[ C L Ô T U R E ]

Lau Dos Santos
Lab Session
Published in
4 min readNov 17, 2016
photo : instagram

4 novembre 2046

Chers habitants de 2016,

Il était 9h du matin quand nous arrivions les yeux encore mi-clos et le corps engourdi près de l’embarcadère 42–10. C’était un 5 novembre 2015. Ce matin-là, nous ne savions pas encore que nous nous apprêtions à entamer le voyage d’une vie. Nous étions arrivés ici par un heureux hasard, sans attentes particulières. Une simple accroche dans la Gazette des Souhaitables avait suffit à ouvrir nos appétits : « préparez-vous à un voyage sans détour dans les futurs qui emmènera aux limites de l’existant, pour mieux les dépasser ».

Nous étions 28, d’horizons divers. 28 aventuriers animés par une furieuse envie d’agir positivement pour la société, en s’inspirant de ces hommes et ces femmes qui, partout dans le monde, sont déjà en train d’expérimenter cet Après réussi. La caravelle s’est affrétée, pour nous embarquer à bord. Alors on a fermé les yeux, inspiré. On s’est pris par la main, et on a sauté.

Direction le Nouveau Monde. C’était il y a trente ans. Et si vous lisez ces mots, c’est que nous avons survécu. Voici notre histoire.

Première partie du voyage, faut qu’on fasse preuve de sang froid et de courage. Sale réalité en pleine face, on nous présage la fin d’un monde. Ce monde, c’est le nôtre, et il est pas beau à voir.

« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » Antonio Gramsi

13 novembre 2015, Paris, le Bataclan. Dégoût, stupeur et tremblements. L’espèce humaine s’entretue, La violence mène la danse. Place à la Résistance.

Mais… Pourquoi maintenant ? Pourquoi aujourd’hui ? Alors qu’on a déjà, déréglé le climat, éradiqué des espèces en voie de disparition, rendu l’air irrespirable, et la nourriture, poison. Laissé des gens sur le bord de la route, ces gens pas comme les autres gens.

La faute à qui ? La faute à nos vies trop remplies.

On aura attendu ce point de non-retour. Vertiges, nausées, indigestion. Envie de faire demi-tour. Mais c’était marqué noir sur blanc dans la gazette des Souhaitables : “aller-simple sans détour.”

Deuxième partie du voyage, des rencontres incroyables. Des gens d’un temps d’ailleurs qui usent de leurs mains pour construire des jours meilleurs.

Dans le jardin d’Eden, Prince maraîcher-de-saison et autres happy-culteurs sèment des graines de bonheur. Ici ça sent les racines et la vie, la Terre et le bleu du ciel.

Dans le cyber-espace, Petite Poucette. Smartphone et Master Chômage en poche, cette héritière sans héritage prend sa mission à cœur : inventer un futur meilleur.

Et puis, au milieu des étourneaux, ce singe sorti de nulle part. Le 100ème il paraît. Masse critique d’Avant-Garde, on le traitait autrefois d’utopiste. Aujourd’hui il soulève les foules, et fait trembler l’assemblée.

Et quand soudain nous arrivons pour une Halte, tout semble avoir changé. En silence nous observons Mère Nature, ses forces de vie à elles, ont 3,6 milliards d’années. S’il suffisait juste de s’en inspirer ?

Chers habitants de 2016, si vous lisez ces mots, c’est qu’on a survécu. C’est aussi qu’on a fait preuve de douceur et de lenteur. Chers habitants de 2016, le trésor n’est pas loin. Rien ne sert de courir, ni de partir à point. Il est là, juste sous vos pieds.

Alors, ralentissez.

Merci à mes compagnons de route pour ce voyage en Humanité sous le signe du MOUVEMENT que nous a offert l’Institut des Futurs souhaitables, merci à Ucka Ludovic Ilolo pour cette collaboration mouvementée et merci à tous les réinventeurs qui sont venus nous partager leur expérimentations, leurs questionnements, leurs doutes et leurs succès. A nous de jouer pour construire le futur. Vers l’infini et au-delà !

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