau, les utilisateurs peuvent effectuer des paiements peer-to-peer de n’importe quel montant à n’importe qui dans le monde en quelques minutes et pour un coup inférieur aux frais de virement internationaux standards.

Cette qualité peer-to-peer est également évidente dans les nouvelles dApps d’assurance paramétriques telles que celles créées par Arbol et Etherisc , qui permettent à quiconque de souscrire une assurance météo et vol, la seule condition étant l’accès à une connexion Internet. Le contrat intelligent effectue le règlement une fois qu’un réseau oracle confirme le résultat d’un certain événement (préalablement assuré). Par exemple, une assurance qui vise à couvrir les récoltes agricoles et qui est exécutée automatiquement en fonction de la quantité de précipitations saisonnières dans une région particulière. Ou bien une assurance vol déterminée par l’annulation ou non d’un vol chez une compagnie aérienne. Une fois le rapport d’oracle livré, le contrat intelligent va libérer instantanément la compensation du séquestre sans avoir besoin d’approbations humaines.

Venez travailler dans l’industrie de la blockchain

Aujourd’hui, la société ne fait qu’effleurer la surface de ce qui est rendu possible en utilisant les technologies de la blockchain et des oracles. Les possibilités sont vraiment infinies et ont la capacité de rétablir la confiance dans les processus sociaux et économiques les plus fondamentaux de nos sociétés.

Si la technologie blockchain vous intéresse et que vous souhaitez commencer à travailler dans l’industrie, consultez notre guide pour comprendre comment devenir un développeur de contrats intelligents et commencer à créer et à explorer des carrières dans des organisations leaders de l’industrie comme Chainlink Labs, où il existe actuellement un large éventail de postes techniques et non techniques ouverts.

Apprendre encore plus

Si vous souhaitez vous familiariser davantage avec les technologies blockchain et oracle, nous vous encourageons à lire les nombreux articles que nous publions sur notre blog. Voici un extrait de quelques uns des articles indispensables :

Si vous voulez quelque chose de plus technique, nous vous suggérons de lire le livre blanc original de Chainlink, ainsi que le livre blanc Chainlink 2.0 et la documentation pour développeur.

Pour en savoir plus, visitez chain.link, abonnez-vous à la newsletter Chainlink et suivez Chainlink sur Twitter , YouTube et Reddit.

Cet article est une traduction de l’article original, par Hugo MIR (Chainlink Advocate) que vous pouvez retrouver sur le site Chainlink ici : https://blog.chain.link/what-crypto-is-really-about/

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